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LOUIS-FERDINAND CELINE

 

 

BAGATELLES POUR UN MASSACRE

 

[22] (p. 231-240)

[231] de manière spécieuse, réticente... prédicante par instant... et puis empapaoutante... Ils se tiennent ces acteurs d'une drôle de façon... boutiquière... ils ont toujours l'air de vendre... On ne sait quoi... de l'amour?... des sentiments? de vanter quelque camelote?... Parbleu! Vous êtes dans un souk!... Dans un "théâtre de famille" juif... Vous êtes un intrus... Et les "Théâtres pour les Masses!" (encore plus juifs si possible que les autres théâtres) malgré tous leurs anathèmes, leurs déclamations, leurs transes, n'échappent pas à la grande règle du jour: "Théâtres pour familles juives" créés, conçus, subventionnés pour la virulente forcenée défense des intérêts mondiaux juifs: strictement! des privilégiées familles juives, de la grande famille mondiale juive (contre nous).

Pas plus de "sozial" dans toutes cette aventure que de beurre au cul! impossible!

Strictement "familiaux et juifs". ces théâtres dits populaires, communistes, d'ou tous ces terribles fiascos inéluctables, très facilement prévisibles, en Russie tout comme en France: Théâtres du Boulevard, Théâtres de Culture... même tabac!... méticuleusement!... même hantise! même mission!

Ces théâtres de famille ne peuvent vraiment intéresser que les familles juives, nos potentats négroïdes, c'est-à-dire leurs parasites, leurs putains et leurs clients, francs maçons et autres traîtres... Tout comme les spectacles si speciaux que montait dans son château de Passy, Grimaud de la Reynière, n'intéressaient que lui, sa famille, sa clique, ses putains, les autres fermiers généraux et les grands parasites des Fermes, infiniment jouisseurs, tous satrapes extravagants qui pensaient tous forcément à peu près de la même manière sur les questions essentielles et les façons de s'amuser.


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La Terre est le Paradis des Juifs. Ils ont tout. Ils peuvent tout se permettre.


Puisque nous en sommes aux Beaux-Arts, ne quittons pas ce chapitre sans parler un petit peu de l'Exposition Poly-Juive-Maçonnique 37. Je l'intitule assez bien puisque tous les grands boulots furent équitablement répartis, moitié-moitié entre Juifs et francs-maçons. L'indigène pur 100 pour 100, de la guerre dernière et de la prochaine, il a eu des clous pour ses miches, pour se les blinder, et puis le droit de passer son fric dans les tourniquets payants. Elle va fermer nous dit-on, cette exposition, c'est dommage, mais le souvenir reste, le souvenir d'une prise officielle du grand pouvoir youtre, temporel et spirituel sur toute la France et les Français, depuis le Comité des Forges jusqu'aux Instructions Publiques, depuis le moindre petit souk, jusqu'au plus vielleux "régional". Tout ça parfaitement enyoutré, autant par les architectes que par toute l'Ecole des Beaux-Arts, ce bon pavillon soviétique... et les mots d'ordre C. G.T. Toutes ces bonnes choses, bien entendu, sous l'égide de "l'Affranchissement ", de la Paix, encore plus de Paix, du Progrès Sozial, de plus de "Clarté"... de "Lumière"... de "Franchise"... de "Justice"... "d'Humanité"... de "Découvertes"... enfin de youtrerie... de Djiboukerie messianique... Je veux bien que c'était tout cuit, que les Juifs n'ont eu en France qu'à se baisser pour prendre le pouvoir... Se baisser?... que dis-je ?... se redresser seulement un peu!... Nos bourgeois aryens sont accroupis, vagissants, mille fois plus méprisables encore que les youtres les plus fétides... bien plus rampants, [233] crougnoteurs, sournois, resquilleurs, matérialisés, immobiles, rances cupides, anti-artistes, anti-lyriques, déchansonnés, mufles kératinisés parfaitement. Le plus infâme ramassis de larves en vérité qui puisse se résoudre dans les crevasses d'un aussi spongieux fumier social. Une tourbe extraordinairement abjecte de paysans anarchiques, désaxés, dépravés, débauchés jusqu'aux glaires, bouffeurs tournés boyaux, effrénés de basses prudences, délirants de tractations louches, de chiasse et de trahison... Enfin le bouquet pourri d'une décadence en torrents de purin vinasseux. Je ne puis rien imaginer de pire qu'un conseil d'administration chrétien, une "fabrique de cathédrale" par exemple d'ailleurs presque toujours soigneusement enjuivée. Les Juifs encore à la rigueur peuvent nous donner du spectacle, être marrants, nous procurer de bons moments avec leurs turlutaines racistes, leur manège incessant de martyrs, leur jactance, leurs epoustouflettes, leurs paranoïaques entreprises, leurs queues toujours en mouvement, toujours prises, reprises dans les portes, écrasées, récupérées dans les mille transes et contorsions. C'est une pitrerie perpétuelle, toute une entourloupe de djibouks, le manège des voraces coucous-- ça peut faire rire. Ils peuvent vous distraire. Tandis que nos bourgeois du sol, ils sont franchement pas regardables... ennuyeux à s'en dissoudre, dans leurs foyers "genre cimetière", leurs Salles d attente familiales. Ils ne parlent que pour mentir. Ils vendraient le soleil et la terre, et tous les innocents dessus pour s'ajouter un petit nougat, pour se préserver un coupon. Tressés les uns dans les autres ils forment le paillasson des "Loges". C'est sur leur dos que les Juifs dansent et caracolent. Ils vendraient tous leurs frères de race pour bien moins que trente deniers. Judas Dupont bien pire que l'autre.


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Je vais me permettre encore une petite remarque à propos de cette exposition 37. C'est drôle que les Juifs, toujours si "prognostiqueurs", si "oraculants" pour mieux dire, se soient comme ça, pour une fois, complètement ratatinés, déconcertés... qu'ils aient pas mieux tout prévu, l'Avenir, la grandeur du Phénomène inévitable du grand Empire Juif. C'est tout dérisoire, insipide, "postiche et moumoute" une Exposition à l'époque actuelle. C'est suranné, c'est mesquin, ça fait pour toujours 1900. Ça peut plus émouvoir personne. Le trèpe a déjà vu tout ça dans les films mirobolants, tout entendu dans la radio jacasseuse. C'était bon sous Félix Faure, "A la descente de l'Omnibus", maintenant ça fait spectacle paumé, bizarrement cracra, une foire de chef-lieu agricole. Maintenant les gens sont blasés. Ils attendent toujours plus fort. Faut leur retourner le blanc des yeux, les crever d'angoisse, les suspendre la tête en bas, leur faire respirer la Mort, pour qu'ils commencent à se divertir... C'est fini, on est surpassé, la science est devenue trop bluffeuse, du côté Barnum c'est tout cuit, ça peut plus couvrir les frais. Mais pour faire du sensationnel! pour en jeter plein la musique, que ça soye vraiment dans la mesure et à l'échelle de notre temps, gigantissime, fallait montrer des grands travaux... des vrais labeurs pharamineux, mammouthéens, des entreprises titanesques... qu'ils en rotent alors des oursins... que la langue leur en pendrait aux bizus des quatre hémisphères... des genres de super-Pyramides... des pluri-canaux [235] de la Mer Blanche... le nivellement des Hautes-Alpes... le remplissage de la Manche... enfin des choses bien monstrueuses... dont on puisse se montrer crâneurs... Pas des ébauches, des cafouillettes architectiques... non! non! Des vraies merveilles dans la Ligne... dans le plan super-orgueilleux. De pareilles super-entreprises pourraient fort bien employer des millions, des millions d'esclaves pendant des années, voire plusieurs décades!... Voici l'argument décisif... Mais à quoi riment, je vous le demande, ce pisseux grotesque ramassis de ternes, friables, venteuses! bicoques?... tout cet infiniment minable, croulant, prétentieux agglomérat de fausses splendeurs ?... Quelle confiance peuvent inspirer! quelle vénération? ces pauvres amas de carambouilles plâtreuses?... Mais c'est burlesque, voyons!.. Ce n'est pas ainsi que l'on contraint l'esclave à se jeter à genoux, tout éperdu de reconnaissance... Mais non!... Mais non! L'esclave, observez-le, redouble en ces parterres, de sarcasmes, de gouaille et de saucissonage... Ce n'est point sérieux!... Ce n'est point du tout le but, le rôle essentiel de tant de palais, de merveilles, d'attractions sur-éblouissantes! Calamiteux échec vraiment, sur tous les tableaux! Comment les Juifs, eux qui se déplacent tant et tant à travers le monde, qui n'arrêtent pas de voyager, n'ont-ils pas compris tout de suite que leur nouveau Trocadéro ferait encore, si possible, un peu plus miteux, plus ridicule que l'autre... Démolir ça suffit pas! Regardez ces deux pauvres "stucs" qu'ils ont mis en place, ne dirait-on pas deux "Caisses d'Epargne" très médiocres pour une petite banlieue de New-York ?... Puisqu'on veut nous jeter de la matière, ils ne se sont pas aperçus, les Juifs, que la plupart de tous ces édicules, chétifs pavillons, qu'ils ont mijotés tant de mois, feraient tout juste des bons petits chiots, sans flaflas, dans n'importe quel Chicago ? Puisque c'est la Tour Eiffel qu'est toujours le clou, eh bien Citroën pour l'esbrouffe il en tirait bien davantage! Il en obtenait des effets... des véritables incendies... absolument, vraiment superbes... que ceux-ci sont pas foutus... rien de comparable!... Quant à leurs feux d'artifices... Nogent-le-Routrou les ferait pâlir! On doit bien se fendre dans les campagnes!... En somme nos fantastiques khédives du Front Populaire, récapitulons, ils ont réussi qu'une seule chose, c'est de nous produire la plus sale foire, la plus toc et la plus coûteuse que le peuple aura jamais vue... Oui, c'est bien une frime sans excuse, une loupaille abracadabrante... Si nous parlons de [236] mécanique, mais leur Palais de la Découverte, il arrive pas au petit dixième de l'ancienne Galerie des Machines: C'est un berlingot truqué. Tout ça, je n'en disconviendrai, a coûté sans doute des milliards, qui ne sont pas perdus pour tout le monde, mais le peuple il est arrangé, il n'en a pas pour ses chaussures, à part l'asperge bien entendu, qui l'enfouine du Trocadéro, le supermirliton des youtres, la Bite-Blum, que c'est vraiment la seule chose, vraiment mémorable. Tout de même ça peut pas suffire pour hypnotiser l'étranger... Il fallait s'y prendre autrement, tout différemment. Je voudrais pas donner de conseils! mais enfin si c'était moi-même, j'aurais attaqué d'autor quelque gigantesque boulot. Par exemple tripler la Seine jusqu'à la mer, en large comme en profondeur... Voilà un programme qui existe! C'est des choses qui peuvent compter! Rendre la Seine super-maritime! Assez de ces "bergeries"... ces rognages de bout d'égouts, ces épissures de "collecteurs"... Qu'on en sorte sacré nom de Dieu! une bonne fois pour toutes! C'est horrible tous ces petits biefs en suints de vidanges, ces lourds dépotoirs stagnants, ces décantages pestilentiels de tout le purin de vingt provinces... A la mer! Vos péniches elles naviguent même plus, elles rampent visqueuses sur la merde .. La Seine maritimisante, c'est déjà fort beau, mais ça ne suffît pas!... Non! Non! Non . Je décréterais davantage, il faut amplifier le trafic direction la mer d'une manière très monstrueuse! léviathane! Je décréterais la construction du plus bel autostrade du monde, d'une immense ampleur alors, cinquante mètres de large, quatre voies, direction Rouen et la Manche. Vous voyez ça?... Voila ce qu' ils auraient dû penser! Ça valait un petit peu mieux que toute cette soukerie crouleuse, cette calamiteuse carambouille de bistrots et de "Je-sais-tout-tisme". Et puis encore vingt autostrades que je lancerais vers les falaises, vers les plages, vers le grand air, à partir de Rouen... J'en ouvrirais un éventail, comme on en aurait jamais vu, sur ces paysages... Ils ne demandent que ça entre le Havre et le Tréport! un éventail de vifs accès vers le bonheur, vers les poumons, vers le grand vent, vers les globules, vers la mer!... Des autobus populaires Paris-La Bleue aller et retour: 20 francs... Ça existerait comme travail et comme résultat. Ça serait plus des djiboukeries... Voilà qui aurait du son, du fond, de la couleur, de la durée, du vrai progrès! sans palais, sans toit, sans cloche! Paris, puisque nous en sommes là, est une ville qu'on ne peut plus reconstruire, [237] même plus aménager, d'une façon d'une autre. Les temps des rafistolages, des bricoles, des petites malices, des affûteries sont révolus... C'est une ville qu'a fait toute sa vie, qu'est devenue maintenant toute nuisible, mortelle pour ceux qui l'habitent. Le mieux c'est qu'elle reste croupir en retrait définitif en "touchant" musée, avec tourniquets si l'on veut, une exposition permanente, en arrière des événements, comme Aigues Mortes, Bruges ou Florence... Faut la démembrer tout à fait, lui laisser juste les parties mortes, tout le faisandé qui lui convient. Pour les humains c'est autre chose, ils peuvent pas vivre dans un cadavre... Paris jolie ville croupissante, gentiment agonique entre la noble Place des Vosges et le Musée Carnavalet... Parfait. L'agonie est un spectacle qui intéresse bien des personnes. Vieilllarde fétide qui se disloque en sussurant des choses d'Histoire... La seule banlieue possible d'une ville de quatre millions d'habitants, c'est la mer. La mer seule assez puissante, assez généreuse, pour assainir quotidiennement ce terrible infernal ramassis, cet effrayant conglomérat de pourritures organiques, inhalantes, expirantes, chiatiques, fermenteuses, fébricilantes, virulogènes. La ville la plus malsaine du monde, la plus emboîtée, la plus encastrée, infestée, confinée, irrémédiable c'est Paris! dans son carcan de collines. Un cul-de-sac pris dans un égout, tout mijotant de charognes, de millions de latrines, de torrents de mazout et pétrole bien brûlants, une gageure de pourriture, une catastrophe physiologique, préconçue, entretenue, enthousiaste. Population à partir de mai, plongée, maintenue, ligotée dans une prodigieuse cloche au gaz, littéralement à suffoquer, strangulée dans les émanations, les volutes de mille usines, de cent mille voitures en trafic... les dégagements sulfureux, stagnants de millions de chiots, absolument corrodée, minée, putréfiée jusqu'en ses derniers hémoblastes, par les plus insidieuses, les plus pernicieuses ordures aériennes... Ventilation nulle, Paris un pot d'échappement sans échappement. Buées, nuages de tous les carbures, de toutes les huiles, de toutes les pourritures jusqu'au deuxième étage de la tour Eiffel. Une cuve, asphyxiante au fond de laquelle nous rampons et crevons... Densité de pourriture vaporeuse infranchissable à tous les rayons solaires directs. La nuit, le fameux "Ouessant" lui-même avec ses 500.000.000 de bougies, sèche risible contre ce rideau de toutes les pourritures parisiennes stagnantes, parfaitement opaques. Aucune lumière ne peut percer, disperser cette bouillie. [238] Pourriture prodigieuse, surchauffée, enrichie infiniment, pendant tous les mois de l'été, par tant d'autres saloperies permanentes, exsudats organiques, résidus chimiques, électrifiés, de millions de carburations abjectes qui nous filent tout droit dans les bronches et le trésor de notre sang. A la bonne santé pour la ville lumière! Une poubelle gazeuse pour tortures imbéciles!... Salut! Les humains se traînent dans Paris. Ils ne vivent plus, c'est pas vrai!... Jamais ils n'ont leur compte humain de globules, 3 à 5 milliards au lieu de 7. Ils n'existent qu'au ralenti, en larves inquiètes Pour qu'ils sautent il faut les doper! Ils ne s'émoustillent qu'à l'alcool. Observez ces faces d'agoniques... C'est horrible à regarder... Ils semblent toujours un peu se débattre dans un suicide...

Une capitale loin de la mer c'est une sale cuve d'asphyxie, un Père-Lachaise en convulsions. C'est pas de l' "Urbanisme" qu'il nous faut!... C'est plus d'Urbanisme du tout! La banlieue faut pas l'arranger, faut la crever, la dissoudre. C'est le bourrelet d'infection, la banlieue, qu'entretient, préserve toute la pourriture de la ville. Tout le monde, toute la ville à la mer!. sur les artères de la campagne, pour se refaire du sang généreux, éparpiller dans la nature, au vent, aux embruns, toutes les hontes, les fientes de la ville. Débrider toutes ces crevasses, ces rues, toutes ces pustules, ces glandes suintantes de tous les pus, les immeubles, guérir l'humanité de son vice infect: la ville...

Quant à nos grandes industries, ces immenses empoisonneuses, toujours en train de gémir après la Seine et les transports, on pourrait bien les contenter, les combler dans leurs désirs... les répartir immédiatement sur tous les trajets d'autostrades, sur tout l'immense parcours rural. C'est par la place qui leur manquerait par catégories. Elles auraient des mille kilomètres de grands espaces de verdure pour dégager leurs infections... Ça dissout bien les poisons, des mille kilomètres d'atmosphère, le vert ça prend bien les carbones... Extirper les masses asphyxiques de leurs réduits, de leur asphalte, les "damnés de la gueule vinasseuse", les arracher du bistrot, les remettre un peu dans les prairies avec leurs écoles et leurs vaches, pour qu'ils réfléchissent un peu mieux, voir s'ils seraient un peu moins cons, les femmes un peu moins hystériques, une fois moins empoisonnés..

Les distances plus ou moins grandes, pour les boulots ou l'école, c'est pas une question. Les transports, il faut qu'ils servent... Plus [239] c'est distant mieux ca vaut... "Transports" c'est fait pour transporter... Paris souqué dans sa ceinture tient encore du genre Lutèce, le genre de l'empereur Julien. Il utilisait des chevaux pour le transporter, cet homme, qu'étaient harnachés comme des clebs, avec un collier de même, qui les étranglait au trot, c'était pas pratique. Ca serait moins long en autostrade de Paris à Rouen, que pour aller de nos jours de la Porte Montrouge à la Place Clichy... C'est ça qu'on aurait dû montrer aux étrangers! insatiables, frénétiques de sensationnel! toute une capitale de l'Europe en train de se débiner, de se faire les valises, de s'en aller par monts, par vaux, avec tout son personnel, de déménager vers les plages... Ils seraient pas venus pour rien, les touristes "tant par tête" ... Ils auraient eu de quoi causer, de se faire des réflexions pendant les longues soirées d'hiver. C'est pas difficile de comprendre que Paris est plus habitable. Regardez un peu les gens riches, ils y habitent presque plus. Quand ils y passent deux mois par an, c'est le bout du monde!... Paris manque à présent de tout, ils le savent bien les michés, tout ce qui peut permettre à l'homme une vie à peu près supportable, pas trop asthénique: l'eau claire, le vent, les poumons, les fleurs, les espaces, les jardins, les globules rouges, le silence... On a enlevé tout ça aux masses, sournoisement. C'est la plus vilaine manigance, la plus dégueulasse escroquerie qu'une administration sinistre de rapaces vendus assassins ait jamais commise, en pleine connaissance de cause.

L'Exposition c'est le comble, on pouvait pas faire plus ignoble, que ce bourbier surfaisandé de tous les résidus de camelote, de toutes les moutures d'alcool de tous les relents de l'univers... un tout à l'égout. Toute l'hystérie juive au mazout, en haut-parleurs et guignols, bistrots et saucisses, c'est ça le bouquet de notre ville, son coeur véritable...

Il ne faut plus urbaniser, il faut crever, émietter, dissoudre les villes! et Paris... pour l'exemple, d'abord!

Eparpiller ce Paris, faire avec lui, petit Poucet, jusqu'au bord des vagues. Ça me fait toujours chier énorme, quand j'entends tel fumier d'écrivain en crise d'effets dithyrambiques, journaleux dopé, chanter du "Credo" , entonner encore une fois l'Hosanna de la ville merveilleuse (ville infâme et merveilleuse). Il n'est que ces sous-fienteux, déboulinants de leurs "wagons pommes", le cul encore tout empaillé des étables du bled natal, pour s'égosiller d'enthousiasme... "Quand je foulais, en mes vingt ans, ce pavé [240] magique... le Boulevard Saint-Michel! je me sentais venir des ailes!..." Fines emblavures de fausses coliques!... Petites saloperies si oiseuses! Si vous aviez été élevés un petit peu Passage Choiseul, dessous les vitraux caloriques, si vous aviez un peu connu les soirs de tortures d'étuve, dans le fournil des gaz sulfurés, vous parlerez pas pour des riens... Vous seriez peut-être moins ardents... beaucoup moins férus, moins "bardiques" sur les délices parisiens... sur les dessous affriolants de l'incomparable capitale! Toujours la même banale raison... pour tous ces Credos dégueulasses... ces flagorneries urbanitaires... pour toutes ces jactances imbéciles: l'aveuglement! la muflerie c'est tout! C'est ça le ronron adulateur des éberlués de "leur province"... Ce n'est pas extrêmement grave que ces petits croquants déconnent, ils ont pas grande voix au chapitre. Mais où l'erreur est déplorable, c'est quand les grands Juifs se fourvoyent. C'est eux qui devraient penser à démantibuler Paris, à nous emmener tous au bon air... au grand bruit des flots... C'est ça leur terrible omission! accablante!... Sozial! Sozial!... c'est vite dit. Mais "sozial" d'abord avant tout, c'est une question d'air et de globules!

Il faut entretenir le cheptel, qu'il arrive pas mou à la guerre. Les Juifs aiment pas beaucoup la Manche, c'est entendu... le climat leur convient pas... leur genre c'est la Côte d'Azur, les Sénégalais c'est pareil. Jamais plus haut que le Vaucluse! Mais il faut bien qu'ils se contentent, Paris c'est une capitale, on peut pas l'emmener au diable!


Ce texte comporte les pages 231-240 du pamphlet de Louis-Ferdinand Céline, intitulé Bagatelles pour un massacre. Le "massacre", dans la pensée de l'auteur, est évidemment celui qu'il prévoit, en 1937, comme ce qui arriverait s'il éclatait une deuxième guerre mondiale.

Contrairement à la rumeur, les pamphlets ne sont pas interdit par des lois, des règlements ou des tribunaux. Ils n'ont pas été réédités par des maisons d'édition ayant pignon sur rue parce que l'auteur, revenu en France, voulait pouvoir vendre les livres qu'il écrivait alors pour gagner sa pitance. Cette mesure d'opportunité n'a plus lieu d'être après la disparition de l'auteur, en 1961. Personne n'a la droit de soustraire à la légitime curiosité des générations suivantes ce qui a été le noyau incandescent de la littérature française vers le milieu du vingtième siècle.

Le texte ici reproduit est celui d'une édition probablement pirate. Les détenteurs d'une éditions réellement authentique voudront bien nous signaler les éventuelles différences.

D'autres groupes de 10 pages suivront.

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