NOTES
(1) Les Lur et les Bakhtiar forment deux groupes un peu différenciés, au point de vue linguistique, des Kurdes, eux-mêmes divisés en deux dialectes principaux: kurmandji, largement majoritaire, et sorani, qui ne sont pas, chacun de leur côté, totalement unifiés. Certains voyageurs, de ce fait, ne considèrent pas les Lur ni les Bakhtiar comme Kurdes. Il semble pourtant qu'ils revendiquent généralement cette qualité.
(2) Le système de castre religieuse n'existe à proprement parler que dans la religion yézidi, le yézidisme, professé uniquement par des Kurdes (actuellement 60 à 100.000) est une religion syncrétique et dualiste, ou Satan, réhabilité, possède un culte particulier. On trouve dans son enseignement ésotérique des traces du zoroastrisme, de l'islam soufi, et des survivances d'un passé culturel mal connu, dont l'hypertrophie du folklore kurde actuel contient des éléments plus ou moins transfigurés. On attribue généralement au yézidisme une origine musulmane schismatique (Xe siècle). Voir Roger Lescot.
(3) Minorski, "Kurdistan". [Les références complètes sont données dans la bibliographie, à la fin du texte]
(4) En septembre 45, des chefs tribaux, ainsi que Qadi Mohammed, invités à Tabriz par le consul soviétique furent expédiés pour quelques jours à Bakou, où ils rencontreront Baghirov, président de la R.S.S. d'Azerbaidjian, qui promit l'aide soviétique au nouveau parti, en condamnant le Tudeh comme trublion et le Komela comme instrument de l'impérialisme britannique. En mai 56, Baghirov fut condamné à mort comme "complice de Béria".
(5) C'était le seul pays qui ne lui refusait pas l'asile. Il devait y rester jusqu'en 1958, soit pendant onze ans. Beaucoup de journalistes en ont déduit avec finesse qu'il était devenu un agent communiste. En fait, son existence n'y a pas toujours été facile. Au début, alors que les Soviétiques voulaient lui confier un rôle décoratif, il refusa de se séparer de ses quelques 600 compagnons et dut, selon certaines sources kurdes, pendant de nombreux mois, travailler dans les services de voirie de la ville de Moscou. Ensuite, il put rejoindre ses compatriotes, et jusqu'en 56, il parla fréquemment à la radio kurde de Bakou. Pratiquement, tous ses compagnons rentreront avec lui en Irak en 1958. Il a déclaré qu'à son avis très peu étaient devenus communistes. En fait, il a toujours refusé de donner des détails sur son séjour en URSS. Signalons enfin une erreur très fréquente dans la presse: Barzani n'a jamais été général de l'Armée Rouge; on ne voit d'ailleurs pas pourquoi il l'aurait été. La confusion vient sans doute du fait que les troupes de Mahabad avaient des uniformes d'origine soviétique, et d'une propagande aussi fréquente qu'absurde qui identifie Kurde et Communiste.
(6) Dès la révolution de juillet 58, les dirigeants communistes refuseront de continuer à reconnaître trois organisations kurdes de femmes de jeunes et d'étudiants, qu'ils reconnaissaient sous Nouri es-Said, à cause de la " fraternité arabo-kurde" (KF 6, p. 9).
(7) Ce changement est significatif de l'isolement dans lequel se trouvait Qassem. Néanmoins, il ne manque pas de nuances et il reflète la gêne qu'ont toujours éprouvée les communistes devant le problème kurde: "Les agents du CENTO [pacte militaire organisé par les Américains au Moyen-Orient sur le flanc sud de l'Union soviétique] et des compagnies pétrolières ont profite de la situation et, s'appuyant sur les forces armées britanniques au Koweit, ont déclenché des insurrections armées contre l'Etat irakien pour défendre les partisans de Barzani et créer un prétendu "Etat kurde". Ils font preuve d'une grande activité s'efforçant de réaliser l'ancien projet de détacher les territoires du nord de l'Irak et de les unir avec l'Iran (c'est-à-dire de les soumettre au CENTO). La tactique du PCI se fonde sur les bases suivantes: 1/ montrer et dénoncer le principal danger: "les manoeuvres des impérialistes". 2/ démasquer la politique anti-démocratique du gouvernement, en distinguant entre "l'activité des impérialistes qui prétendent défendre les Kurdes contre le gouvernement irakien, d'une part, et les actions des barzanistes qui avaient été contraints de se défendre contre les provocations armées du gouvernement irakien, de l'autre"-- 3/ "Combattre les tendances des ultra-nationalistes kurdes... Attirer l'attention du peuple kurde sur la nécessité d'une lutte commune avec le peuple arabe, étant donné que leurs intérêts nationaux font partie intégrante des intérêts du peuple irakien tout entier". Et plus loin, "le PC souligne l'importance de la lutte commune, basée sur la reconnaissance des droits nationaux des Kurdes, de leur droit à l'autonomie en premier lieu" (Saasi Ali, La nouvelle revue internationale, mars 62). L'idée d'un Kurdistan uni est complètement étrangère à cette pensée politique.