193 -- Qu'allons--nous
faire dans cette galère?, tract
recto--verso, 13 janvier 1991 (Les Balayeurs du Golfe/2)13K
Le 2 juin 1967, à la veille de la guerre des Six jours, de Gaulle déclarait:
En janvier 1991, le Premier État qui ouvrira les hostilités aura l'approbation et le soutien de la France.
Mitterrand s'est mis la tête dans le sac. A l'heure où les Américains décideront de lancer les missiles, les troupes françaises devront marcher au canon. Elles seront immédiatement placée sous commandement américain. Comme une bulle de savon au soleil du désert, le mythe de l'indépendance opérationnelle de la France crèvera sans bruit, Mitterrand réclame le soutien à nos vaillants pioupious. Comme s'il devait être automatique. En même temps, il promet que les appelés ne seront pas engagés dans le combat. Il demande notre vote ou notre silence mais il n'ose pas nous demander notre sang pour abreuver leurs sillons. Il préfère recourir à des mercenaires. Mais alors pourquoi soutenir des mercenaires?
Mitterrand s'est expliqué dans sa conférence de presse du 9 janvier.
Qu'a-t-il dit?
Mitterrand nous dit que c'est "l'intérêt de la France" qui est en jeu: "C'est l'intérêt de la France d'être partie prenante au règlement qui de toute manière suivra La France ne peut pas être absente de cette partie du monde". Mais pourquoi? En sommes-nous toujours à Napoléon III "protégeant les Chrétiens" aux échelles du Levant? Qui nous institue "partie prenante"? Quand cessera cette éternelle tentation coloniale? Qui, à part les phalangistes libanais, qui se sont vendus tour à tour à Israël et à l'Irak, souhaite que les Français se mêlent de leurs affaires? Au Moyen-Orient, personne. Depuis le partage colonial et la guerre d'Algérie, tous ces peuples sont renseignés sur notre véritable nature et n'en attendent rien de bon.
Si la France n'intervenait pas, dit Mitterrand, "elle ne pourrait pas non plus justifier sa présence permanente au conseil de sécurité". En effet, rien ne la justifie. Cette présence, il faut le rappeler, n'a été institué en 1945, que par l'effet d'une fiction. Celle d'une France qui, avec ses alliés, aurait gagné la guerre contre l'Allemagne et le Japon. Cette illusion nous fut sans doute longtemps nécessaire mais aujourd'hui plus rien ne la soutient, que le discours mégalomane de nos dirigeants. Ce mythe nous oblige à des dépenses militaires aussi énormes qu'inefficace, nous fait enfoncer les territoires d'Outre-Mer dans une dépendance toujours accrue, nous prive d'une politique sociale dont le besoin éclate de plus en plus. Ces ambitions pharaoniques nous forcent aux proclamations dérisoires, aux compétitions imaginaires, à la gesticulation commémorative, qui ont pour conséquence, dans la réalité un suivisme de toutou par rapport à l'Amérique. Dix mille hommes en Arabie, c'est juste ce qu'il faut pour cirer les bottes à 360.000 Américains.
"Allo, Mister President? Ici, Bush. N'oubliez pas le cirage". Mirage et cirage sont les deux mamelles de Mitterrand.
La France "est une des grandes puissances du monde et doit être digne de ses devoirs". Foutaises! Mégalo! Délire paranoïde Il n'y a qu'à Monaco et Andorre où l'on croit que la France est une grande puissance. Le monde serait-il plus invivable si la Mongolie ou la Patagonie siégeait à notre place au Conseil de Sécurité? Faut-il vraiment envoyer des hommes se faire étriper dans les dunes pour que quelques sémillants énarques puissent plastronner dans les couloirs de l'ONU? Ces vieillards qui nous gouvernent ont-ils besoin de sang frais parce qu'ils ont de la peine à jouir?
A la fin, Mitterrand se fait doucereusement menaçant: "Il faut donc que chacun comprenne qu'il existe un devoir international de discipline commune dans l'intérêt commun". Ainsi à cette majorité des citoyens qui ne sont pas chauds pour cette guerre, il va falloir IMPOSER UNE DISCIPLINE. On a déjà préparé la censure de la presse. Discipline, censure, bientôt dénonciation des "traîtres" et des "collabos", il nous préparent maintenant un socialisme à la prussienne. RAS ou RDA?
Mitterrand et ses satellites sont donc dans l'impossibilité totale de fournir à l'opinion la moindre raison de faire cette guerre. Notre intérêt serait principalement de continuer à siéger au Conseil de Sécurité, un douteux privilège que personne ne songe d'ailleurs à contester. Ces gens-là se prennent pour une race à part, les "zommes d'État". Ils ont besoin d'une petite guerre pour parfaire leur carrière, pour entrer dans les livres d'histoire. C'est monstrueux. Les responsables doivent être montrés du doigt. S'ils veulent la paix, qu'ils la fassent.
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