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LE PROCÈS DU SIONISME ISRAÉLIEN

par Roger Garaudy



"Restait...
à égorger les Palestiniens..."

 

Sur l'usage de cette force Randal (dans son livre: La guerre de mille ans) témoigne:

"Indéniablement, les Israéliens préféraient, aux méthodes artisanales des guerriers libanais, la technologie moderne et la puissance de feu éprouvée, les F-16, les bombes téléguidées, le phosphore blanc, les tanks, les bombes anti- personnel, et les canons de leurs navires.

Pour ce qui est de soulever le coeur, je ne connais rien de tel que le service des grands brûlés d'un hôpital; à Beyrouth, après que les artilleurs israéliens, naguère renommés pour leur précision, eurent commencé à expédier des obus sur les institutions signalées par d'énormes drapeaux marqués d'une croix rouge, y compris le quartier général du Comité international de la croix Rouge, les hôpitaux de fortune installés dans les sous-sols et les garages étaient particulièrement atroces. Les chirurgiens durent se lancer, à leur corps défendant, dans ce qu'ils baptisèrent l'amputation Begin", c'est-à-dire l'ablation de membres déchiquetés par des bombes anti-personnel et d'autres projectiles perfectionnés utilisés par les Israéliens."

Restait à égorger les Palestiniens des camps.

Le témoignage d'un témoin oculaire du siège, l'ambassadeur de France Paul-Marc Henry, est particulièrement saisissant:

"L'ordre général donné à l'armée israélienne pour leur entrée dans Beyrouth Ouest aux petites heures du matin du 15 septembre indique précisément que "nous n'entrerons pas dans les camps de réfugiés. Le ratissage et le nettoyage des camps seront effectués conjointement par les Phalanges et l'armée libanaise". Quant à l'armée libanaise elle est "autorisée à entrer n'importe où à Beyrouth selon sa demande". En fait, d'après le rapport Kahane, l'entrée des Phalanges dans les camps de réfugiés avait déjà été décidée d'un commun accord, entre le général Sharon, ministre de la Défense, et le général Drori, la veille au soir, à vingt heures trente.

Au cours de la journée du jeudi 15 l'armée israélienne avait procédé à un bouclage complet de la zone des camps, ce dont nous avons pu nous rendre compte nous-mêmes en partant de la Résidence des Pins." (Paul-Marc Henry. op. cit. p. 207.)

La très indulgente commission Kahane chargée de l'enquête sur Sabra et Chatila, attribuait le massacre à des négligences ou à l'ignorance des faits; elle demandait pourtant des sanctions contre les responsables de ce que nous sommes obligés d'appeler un crime contre l'humanité: écarter les chefs responsables: Ariel Sharon et Raphaël Eytan.

Aujourd'hui: Sharon est le principal ministre et l'élément moteur du gouvernement Netanyahou, Eytan a aussi son siège dans le ministère.

Et moi, je suis le diffamateur de cette infamie.

A l'époque, avec le Père Lelong et le Pasteur Matthiot, nous avons montré, dans Le Monde du 17 juin 1982 que l'agression du Liban était dans la logique du sionisme politique. La LICRA nous traduisit devant les tribunaux qui, à trois reprises, en instance, en appel et en cassation, la déboutèrent et la condamnèrent aux dépens.

Maintenant que reste-t-il de ces diffamations?

Celles de quelques écrivains et cinéastes, metteurs en scène des Mythes fondateurs du nationalisme israélien comme dit le professeur Ze'ev Sternhell.

Par exemple, en ce qui concerne les films, parmi les multitudes qui nous sont assénées chaque semaine, à la télévision comme dans les salles, nous retiendrons seulement les plus célèbres: Holocauste et Shoah. L'on m'a reproché d'avoir, à leur propos, parlé de navet et de Shoah-business? J'ai emprunté les deux termes à M. Vidal-Naquet.

Dans la revue Esprit d'avril 1979, parlant de Holocauste, qu'il traite dans Les assassins de la mémoire (p. 149) de "reconstitution romanesque", il a ajouté en note: "J'ai rendu compte de cette minable fiction dans "Le navet et le spectacle" (Revue Esprit, avril 1979). Il ajoute d'ailleurs (p. 28), "Le chiffre de 6 millions de juifs assassinés qui provient de Nuremberg, n'a rien de sacré ni de définitif.""

Il dénonce "ce qu'il faut bien appeler l'instrumentalisation quotidienne du grand massacre par la classe politique israélienne. Du coup le génocide juif cesse d'être une réalité historique vécue... pour devenir un instrument banal de la légitimation politique... voire une occasion de tourisme et de commerce." (o.c. p. 130)

C'est lui qui parle de Show-business dont je reprends l'expression à propos de Shoah. Déjà, en 1981(dans Yad Vachem Studies, Jérusalem n· 214) Léon Jick écrivait: "Il n'y a pas de business qui vaille la Shoah-business."

Je rappelais seulement que "Shoah", en 1985, avait reçu de Begin 850.000 dollars pour ce projet d'intérêt national. (Agence télégraphique juive du 20 juin 1986, et The Jewish Journal de New York du 27 juin 1986 p. 2).

"L'Holocauste n'est pas une marque déposée, ni un fonds de commerce!" s'exclame Alain Vidalies ("L'Holocauste, dommages et intérêts", Sud-Ouest, 23 octobre 1990).

Alain Finkelkraut écrit:

"Claude Lanzmann se considère comme le concessionnaire exclusif de l'Extermination... il a inventé une nouvelle définition de l'antisémitisme: l'antisémite, c'est celui qui ne fait pas ses dévotions au Film unique. Cette auto-idolâtrie est grotesque et dégoûtante. Si Le "Nouvel Observateur" avait eu une once de charité, il n'aurait pas ainsi donné en spectacle la déchéance d'un artiste en mamamouchi." ("Le cas Lanzmann", Le Nouvel Observateur, 31 janvier 1991, p. 118).

Tzvetan Todorov estime: "Shoah, film sur la haine, est fait avec de la haine et enseigne la haine." Face à l'extrême, Seuil 1991. p. 255.

M. Vidal-Naquet ou M. Finkelkraut sont-ils donc des diffamateurs antisémites?b) - Démasquer le Lobby sioniste

J'aurais aussi, selon mes accusateurs, diffamé non seulement des personnes mais des groupes ethniques ou confessionnels, en employant le terme de Lobby sioniste.

Avant d'employer le mot (qui n'était pas encore en circulation de son temps) le fondateur même du sionisme politique, Théodore Herzl, a donné une parfaite expression de son contenu.

Dans sa lettre à Cecil Rhodes il expose: (Diaries, p. 1193)

"Au cours de cinq congrès, il a été créé une organisation qui compte des milliers d'associations dans Le Monde entier. Les Sionistes obéissent à un même mot d'ordre (command) de la Mandchourie à l'Argentine, du Canada au Cap de Bonne Espérance et à la Nouvelle-Zélande. La plus grande concentration de nos adhérents est en Europe de l'Est. Des cinq millions de Juifs de Russie, certainement quatre millions approuvent notre programme. Nous avons des organisations dans toutes les langues civilisées. Nos exigences sont formulées de telle manière qu'aucun gouvernement ne peut aller contre, même le gouvernement de Russie. En 1898 j'ai été reçu à Jérusalem avec quatre de mes collaborateurs comme représentant du sionisme; j'ai transmis un mémorandum au Sultan."

C'est en effet dans son entrevue avec le sultan Abdul Hamid pour lui acheter la Palestine qu'il précise le rôle de son groupe de pression.

"Que le Sultan nous donne ce morceau de terre, et, en échange, nous remettons ses finances en ordre et nous influencerons l'opinion publique en sa faveur dans Le Monde entier." (8 juin 1896, T. I, p. 363).

Voilà qui précise donc les leviers essentiels du sionisme: l'argent et les médias. Il ajoute:

"Je puis influencer la presse européenne (à Londres, à Paris, à Bonn et à Vienne) pour que la question arménienne soit abordée dans un esprit plus favorable aux Turcs" (21 juin 1896, T. I, p. 387).

Lorsqu'à Paris Bernard Lazare défend les Arméniens, Herzl le lui reproche (T. III, p 1201).

C'était en effet enlever à l'entreprise sioniste l'un de ses atouts: "Il y a un autre moyen de gagner le Sultan: c'est de le soutenir dans l'affaire arménienne." (7 mai 1896, T. I, p. 346).

Herzl faisait volontiers valoir la puissance de son lobby: "En Angleterre nous avons des amis chrétiens sans nombre, dans l'Eglise comme dans la presse, et, à la chambre des communes, trente-sept députés ont promis leur appui au sionisme." (T. III, p. 1195).

Son langage au Sultan est donc clair: Vendez-moi la Palestine et je redresserai vos finances, je paierai vos dettes, et je rehausserai votre image de marque par mon pouvoir de manipuler des médias.

Cette méthode est d'application universelle de la Palestine à l'Argentine.

"J'inviterai un petit nombre d'hommes à venir me voir, en leur faisant prêter serment de garder de secret, je leur révélerai le plan." (12 juillet 1895, T. I, p. 82).

"L'expropriation volontaire sera accomplie par nos agents secrets... Nous ne vendrons qu'à des Juifs. Certes nous ne pourrons pas faire cela en déclarant non valables les autres ventes. Même si cela ne va pas à l'encontre de la justice au sens du monde moderne, notre force ne suffirait pas à passer au travers." (12 juin 1895, T. I, p. 89).

En Amérique du Sud, par exemple, "au début, avant même qu'ils sachent où nous voulons en venir, nous pourrions obtenir de grandes concessions en échange du simple espoir d'un prêt à moins de un pour cent!" (12 juin 1895, T. I, p. 92).

Après la création de l'Etat d'Israël, Théodore Herzl, eut un parfait disciple en Ben Gourion qui donna au lobby mondial sa pleine dimension politique.

Dans la Jewish News Letter du 9 janvier 1961:

"Quand un juif, en Amérique ou en Afrique du Sud, parle à ses compagnons juifs de "notre gouvernement, il entend: le gouvernement d'Israël, de même que le public juif, dans divers pays, considère l'ambassadeur d'Israël comme son propre représentant."

Au vingt-troisième congrès de l'Organisation sioniste mondiale, en l951, le premier chef de l'Etat sioniste, Ben Gourion, non seulement déclare: "Un sioniste doit venir en Israël en immigrant" mais, dans le même discours, définissant les devoirs des sionistes résidant à l'étranger, il précise que ces devoirs comportent, rappelons-le: "l'obligation collective de toutes les organisations sionistes des diverses nations d'aider l'Etat juif en toute circonstance et inconditionnellement, même si une telle attitude est en contradiction avec les autorités de leurs nations respectives." ("Tasks And Characters Of A Modern Zionist" - Jérusalem Post du 17 août 1952 et Jewish Telegraphic Agency) Même au Congrès juif mondial, des opposants protestèrent, faisant valoir que l'action d'un tel statut du mouvement sioniste mondial risquait de susciter l'antisémitisme.

Cette directive claire a été depuis lors respectée, les sionistes se rangeant inconditionnellement aux côtés d'Israël.

Par exemple:

Au moment de l'invasion du Liban, en 1982, Elie Wiesel déclarait: "Comme juif je suis totalement solidaire de ce qui se passe en Israël et ce que fait Israël il le fait en mon nom aussi." (Paroles d'étranger. 1982)

En 1990, le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, déclarait à Jérusalem au premier ministre israélien Itzhac Shamir: "Chaque juif français est un représentant d'Israël... Soyez assuré que chaque juif en France est un défenseur de ce que vous défendez." (Source: Radio israélienne du lundi 9 juillet 1990).

Ce propos fut repris par Le Monde du 12 et du 13 juillet 1990 et par le quotidien de la Communauté juive de France: Jour J, du jeudi 12 juillet 1990, où il ajoutait: "Il n'y a pas dans mon esprit la moindre idée d'une double allégeance". On eût pu en effet s'y tromper!

L'une des incriminations portées contre moi comme preuve de discrimination raciale est l'emploi de l'expression lobby sioniste ou lobby israélien. Son existence est ancienne car, sans être encore baptisée, elle possédait son statut dans la loi de la Knesset du 24 novembre 1952 sur L'Organisation sioniste mondiale qui en fait une sorte d'organe extérieur de l'Etat d'Israël.

Article 5: "L'Etat d'Israël compte sur la participation de tous les juifs et de toutes les organisations juives à l'édification de l'Etat." (Israel government yearbook, Jérusalem 1953-1954 p. 243).

Dans une nouvelle décision de la Knesset: Principes fondamentaux du programme du gouvernement. Le paragraphe 59 de cet acte législatif stipule: "En accord avec l'Organisation sioniste mondiale et la convention entre le gouvernement et l'exécutif sioniste, le Gouvernement accordera son soutien loyal au Mouvement sioniste, en soulignant ses exigences: réalisation des objectifs du sionisme contribution financière volontaire accrue, propagation de la langue hébraïque, développement du mouvement des pionniers; expansion de l'immigration et de l'installation, et afflux de capitaux vers Israël...; lutte contre toute manifestation de la tendance à l'assimilation et à la négation que les Juifs constituent un peuple."

Aux Etats-Unis ce lobby puissant est officiellement accrédité.

Dans un article intitulé: "Le poids du Lobby pro-israélien", le correspondant du Monde à Washington l'appelait "l'ambassade bis". Bien qu'il ne représente, avec ses 55.000 membres, qu'à peu près 1/100e de la communauté juive américaine de plus de cinq millions, il détient les leviers de commande du gouvernement.

FORTUNA, le magazine des affaires, vient de classer le lobby pro-israélien numéro deux au palmarès américain. Devant l'énorme centrale syndicale APL-CIO; et loin, très loin, devant tout ce que le capitalisme compte aux Etats-Unis de puissants lobbies d'affaires.

Un exemple de cette puissance: lorsque le président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, le Sénateur Fulbright, fit une enquête sur le lobby et qu'il la résuma à la chaîne de télévision CBC du 7 octobre 1973, disant: "Les Israéliens contrôlent la politique du Congrès et du Sénat", aux élections suivantes il perdit son siège de Sénateur.

En novembre 1976, Nahum Goldmann, président du Congrès juif mondial, vint à Washington voir le président, et ses conseillers, Vance et Brzezinski. Il donna à l'Administration Carter ce conseil inattendu: "briser le lobby sioniste aux Etats-Unis." (Source: Stern, New York, 24 avril 1978.)

Goldmann, qui a consacré sa vie au sionisme, considérait le lobby comme une "force destructive" et "un obstacle majeur à la paix au Moyen-Orient."

Six ans plus tard, Cyrus Vance, l'un des interlocuteurs de cette rencontre, confirme les propos de Goldmann: "Goldmann nous a suggéré de briser le lobby, mais le président et le Secrétaire d'Etat répondirent qu'ils n'en avaient pas le pouvoir." (Source: Interview de Cyrus Vance à Edward Tivnan, The Lobby. Ed. Simon and Schuster. 1987 p. 123)

En France, le général de Gaulle a seul osé déclaré "il existe en France un puissant lobby pro-Israélien exerçant notamment son influence dans les milieux d'information. Cette affirmation, à l'époque, fit scandale. Elle contient pourtant une part de vérité qui est toujours d'actualité."

(Source: Philippe Alexandre, "Le préjugé israélien", Le Parisien Libéré du 28 février 1988)

En 1990, un ancien ministre du général, aujourd'hui académicien, M. Peyrefitte, écrit, lors de la guerre contre l'Irak: "Deux puissants groupes de pression poussent les Etats-Unis au déclenchement du conflit.

1 Le "lobby Israélien" Les juifs américains jouent dans le système médiatique d'outre-Atlantique un rôle essentiel. Le compromis permanent entre le président et le Congrès amène la Maison Blanche à tenir le plus grand compte de leurs instances.

2 Le "lobby des affaires" en est venu à penser que la guerre pouvait relancer l'économie. Bienheureuse guerre qui ramènerait la prospérité en Amérique..." (Source: Alain Peyrefitte: Le Figaro du 5 novembre 1990)

"Il est difficile de surestimer l'influence politique de l'American Israeli Public Affairs Committee (A.I.P.A.C.) disposant d'un budget qui a quadruplé de 1982 à 1988 (1.600.000 dollars en 1982; 6.900.000 dollars en 1988)" (Source: Wall Street Journal du 24 juin 1987)

En France les pressions s'exercent de manières moins officielles, mais aussi efficaces.

Par exemple la presse du 30 avril 1996 (y compris L'Humanité) annonçait "Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Henri Hadjenberg, a demandé hier que la hiérarchie de l'Eglise de France prenne position sur le livre négationniste de Roger Garaudy et le soutien de plus en plus net que lui apporte l'abbé Pierre."

L'Episcopat s'incline aussitôt: M. Hadjenberg a prononcé son diktat le 29 avril. Aussitôt est publié le texte de l'épiscopat qui "déplore l'engagement de l'Abbé Pierre aux côtés de Roger Garaudy."

M. Hadjenberg se dit satisfait de la position de l'Eglise de France qui a marginalisé l'Abbé Pierre. Le même jour le bureau de la LICRA exclut l'Abbé Pierre parce qu'il "maintient son soutien à Roger Garaudy."

Mais cela ne suffisait pas à la LICRA: il fallait que l'Eglise de France demandât pardon aux sionistes pour son attitude envers les juifs sous le régime de Vichy.

Il eût été normal que, non pas l'Eglise, avec ses milliers de chrétiens qui participèrent à la Résistance et protégèrent tant de résistants et de juifs contre l'occupant hitlérien, mais que l'Episcopat se reconnut coupable d'avoir poussé les catholiques à la collaboration.

Les évêques français ont suivi l'exemple des évêques allemands qui dans leur Lettre pastorale du 24 décembre 1936, appelaient les catholiques au soutien d'Hitler, disant unanimement: "Adolf Hitler s'est rendu compte à temps de l'avalanche du bolchevisme... Les évêques allemands considèrent comme leur devoir de soutenir le chef du Reich dans cette lutte."

Le pape publia le 17 mars 1937 l'encyclique Mit Brennender Sorge, condamnant le racisme, mais ne rompit pas avec le Concordat signé avec Hitler, si bien qu'en 1940, à la conférence des évêques allemands, à Fulda, l'épiscopat allemand unanime exhorta de nouveau à soutenir le Führer dans ce "dur combat".

L'épiscopat français suivit: "Bénissons Dieu de nous avoir donné ce chef" (Pétain) disait le primat des Gaules le 20 décembre 1940, et le 24 juillet 1941, les cardinaux et archevêques (à l'exception du Cardinal Salièges, de Toulouse) publiaient une déclaration plus explicite d'appel à la collaboration: "nous encourageons nos fidèles à... collaborer sans crainte." Fort heureusement des millions de catholiques ne répondirent pas à ces appels. Dans le journal clandestin Défense de la France du 5 juillet 1943, un prêtre de France écrivait: "Dans l'ensemble le clergé des paroisses a eu, depuis trois ans, les mêmes réactions honnêtes que toute la partie saine de la population... Ce contact direct avec le peuple de France a malheureusement fait défaut aux dignitaires de l'Eglise. C'est même, dans notre pays, un drame chronique que le haut clergé vive, pense et agisse complètement séparé du peuple qu'il a mission de conduire."

Ce n'est pas seulement un drame français: en novembre 1946, dans le Cosmopolitan Magazine le cardinal américain Spellman écrivait: "le communisme est une provocation à l'adresse de tous ceux qui croient en l'Amérique et en Dieu." C'est lui qui ira dire aux troupes américaines du Vietnam: "Vous êtes les soldats de Dieu!"

Pour en revenir à la France les actuels évêques n'avaient aucun droit de "demander pardon" au nom de l'Eglise: les curés et les catholiques non-collaborateurs sont aussi l'Eglise. D'ailleurs nul, sauf la LICRA, ne leur demandait ce pardon, car tous les responsables étaient morts.

Le même lobby, en France a même le pouvoir de faire plier le président de la République sur la signification historique de Vichy.

Le général de Gaulle refusait:

1· - toute légitimité aux figurants de Vichy qu'il n'a jamais considéré comme un Etat: "J'ai proclamé l'illégitimité d'un régime qui était à la discrétion de l'ennemi." (Mémoires 1, p. 107)

"Il n'existe pas de gouvernement proprement français." (I, p. 388) "Hitler a créé Vichy." (1,389).

Or le 14 juillet 1995 sous la présidence du grand rabbin, les sionistes obtenaient du président de la République ce double démenti du général de Gaulle: sur Vichy -Etat et sur l'attitude du peuple français:

"La folie criminelle de l'occupant a été secondée par les Français et l'Etat français", reconnaissant en Vichy un Etat français et faisant du peuple de France un collaborateur.

Le lendemain le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives en France) salue avec enthousiasme cet abaissement de la France: il exprime "une immense satisfaction de voir reconnaître par la plus haute autorité française la continuité de l'Etat français entre 1940 et 1944."

2· De Gaulle n'a pas ce mépris pour le peuple de France:

"l'immense majorité du peuple français, loin d'accepter un régime imposé par la violence et la trahison voit dans l'autorité de la France Libre l'expression de ses voeux et de sa volonté." (I, p. 394)

et il ajoute la preuve:

la levée du peuple de Paris: "quatre années d'oppression n'avaient pu réduire l'âme de la capitale, la trahison n'était qu'une écume ignoble à la surface d'un corps resté sain." (III, p. 442). "Fût-ce aux pires moments notre peuple n'a jamais renoncé à lui-même." (III, p. 194)

Si Vichy était un Etat légitime, de Gaulle était un déserteur (comme le nommait Vichy) et nous, les Résistants, tous des traîtres et des terroristes.

Enfin, si le mot lobby est injurieux je m'étonne que, dans Le guide du judaïsme français, publié par des personnalités telles que Mme Orlanda Hajdenberg, l'on trouve cette expression à la page 74:

"Le Renouveau juif, fondé en 1971 par Henri Hajdenberg, voulut implanter en France le système lobby..."

La lecture de ce guide nous offre des révélations suggestives sur l'orientation de ce lobby.

En voici quelques extraits:

P. 80 "Les juifs de France sont, dans leur immense majorité, des inconditionnels d'Israël. Chaque parti politique Israélien a des succursales en France."

P. 150: "En attaquant Israël, on attaque ce qui fait la raison d'être des juifs en France."

P. 91: "Plusieurs organisations juives, nées en Amérique, sont représentées en France... Créé en 1906 par de richissimes juifs allemands installés aux U.S.A, l'American Jewish Commitee..."

P. 92: "De longues années durant le "Joint" tint financièrement à bout de bras les judaïcités occidentales et apporta une aide financière..."

P. 74: "Bénéficiant de l'appui de certaines personnalités Israéliennes, notamment d'Avi Primor et composé pour l'essentiel de militants ashkénazes... Le "Renouveau juif" a, en quelques années, conquis une audience considérable."

p. 82: "Cela dit l'ensemble de ces organismes ne pourraient vivre sans le concours financier de l'Agence juive émanation de l'organisation sioniste mondiale.

Quant à l'ambassade d'Israël elle n'est pas insensible à l'évolution interne de la Communauté...

Toutefois certaines expériences récentes montrent que les institutions juives, si elles entendent bénéficier d'un appui humain et financier de l'Etat d'Israël, tiennent avant tout à leur indépendance." (!) (le point d'exclamation est de moi (R.G.))

p. 62: "Les sommes collectées par l'AJUIF sont partagées, de manière inégale entre l'Etat d'Israël et la communauté juive de France.

Elles permirent au "Fonds social juif unifié" d'accroître son emprise sur la quasi totalité des institutions juives de France."

P. 74: "Les prochaines échéances politiques verront-elles une nouvelle manifestation politique du judaïsme français? La question demeure en suspens mais certains partis politiques n'ont pas attendu pour créer des filières en milieu juif, que ce soit "Judaïsme et liberté" pour le RPR ou "Socialisme et judaïsme" pour le Parti socialiste."

Je pense que ces textes n'appellent aucun commentaire. Tout y est: l'aveu de l'existence du lobby, de son financement étranger, de l'infiltration dans tous les partis, du vote juif, sauf l'aveu que ce lobby tout puissant dans les rouages de la société et surtout du pouvoir (politique ou médiatique) ne représente pas un dixième des juifs de France comme le reconnaît Théo Klein.

Les juifs de France dans leur immense majorité ne sont ni représentés par ces gens, ni responsables de leurs vilenies. Le drame, c'est que la place occupée par cette oligarchie risque de susciter, par ses gesticulations, une vague d'antisémitisme contre laquelle nous avons à lutter.

En tout cas le fait de parler de Lobby Sioniste rend coupable de diffamation, Les diffamateurs antisémites sont nombreux et souvent éminents, après que Herzl et Ben Gourion en ont défini le contenu, mes précurseurs comptent parmi eux depuis M. Nahum Goldmann, président du Congrès juif mondial, le général de Gaulle, M. Alain Peyrefitte et jusqu'à M. Hajdenberg, voilà beaucoup de monde visé par le verdict qui m'a frappé.


***


 


Chapitre II -
Qui minimise les crimes d'Hitler?

(Ceux qui les situent dans l'histoire juive? ou ceux qui les situent dans l'histoire universelle?)


Note préliminaire

Avant d'aborder, aussi succinctement que possible, l'examen des chiffres, je tiens à souligner, une fois de plus - ce que mes accusateurs ont feint de ne pas entendre et que j'ai pourtant répété à maintes reprises dans mon livre: Il ne s'agit pas d'une comptabilité macabre... n'y eut-il qu'un seul innocent, Juif ou non-Juif massacré; c'était déjà un crime contre l'humanité.

J'ai insisté sur ce point pour deux raisons:

1· - Si le nombre des victimes, un million ou dix millions, n'enlève et n'ajoute rien à l'énormité du crime (pour le bourreau sinon pour les victimes), alors pourquoi veut-on sacraliser l'un de ces chiffres, six millions?

2· - Ce que je conteste ce n'est pas tel ou tel chiffre (je m'en remets, pour cela, aux spécialistes et ne fais que répéter leurs évaluations, celles par exemple de Reitlinger ou de Hilberg parmi les plus fiables) et je proteste seulement contre les exploitations politiques des chiffres tabous.

1) - Note sur l'exemplarité du Tribunal de Nuremberg

L'on m'accuse de minimiser les crimes d'Hitler;

Etrange accusation de la part de gens qui ne rappellent jamais que cette guerre a fait cinquante millions de morts et qui minimisent ainsi les crimes d'Hitler.

Déjà Mme Annah Arendt écrivait: "Pour l'accusation tout cela n'était que le pogrom le plus atroce de l'histoire juive." (Eichman à Jérusalem p. 431)

Peut-être pensent-ils comme Begin à propos des massacres de Sabra et Chatila: "Des non-juifs ont tué des non-juifs; en quoi cela nous concerne-t-il?", et qu'il n'existe pas d'histoire universelle dans laquelle tous les hommes sont impliqués et responsables.

Ainsi les sionistes ont-ils parlé du plus grand génocide de l'histoire, ce qui est vrai de l'histoire juive mais, hélas! non de l'histoire universelle qui, semble-t-il, n'a pas d'importance pour eux.

Il est significatif pourtant que même à Nuremberg il n'en fut pas ainsi "sur 115 pages de l'exposé général des crimes, constate Maître Varaut dans son livre sur: Le procès de Nuremberg (p. 379) sept pages seulement étaient consacrées à la persécution des juifs."

La plus profonde analyse du procès, faite par le grand juriste Donnedieu de Vabre, qui fut juge au procès de Nuremberg, et dont nous évoquerons, plus loin, le Cours magistral qu'il fit à ce sujet à la Faculté de droit de Paris, va dans le même sens.

Encore le nombre des victimes juives a-t-il été délibérément gonflé par les médias depuis cinquante ans. Le témoignage de Reitlinger, dans l'impressionnante synthèse qu'il fit dans son livre La solution finale, dès 1953, apporte un témoignage précieux. Il écrit page 459 dans son livre:

"La plus haute de mes estimations est encore loin des six millions qui ont été si largement acceptés. Cette différence d'un million et demi... a été ajoutée sans rapport avec la réalité des faits."

A la page 500, il ajoute: "Si l'on fait l'analyse de ces destructions l'on trouve que plus d'un tiers des juifs manquant en Europe mourut non pas de violences physiques directes mais de travail forcé, de maladies, de faim, d'absence de soins... Auschwitz, en dépit de son immense signification symbolique, a constitué moins d'un cinquième du nombre des victimes."

"Le monde, écrit-il (p. 480) est devenu méfiant sur les rectifications de chiffres et celui de 4 millions (pour Auschwitz) est devenu ridicule: l'arithmétique russe a occulté le fait têtu et indubitable que moins d'un million d'êtres humains ont péri à Auschwitz."

Les recherches ultérieures de la communauté scientifique en particulier, celles de Poliakov, d'Hilberg, de Bedarrida, de Pressac, ont apporté une confirmation à la prudence de Reitlinger, et à la fragilité du chiffre tabou des six millions.

M. Poliakov, dans son Bréviaire de la haine (p. 383) écrit:

"Nous ne croyons pas nous tromper en avançant que c'est le Tribunal international des grands criminels de guerre qui est à son origine, et qui lui donna une diffusion si grande. On trouve, en effet, à la page 266 de son jugement, cette phrase: "Adolf Eichmann, que Hitler avait chargé du programme d'extermination, a estimé que cette politique avait causé la mort de six millions de Juifs, dont quatre millions périrent dans camps d'extermination. " La source de cette information n'est pas indiquée, mais si on se rapporte au procès-verbal des débats, on constate que le tribunal s'est basé sur deux témoignages de seconde main, ceux des SS Wilhelm Hoettl et Dieter Wisliceny, qui tous deux assuraient tenir ce chiffre d'Eichmann. Il serait donc possible d'objecter qu'un chiffre si imparfaitement étayé doit être considéré comme sujet à caution.

M.Poliakov, qui fut expert français à la délégation française de Nuremberg, note dans son Bréviaire de la haine sur le chiffre total des victimes juives:

"La grande majorité des publications consacrées à la dernière guerre, lorsqu'elles traitent des persécutions raciales, indiquent le chiffre de six millions de Juifs exterminés par les Nazis. Cependant, ce total, qu'on retrouve dans un grand nombre de publications parues dans les pays les plus divers, est généralement avancé sans éléments de preuve ni statistiques à l'appui. D'où provient-il donc et quelle foi peut-on lui ajouter?"

Il nous donne l'explication à la page 388.

Comment donc peut-il arriver à six millions?

S'il est vrai, en employant la méthode préconisée par M. Poliakov et qu'a appliqué Raoul Hilberg, auquel se réfère Bedarrida, que le Tribunal de Nuremberg... soutenait que la politique d'extermination avait causé la mort de 6 millions de Juifs dont quatre millions dans les camps, si l'on retranche, par exemple pour Auschwitz, 3 millions sur quatre, comment peut-on arriver à 6 millions sinon en affirmant que 6 -- 3 = 6, même sans tenir compte des révisions en baisse pour les autres camps?

M. Poliakov, nous donne la clé de cette difficile opération:

"La deuxième méthode appliquée par les spécialistes de la démographie juive, et, en particulier, par l'économiste et statisticien de New-York, M. Jacob Lestchinsky, consistait à comparer les données respectives sur la population juive des différents pays européens avant la guerre et après la guerre. C'est de cette manière que certaines organisations juives internationales, sont arrivées, dès 1945, au chiffre, toujours le même, de 6 millions.

On voit donc que faute de pouvoir établir un bilan statistique très précis, on peut accepter définitivement ce chiffre comme le plus probable, même si ses éléments constitutifs peuvent être parfois sujets à caution."

Ainsi donc le chiffre de six millions avait été obtenu par le Congrès juif mondial simplement en comparant "les données respectives sur la population juive des différents pays européens avant la guerre et après la guerre", c'est-à-dire sans tenir compte des émigrations!

Voilà donc l'origine du dogme et de la sacralisation du nombre d'or.

Y eut-il dix-sept millions de morts en Russie ou vingt millions comme le prétendent les Soviétiques? 70.000 communistes français fusillés comme le prétend leur Parti ou 35.000 comme le dit le général de Gaulle dans ses Mémoires? Soixante millions de morts pendant la guerre ou cinquante millions comme l'affirme le pape? Tout cela peut se discuter, mais pas les six millions consacrés par la presse, les manuels scolaires, ou les encyclopédies.

Il ne s'agit pas ici, comme je l'ai répété à plusieurs reprises dans mon livre, de se livrer à une "comptabilité macabre" (p. 159 de mon livre). J'ajoute même, à deux reprises (p. 159 et 247) "L'assassinat d'un seul innocent qu'il soit juif ou qu'il ne le soit pas, constitue déjà un crime contre l'humanité."

Car le centre de la question n'est pas là: le crime n'est ni moindre ni plus grand que l'on ait assassiné 9 millions de juifs comme il est dit dans le beau film d'Alain Resnais: Nuit et brouillard, ou un seul.

Ce que je dénonce dans mon livre c'est l'exploitation politique et financière de tous les mythes amplificateurs, qu'il s'agisse d'une donation, signée Dieu, d'une terre à un seul peuple aux dépens de tous les autres, ou d'une manipulation arithmétique qui ne servit pas seulement à indemniser les victimes (ce qui était juste) mais, comme le reconnaissait Nahum Goldmann à créer les infrastructures de l'Etat d'Israël. (Autobiographie, p. 286)

Ce qui est une atteinte à mon honneur c'est de m'attribuer une négation de ces crimes contre l'humanité. Mon livre ne cesse de dénoncer "le dessein monstrueux d'Hitler" (p. 62 et 251), sa sauvagerie (p. 97); ses "crimes immenses n'ont besoin d'aucun mensonge pour révéler leur atrocité." (p. 135). Ayant décrit "les conditions horribles qui firent des dizaines de milliers de victimes.", je conclus "Tel fut le martyrologue des déportés juifs et slaves et la férocité des maîtres hitlériens les traitant en esclaves n'ayant même pas valeur humaine." (p. 257)

J'ajoute: "Ces crimes ne peuvent être sous-estimés ni les souffrances indicibles des victimes." (p. 257)

"Sans aucun doute les juifs ont été l'une des cibles préférées d'Hitler en raison de sa théorie raciste de la supériorité de la race aryenne." (p. 152)

J'ai toujours considéré que l'antisémitisme était un crime justement puni par la loi et je demande seulement à la justice de réparer la diffamation de la LICRA à mon égard, comme le fit la cour de Cassation en 1987, avant l'infamie de la Loi Gayssot.

La cour de Cassation, après notre analyse de l'agression du Liban déclare sur l'accusation de diffamation.

"Attendu que, par l'exploit susvisé, la LICRA a poursuivi les mêmes prévenus du chef de diffamation à caractère ethnique, national, racial ou religieux, reprochant à ces prévenus, sous ladite qualification, le passage suivant: "Est, en effet, considéré comme juif à Tel Aviv comme à Nuremberg, quiconque est né d'une mère juive. La postérité d'Abraham est ainsi définie, d'une manière raciste, non par la communauté de la foi, mais par la continuité du sang";

"Attendu qu'à juste titre, la cour d'appel a constaté que ce passage, quelle que fût l'appréciation qu'il portait sur la règle qu'il prétendait décrire, n'imputait pas à un groupe de personnes un fait qui portât atteinte à son honneur ou à sa considération; que, dès lors, abstraction faite de tous autres motifs, l'arrêt attaqué a décidé à bon droit que cet écrit, seul retenu par la citation comme constitutif du délit prévu par l'alinéa 2 de l'article 32 de la loi du 29 juillet 1881, ne caractérisait pas ladite infraction;

D'où il suit que le moyen doit être écarté;

Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme:

Rejette le pourvoi

Condamne la demanderesse aux dépens."

Aujourd'hui avec la politique de guerre de Netanyahou, héritier spirituel d'Itzac Shamir et de Begin à la tête du Likoud, il apparaît avec clarté, deux ans après le premier verdict, que mon seul tort est d'avoir eu raison avant d'autres qui reconnaissent aujourd'hui les exactions des dirigeants israéliens.

La minimisation des crimes d'Hitler découlerait-elle comme on m'en accuse, de la critique des procédures de Nuremberg qui ne tombe nullement sous le coup de la loi scélérate concernant seulement ceux qui "auront contesté... l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du Tribunal militaire international annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945."

Ce qui n'est en aucune manière mon cas.

Sur ce point je m'en tiendrai surtout à ce que disait à ce sujet le grand juriste Donnedieu de Vabres, l'un des juges français à Nuremberg, dans le cours magistral qu'il fit à la Faculté de droit de Paris sur Le tribunal de Nuremberg.

Le professeur Donnedieu de Vabres rappelle la signification de ce procès, donnée fort clairement par son président, le procureur général des Etats-Unis, Robert E. Jackson, à l'audience du 6 juillet 1946 "Les alliés se trouvent encore techniquement en état de guerre avec l'Allemagne... en tant que tribunal militaire, ce tribunal représente une continuation des efforts de guerre des alliés." Comme dernière expression des actes de guerre sanctionnant la victoire, le professeur Donnedieu de Vabres ne conteste pas son utilité. Il souligne seulement qu'il s'agit d'un Tribunal d'exception.

Mme Annah Arendt dira Tribunal des vainqueurs et ajoutera "la façon dont on justifie couramment la compétence, en la matière, du Tribunal militaire de Nuremberg, n'a rien de très recommandable."

Donnedieu de Vabres note qu'il ne s'agit pas d'un Tribunal international mais "plus exactement d'un Tribunal interallié" (p. 96) que ce procès est un procès politique (p. XIII) et son statut une loi de circonstance (p. 90). Que le procès a été mené selon des "règles de procédure" qui ne correspondent pas au droit français mais anglo-saxon (p. X): par exemple, souligne-t-il (p. 154): "les plaidoiries précèdent le réquisitoire... l'inverse est suivi en France."

Ce qui, évidemment, en limite l'exemplarité juridique et exclut d'en faire un critère de la vérité historique.

Le statut de ce tribunal est en effet celui-ci:

"- Article 19: le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l'administration des preuves. Il adoptera et appliquera autant que possible une procédure rapide (la version anglaise dit: "expeditive") et non formaliste, et admettra tout moyen qu'il estimera avoir une valeur probante.

- Article 21: le Tribunal n'exigera pas que soit apportée la preuve des faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis. Il considère également comme preuves authentiques les documents et rapports officiels des gouvernements des Alliés."

Ce qui explique le flou de la définition du crime contre l'humanité. Donnedieu de Vabres nous dit: "La Charte avait fait entrer par la petite porte une nouvelle espèce de crime; le "crime contre l'humanité" et ce crime s'envola par la même porte lorsque le tribunal prononça son jugement."

Cité par Hannah Arendt (Le procès de Jérusalem) (p. 416)

Seul, en effet, Julius Streicher, auteur des lois antisémites de Nuremberg, fut condamné et exécuté pour ce crime contre l'humanité.

Le professeur Donnedieu de Vabres souligne les caractères suivants de la procédure:

a) - Le refus du "tu quoque"

1· - Interdiction d'invoquer le Tu quoque; c'est-à-dire d'invoquer les crimes de guerre des alliés, leurs crimes contre la paix et contre l'humanité.

Notons par exemple que les statuts ont été datés le 8 août 1945, c'est-à-dire deux jours après Hiroshima (6 avril) et la veille de Nagasaki (9 avril) alors que, comme le souligne M. Paul Marie de la Gorce dans son livre: 39-45 une guerre inconnue (p. 532-533), aucune de ces actions n'avaient une utilité militaire puisque la décision de capitulation avait déjà été prise par l'Empereur du Japon et que le décodeur anglais Magic avait déjà déchiffré les intentions japonaises. Il s'agissait donc d'un authentique crime contre l'humanité.

L'on comprend dès lors que l'argument du Tu quoque fut interdit.

D'autant plus qu'il ne s'agissait déjà pas d'un fait isolé:

Le 10 mars 1945, le général Eisenhower avait signé un ordre créant un statut des prisonniers allemands, celui des Forces ennemies désarmées, par lequel ils ne sont plus prisonniers de guerre, c'est-à-dire protégés par la convention de Genève qui exigeait notamment que les prisonniers de guerre reçoivent la même ration alimentaire que les soldats. Il y a alors quatre millions de prisonniers en Allemagne. Les convois de vivres du Comité international de la Croix-Rouge sont empêchés de les ravitailler, l'armée américaine refoulant ces trains de vivres dès juin 1945, puis en août 1945, malgré les protestations du général Robert Little John signalant au Haut commandement que des milliers de captifs sont en train de mourir de faim. Le général Patton écrivit alors à Eisenhower, lui reprochant d'appliquer aux soldats allemands "pratiquement les méthodes de la Gestapo." (Source: James Bacque. "J'en ai assez de tous les mensonges que l'on répand." (7 mai 1995)

Déjà le 13 février 1945, alors que Dresde n'était plus un objectif militaire en raison de l'avance des armées soviétiques, et ne comptait plus que des réfugiés et des civils, sur ordre de Churchill elle fut détruite par l'aviation anglo-américaine utilisant des bombes au phosphore qui incendièrent la ville entière et firent plus de victimes qu'Hiroshima. De 135000 à 250000 morts carbonisés en une seule nuit. L'un des plus terribles crimes contre l'humanité (R.H.S Crossman dans New Statesman du 3 mai 1963, cité dans Le Nouvel Observateur du 7 mars 1996).

b) - Le refus d'examiner les causes historiques de l'ascension d'Hitler

De même, dit encore M. Donnedieu De Vabres, "toute discussion est interdite concernant la légitimité du traité de Versailles." (p. 191). Clause d'autant plus étrange que l'ascension au pouvoir d'Hitler par l'obtention d'une majorité électorale montre combien sa démagogie sanglante avait pénétré l'opinion. Elle était essentiellement due à la situation désespérée créée à l'Allemagne par ce Traité. Le célèbre économiste Lord Keynes, écrivait dans son livre Les conséquences économiques de la paix: "si nous cherchons délibérément à appauvrir l'Europe centrale, j'ose prédire que la vengeance sera terrible: d'ici vingt ans nous aurons une guerre qui, quel que soit le vainqueur, détruira la civilisation.".

J'ai donné dans mon livre (p. 93) les statistiques montrant le parallélisme des montées du chômage en Allemagne et de la montée du Parti nazi aux élections.

D'où ce dialogue du 5 juillet 1946, au Tribunal de Nuremberg, entre le Docteur Seidl, avocat de Rudolf Hess et le président.

"Dr Seidl: Monsieur le Président, je ne peux pas laisser le tribunal dans l'incertitude sur le fait que le Traité de Versailles et les conséquences qu'il a entraînées sont en rapport étroit avec la prise du pouvoir par le national-socialisme. Ce fut l'une des conséquences du Traité de Versailles, et ma plaidoirie porte en partie sur ce sujet; il serait pour moi...

Le président: Dr Seidl, je vous ai déjà dit que le tribunal ne vous entendra pas parler du Traité de Versailles.

Dr Seidl: Si donc, lors des élections du Reichstag du 14 septembre 1930, le parti national-socialiste a remporté une grande victoire électorale et n'a pas eu moins de cent sept députés dans le Retchstag, ce n'est pas, en dernier lieu, une conséquence de la crise économique d'alors, de l'immense chômage, du règlement, contre toute raison économique, des réparations par le Traité de Versailles et, du refus des puissances victorieuses, malgré les avertissements les plus pressants, de bien vouloir réviser ce traité. Il était parfaitement exact...

Le président: La justice ou l'injustice du Traité de Versailles n'ont rien à voir avec les guerres d'agression allemande."

Et il coupa la parole à l'avocat. (T.M.I. tome XVII, page 562) cité par Hannah Arendt (op. cit., pages 72-73)


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Ce texte est extrait du livre de Roger Garaudy intitulé Le Procès du sionisme. Il reproduit le système de défense de l'auteur dans son procès en appel à la suite de sa condamnation en janvier 1998 pour la publication d'un autre ouvrage, Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, Paris, 1e éd., La Vieille Taupe, 1995, 2e éd., samizdat Roger Garaudy, 1996. Il est affiché entre la première et la deuxième séance de la 11e Chambre de la Cour d'appel de Paris. Il est édité par les éditions Vent du Large et sera prochainement en librairie (ISBN : 2-912341-20-5).

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