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LE PROCÈS DU SIONISME ISRAÉLIEN

par Roger Garaudy

 

Deux correspondants du Davar ont rapporté, (19 avril 1996) les impressions du colonel Ruby, qui supervisait du haut d'une colline le pilonnage des villages avoisinants, et se sentait "Comme Zeus sur le mont Olympe; distribuant la foudre autour de lui!" (Davar, 19 avril 1996)

Le massacre de Cana n'est pas une bavure mais un crime contre l'humanité, commandé par les plus hauts dirigeants de l'Etat d'Israël, et exécuté avec joie par la hiérarchie militaire.

"Nous avons tué ces gens, à cause de la discrimination détestable que nous faisons entre l'importance sacro-sainte de notre vie, et celle très limitée que nous accordons à celle des autres." (Ari Shavit, dans Haaretz traduit par Libération du 21 mai 1996)

La justification rabbinique de ce principe de la guerre totale: le journal Haaretz, du 24 mars 1995, rapporte une discussion à laquelle participaient deux rabbins (notamment le rabbin Aviner, l'un des plus influents de la R.O.), un professeur de l'université juive Bar-Ilan et un magistrat, à propos d'un article du rabbin Elba sur Ce que dit la loi religieuse juive du meurtre de gentils par des juifs.

Le rabbin Aviner affirma que la thèse de l'auteur, pour qui "un délit commis contre un Juif est toujours plus grave que le même délit commis contre un non Juif, est conforme à l'enseignement de la Thora."

Q La loi religieuse évoque-t-elle, et en quels termes le cas où elle serait en contradiction avec celle de l'Etat.

R Elle dit que la loi religieuse doit prévaloir sur toute loi humaine. Elle peut légitimer la loi de l'Etat si elle la juge conforme au Talmud. S'il y a contradiction, c'est la loi talmudique qui doit l'emporter.

Q- L'auteur déclare qu'en temps de guerre, il est recommandé de tuer tous les gens du camp adverse, y compris les femmes et les enfants, bien qu'ils ne représentent aucune menace immédiate de peur qu'ils ne deviennent par la suite complice des autres...

R- C'est le principe de La guerre totale, qui oppose un peuple à un autre. Dans ce cas, si un Juif a pitié de son ennemi, les autres Juifs le paieront, plus tard, de leur vie."

Le même article souligne que, lors des obsèques de Hoss, assistant du fameux rabbin Levinger de Hébron tué par les Palestiniens on plaça son cercueil à côté de la tombe de Goldstein, avant de chanter le psaume 94 (Le Seigneur est le Dieu de la vengeance).

Comme un journaliste du Jérusalem Post demandait au rabbin Ginsburg la raison de ce geste, il répondit: " Peut-être que cela réveillera l'esprit de vengeance des juifs! "

Cette intoxication se poursuit au niveau des médias et de l'imagerie populaire: en janvier 1983, l'Etat d'Israël, après les massacres du Liban, a émis une série de 3 timbres "pour commémorer Josué." Le premier est consacré au passage du Jourdain. L'auteur de l'article consacré, à Tel Aviv, à cette émission, Sigismond Goren, commente: "Voilà qui rappelle la "méthode d'action directe" appliquée par les forces Israéliennes contemporaines entre autres au Sinaï en 1956, et sur trois fronts en 1967, mais innovée il y a 3300 ans déjà par leur ancêtre biblique, puisque les Hébreux contournèrent le pays de Canaan pour attaquer par l'Est..."

Sur le second, consacré à la prise de Jéricho, M. Goren rappelle l'extermination sacrée des habitants, épargnant seulement "Rahab, la prostituée, parce qu'elle avait accueilli et abrité ses émissaires secrets."

Sur le troisième: Josué arrêtant le soleil pour terminer la bataille de Gabaon contre cinq rois cananéens, "dont, selon le livre, les rois de Jérusalem et d'Hébron"; l'auteur rappelle: "Les cinq monarques furent capturés... puis Josué les fit mourir et leurs cadavres furent suspendus à cinq arbres". M. Goren conclut: "Israël aujourd'hui doit affronter un ennemi non moins dangereux que les rois cananéens du passé."

C'est ainsi que se fabriquent les Ygal Amir, assassin de Rabin, et les Baruch Goldstein, massacreur d'Hébron, l'un et l'autre assassins de droit divin.

Cet article illustré de Sigismond Goren de Tel Aviv a paru dans le Journal de Genève du 23 janvier 1983. Le voici portant ce titre évocateur "Josué: aïeul d'Ariel Sharon".

Deux exemples de cette pénétration en France.

Nous apprenons par Le Monde du 19 avril 1997, qu'une documentaliste du lycée Edmond Rostand de St Jean l'Aumône, avec le soutien de la LICRA et de ses satellites, avaient fait retirer de la bibliothèque une cinquantaine de livres considérés comme "Dangereusement révisionnistes et xénophobes et faisant l'apologie des crimes de guerre" (Le Monde du 2-3 mars 1997)

Furent ainsi exclus de la bibliothèque du lycée:

Joseph de Maistre (mort en 1821),

Maurice Barrès (mort en 1923),

MM Alain Peyrefitte, ancien ministre du général de Gaulle,

Jean-François Deniau, qui vient de présider la commission de réforme des cours d'assises,

Marc Fumaroli et Jean-François Revel, de l'Académie Française,

L'historien André Castelot et Jean Tulard, autorité reconnue dans les études napoléoniennes.

"C'est devenu un procédé courant, écrit J.-F. Revel, de précipiter dans le nazisme ou le révisionnisme, tout individu dont on veut salir la réputation." (Le Point, 28 novembre 1997).

Et M. Claude Durand, directeur des Ed. Fayard et Stock commente: "on se prononce sur des livres et des auteurs qu'on n'a jamais pris la peine de lire parce qu'on préfère la dénonciation et l'exécution sommaire à l'inconfort de l'étude et du débat."1

Et ceci nous ramène aux réponses qui ont été faites à mon propre livre et à mon procès.

Je ne reviens pas sur le lynchage médiatique de journalistes dont presque aucun ne l'avait lu et qui m'ont injurié. sans jamais apporter un texte de réfutation, mais sur l'attitude des hommes de main du Bétar-Tagar qui a revendiqué son agression, par un communiqué à l'Agence France Presse: six personnes frappées ont porté plainte et deux journalistes ont été portés à l'Hôpital.

M. le ministre de l'Intérieur a, m'a-t-il informé personnellement par lettre, engagé des poursuites... apparemment sans suite, contre le Bétar dont deux membres avaient été arrêtés à la suite d'une autre agression, mais, semble-t-il, lorsqu'il s'agit de moi, ils jouissent de l'impunité, puisque les gendarmes présents devant le Palais de Justice où avait lieu l'agression ne sont pas intervenus (sans doute par un ordre dont j'ignore l'origine) et qu'aucune poursuite engagée n'a abouti à une sanction.

Ce ne sont là que des incidents, mais révélateurs, par les livres retirés parce que classés, comme en 1941, dans une nouvelle liste Otto, et par des violences impunies, du retour d'un esprit néo-nazi!

Une fois de plus nous avons défendu l'humanité de l'homme avant qu'il ne soit trop tard.

Je le dis au nom de tous ceux qui se sont levés avant le jour: le 14 septembre 1940 je fus arrêté et déporté pour 3 ans.


***


CONCLUSION

 

Qui est coupable?


Celui qui commet le crime?


Celui qui le démasque?


- Celui qui veut étouffer cette protestation et qui se fait ainsi complice?

 

Depuis ma comparution devant le Tribunal de Grande Instance un grand nombre d'événements ont surgi qui éclairent d'un jour nouveau les analyses de mon livre: Les mythes fondateurs de la politique israélienne, et qui permettent de juger très différemment les critiques que je formulais alors. Et d'abord l'élection de M. Netanyahou en mai 1996, élection que Mme Marie-Claire Mendès France, veuve de notre premier ministre, caractérisait ainsi dans France-Soir du 2 octobre 1996: "Benjamin Netanyahou est un irresponsable et un fasciste."

Le 15 novembre 1996 la Cour suprême d'Israël légalisait la torture2

.

La LICRA s'est tue.

Le 17 octobre 1996 le gouvernement d'Israël inaugure une route percée sur des territoires arabes expropriés pour l'occupant. Le communiqué officiel dit: "La route 60 est à la disposition de la population israélienne et des forces de sécurité seulement."

Le 18 décembre 1996 M. Alain Finkelkraut dit son indignation dans Le Monde sous le titre: "Israël, la catastrophe". Il écrit: "Avec la victoire de Netanyahou, le langage de l'apartheid sortait de la clandestinité... Pour le dire plus crûment encore il y a aujourd'hui des fascistes juifs... Voilà pourquoi on est fondé à parler de catastrophe spirituelle... Ces cow-boys à mitraillette et à kipa n'accepteront pas sans broncher un transfert de souveraineté réelle sur la Cisjordanie... Il faut souffrir de cette inaptitude à sortir de soi que l'on appelle racisme pour ne pas se mettre à la place des Palestiniens. La solidarité avec Israël changerait de nature si elle acceptait sans coup férir, que le dernier mot revienne aux cow-boys à mitraillette et à kipa."

Sans coup férir, la LICRA s'est tue.

En juin 1997, un manuscrit posthume de Moshe Dayan, que nous avons cité, authentifié par sa propre fille, députée à la Knesset, révèle que le Golan syrien a été envahi et annexé non pour des raisons de sécurité, mais par une série de provocations agressives, pour assouvir les exigences des colons israéliens qui convoitaient les terres syriennes.

L'opinion mondiale - y compris des militants juifs - proteste contre cette politique de barbarie. Pour ne citer que quelques exemples de militants juifs indignés: le juriste israélien Claude Klein: "La société israélienne ne doit plus se construire autour de la guerre." (Le Monde du 14 juillet 1997).

Devant cette révélation de la lettre de Moshe Dayan sur les mensonges de la guerre pour la survie invoquée lors de la guerre des 6 jours, une fois encore, la LICRA s'est tue.

Un article du Yediot Aharonot du 4 octobre 1996, nous apprend que le milliardaire américain Irving Moscowitz est le patron de Netanyahou dont il a financé la campagne électorale.

"Il est, dit un journal israélien, le plus grand financier des colons de Judée-Samarie et il est devenu légendaire dans les milieux juifs de droite pour son efficacité dans l'acquisition de maisons arabes. Selon des estimations sérieuses, il a investi ces dix dernières années des dizaines de millions de dollars dans cette forme d'activité, en Judée Samarie et dans le quartier arabe de la vieille ville de Jérusalem, par l'intermédiaire de l'association "Ateret cohanim"."

Deux instituts israéliens de défense des droits de l'homme (Betselem et Ha Moked) dénoncent cette politique "d'expulsion silencieuse des Palestiniens de Jérusalem - et qu'ils qualifient de "nettoyage ethnique"."

Le journaliste Amnon Kapeliouk se fait l'écho de cet écoeurement dans Le Monde diplomatique de mai 1997. Il ajoute: "Terrorisme: le chef du Likoud n'a que ce mot à la bouche. A l'en croire les manifestations des jeunes palestiniens jetant des pierres sont des actes terroristes... Comment est-il né, ce terrorisme? Qui l'alimente?"

Il apporte cette information: après l'attentat du 21 mars, 55 % des personnes sondées déclarent soutenir, comme par le passé, les accords d'Oslo. Selon un autre sondage, pour la première fois une majorité absolue d'Israéliens juifs (51,3 %) approuve la création d'un Etat palestinien. (Yediot Aharonot du 3 avril 1997).

Dénonçant les provocations de Netanyahou qui alimentent ce terrorisme l'un des plus grands écrivains israéliens Izhar Smilanski, lauréat du Prix Israël, écrit à propos de cette colonisation: "Bar Homa est également un acte terroriste déguisé en loi. Sinon comment appeler un acte qui vole le terrain sur lequel on vit." (Yediot Aharonot du 6 avril 1997)

Le 13 août 1997 dans le journal Le Monde un article signé de Jacques Derogy (Jacob Weitzman) et des historiens Daniel Lindenblag et Pierre Vidal-Naquet, font cette mise au point sur l'opinion des juifs de France.

"On parle en effet en leur nom. Ainsi, selon M. Haïm Musicant, directeur du CRIF, voix politique officiellement représentative, relayée par Salomon Malka, dans un article de la revue juive belge "Regards" du 6 mai 1997: "Par rapport à Jérusalem, l'immense majorité des juifs de France estime que les Israéliens sont dans leur droit en construisant à Bar Homa une nouvelle colonie."

La gravité de l'affirmation est telle, étant donné ses enjeux (paix ou guerre au Proche-Orient), qu'elle nous a paru constituer, pour les juifs de France, une manière de défi. Elle signifierait en effet que l'opinion juive de France aurait fait son deuil du processus de paix, lequel reposait sur l'échange de la paix contre la terre. Les sentiments des six cent cinquante mille juifs de France sont certes divers, mais qu'en est-il au juste?

Aux yeux d'un connaisseur aussi expert de l'opinion juive que M. Théo Klein, ancien président du CRIF, il faut bien distinguer l'ensemble des juifs de France (six cent cinquante mille personnes environ) de la minorité organisée (de soixante à cent mille personnes, plus ou moins liées aux associations composant le CRIF). Il ne fait pas de doute, selon lui, qu'une large majorité des premiers placent toujours leurs espoirs dans la poursuite du processus de paix...

Mais en outre, parmi les militants organisés, seule une minorité agissante s'oppose aux accords d'Oslo. Si les autres n'osent pas s'exprimer, c'est parce qu'ils sont bridés, estime-t-il, par leur tradition "légitimiste" de soutien sans faille du gouvernement israélien en place. Un " légitimisme" sur lequel jouent de plus en plus les ultra-sionistes de la communauté, en particulier, ceux du Likoud-France."

Dans Le Monde du 28 novembre 1996, après avoir condamné "une guerre de conquête d'un nouvel Etat juif d'essence théocratique" après avoir évoqué "les meurtriers de droit divin" comme Baruch Goldstein ou Ygal Amir, il poursuit: "Ce mal court sous la veille des séminaristes armés du fascisme rabbinique."

Et il conclut: "Non! pas un sou pour le "plan de Bibi" façon Sharon. Plus un sou pour le "Grand Israël", cette impossible chimère qui met en péril la paix et la démocratie."

Le 15 octobre 1997, Madame Leah Rabin, à la télévision française, montrait comment les intégristes ont assassiné son mari, le président Rabin.

La fille du général Peled, sous le titre "Bibi, qu'as-tu fait?" rappelant que sa propre fille avait été tuée dans l'attentat palestinien du 4 septembre 1997, écrivait dans Le Monde diplomatique d'octobre 199?: "Je considère son gouvernement comme coupable, indirectement, de la mort de ma fille... Sa politique est une provocation permanente contre le peuple palestinien."

Là encore la LICRA s'est tue.

Le Monde du 12 mai 1998 publiait un appel d'une soixantaine de personnalités sous le titre: "Appel à la diaspora et aux amis d'Israël pour sauver la paix".

"L'appel condamnait la politique du gouvernement israélien faite de mépris, de mensonge, de provocation... Elle conduit à un isolement croissant d'Israël sur la scène internationale et menace gravement l'avenir du pays... Israël ne peut éternellement tourner le dos au monde extérieur... ni un gouvernement continuer à infliger aux Palestiniens une occupation militaire doublée d'une asphyxie économique... Le projet sioniste ne pourra maintenir sa légitimité qu'en s'engageant résolument dans la voie de la reconnaissance mutuelle et du partage de la terre entre deux peuples, israélien et palestinien."

L'appel est signé par des prix Nobel, notamment François Jacob, Paul Berg, Edmond Fisher, Frédéric Sanger, Rita Levi Montabini, Claude Simon, des membres de l'Institut, dont Henri Cartan, Alex Kahn, Evry Shatzman, du Collège de France, de la vie académique tels Jacques Derrida, Pierre Nora, Pierre Vidal-Naquet, des artistes comme Peter Brook ou Yehudi Menuhin.

L'appel n'a pas été entendu par la LICRA. Elle s'est tue!

Dans l'hebdomadaire Marianne du 15 au 22 juin 1998 Rony Brauman, ex-président de Médecin sans frontières tire la conclusion de ces silences sous le titre: "A-t-on le droit de critiquer Israël?"

Rendant compte du livre de Danielle Sallenave: Carnets de route en Palestine occupée, il conclut elle pose un regard précieux sur une réalité - la vie en Palestine - rejetée dans l'ombre par les mythes fondateurs israéliens.

Alors, peut-on croire de Mme Mendès-France, du professeur Leibowitz, Alain Finkelkraut, Izhar Smilanski, Pierre Vidal Naquet, Mme Peled et Mme Rabin, et tant d'autres que nous avons évoqués, et qui parlent un langage plus dur que le mien sur la politique israélienne qu'ils sont des diffamateurs antisémites comme certains m'accusent d'être?

Là encore la LICRA n'a pas entendu leur appel. Elle s'est tue!

Ma critique de la politique israélienne et de l'idéologie sioniste qui l'inspire, a soulevé la colère des sionistes, c'est-à-dire de ceux qui veulent faire croire à l'identité du judaïsme et du sionisme.

Tous ont voulu instrumentaliser la religion, l'admirable foi abrahamique des prophètes, pour justifier leur politique découlant entièrement du nationalisme et du colonialisme européen qui n'avait rien à voir avec la foi juive. Le résultat fut de remplacer le Dieu d'Israël par l'Etat d'Israël; comme les hébreux, en l'absence de Moïse, adoraient le Veau d'Or à la place de Dieu.

Le régime israélien, depuis 50 ans est fondé sur cette contradiction: Théocratie ou Démocratie. Le professeur Baruch Kimmerling a démontré dans un article du journal Haaretz du 27 décembre 1996 que le régime politique d'Israël n'était (c'est le titre de l'article): "Ni démocratique ni juif", que les Israéliens les plus conscients, à la suite de leurs historiens, parlent de plus en plus de Post-sionisme conscients de la contradiction interne du système. C'est exactement la thèse que je défends dans Les mythes fondateurs de la politique israélienne, qui commence par "Ce livre est l'histoire d'une hérésie!"

Aujourd'hui, beaucoup plus que lors du premier procès, les choses sont claires. La LICRA attaquant mon livre visant exclusivement, comme son titre l'indique, la politique israélienne et la logique de ses fondements idéologiques, pourra-t-elle me dire si mes avertissements concernant les dangers de guerre dont cette politique pourrait être le détonateur, plus encore qu'au temps où j'ai écrit ce livre après lecture du Choc des civilisations de Samuel Huntington, sont infirmées ou dangereusement confirmées par la politique de colonisation de M. Netanyahou, sa violation des accords d'Oslo auxquels avait souscrit son Etat, toutes actions qui sont dans la logique de la doctrine du fondateur du sionisme, Théodore Herzl, et en font un précurseur de Huntington.

Cette mise au point et cette mise à jour me paraissent indispensables pour ne pas rabaisser le niveau du débat et pour ne pas en esquiver l'enjeu historique: Dialogue des cultures ou Bréviaire de la haine, c'est-à-dire, non pas examen critique du passé, qui est affaire d'historiens, mais préparation commune et fraternelle d'un avenir de paix.

Un tel procès, je le dis sans animosité pour ceux qui l'ont provoqué, ne peut faire abstraction de cet enjeu vital: La guerre ou la paix dans Le Monde.

Je défie quiconque de trouver dans mon livre une seule expression où le mot Juif soit employé dans un sens péjoratif.

Par contre, comme l'écrivait M. Paul Berthoud, ancien directeur au secrétariat des Nations Unies, dans La Tribune de Genève du 27 juillet 1997:

"On ne peut que constater aujourd'hui la dérive intégriste du sionisme, à savoir sa revendication territoriale de droit divin sur l'ensemble de la Palestine de 1947." L'amalgame entre anti-sionisme et anti-sémitisme est alimenté et délibérément entretenu depuis cinquante ans tant par Israël que par la diaspora, et il a conduit à une abdication généralisée à dénoncer la perversion du projet sioniste par crainte d'être accusé d'antisémitisme.

Dans la mesure où la diaspora Juive se veut indissolublement solidaire d'un Etat d'Israël qui poursuit une politique d'hégémonie et de suppression de la nation palestinienne, elle est visée collatéralement par les critiques formulées à l'égard de cette politique. Taxer ces critiques d'anti-sémitisme est une démarche malhonnête au service d'une cause -- l'oblitération d'une nation que le peuple juif devrait être le dernier à cautionner et qui est moralement aussi condamnable que le serait l'oblitération de l'Etat d'Israël."

C'est pourquoi ma défense contre la double accusation: diffamation de personnes et de groupes en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse et de minimisation les crimes d'Hitler, exigeaient de ma part une dénonciation des méfaits du sionisme plus radicale encore en raison de plus redoutables dérives d'Israël et du silence de la LICRA devant les nouveaux crimes d'apartheid, de légalisation de la torture, de colonisation en cours et de provocations accrues.

Et cela, non pas par esprit de discrimination raciale ou ethnique ce qui eût été en contradiction avec la pensée et l'action de ma vie au service d'un dialogue des cultures et des civilisations.

Mon objectif était de surmonter les obstacles à une relation pacifique, au Proche Orient et dans Le Monde, que mettent la politique israélienne et ses vassaux, et de poursuivre nos efforts, avec nos frères juifs, comme avec tous les amis de la paix dans la voie proposée par le général de Gaulle le 27 novembre 1967 et qui reste étonnamment actuelle.

Le général de Gaulle disait alors:

"La voix de la France n'a pas été entendue. Israël ayant attaqué, en six jours de combat, des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant, il organise, sur les territoires qu'il a pris, l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s'y manifeste contre lui une résistance qu'à sont tour il qualifie de terrorisme.

A moins que les Nations Unies ne déchirent elles-mêmes leur propre charte, un règlement doit avoir pour base l'évacuation des territoires et la reconnaissance réciproque de chacun des Etats en cause par tous les autres. Jérusalem devrait recevoir un statut international."

C'est à cette seule solution de sagesse que s'oppose la politique israélienne de plus en plus dominée par ce que Derogy appelait "le fascisme rabbinique."

Déjà, au lendemain du crime contre l'humanité commis à Cana, où, par représailles contre l'exécution, par un résistant, d'un soldat israélien de l'armée d'occupation, fut ordonné le bombardement et la mort de plus de cent civils, comme autrefois le maréchal Von Keitel exigeait l'exécution (comme à Châteaubriand) de cent communistes pour chaque soldat allemand tué par la résistance.

Nous sommes ici aux antipodes de la grande tradition universaliste des prophètes juifs.

L'Abbé Pierre me donnait, lors du procès, ce conseil: "A mon sens tu devrais commencer par définir le sionisme, et il ne resterait plus rien de l'accusation inadmissible d'antisémitisme" que les adversaires prétendent t'attribuer."

Ce que certains attendant de vous, Messieurs les Juges, c'est de cautionner par une décision Judiciaire le lynchage des médias contre mon indéfectible ami et frère l'Abbé Pierre, d'imposer le silence sur la politique de guerre d'Israël, et d'encourager les milices du Bétar qui ont agressé les journalistes et envoyé deux d'entre eux à l'hôpital lors du prononcé du premier jugement.

Alors, je vous le demande: qui est coupable? celui qui commet le crime ou celui qui le dénonce? Celui qui cherche la vérité ou celui qui cherche à la bâillonner?

Ce qui nourrit l'antisémitisme, ce n'est pas de dénoncer les crimes d'une politique, c'est de les commettre. C'est pourquoi, comme disait le Père Lelong, lors du procès de 1982, "notre lutte contre le sionisme fait partie intégrante de notre lutte contre l'antisémitisme."

La démonstration ayant été faite que la Loi Gayssot n'est nullement applicable à mon cas, nous nous retrouvons devant la situation antérieure à la promulgation de cette Loi, lorsqu'en 1982, avec le père Lelong et le pasteur Matthiot, avec l'approbation de Jacques Fauvet, alors directeur du Monde, nous avons démontré que l'invasion du Liban était dans la logique de la politique sioniste du gouvernement israélien.

La cour de Cassation confirmait le jugement de la première instance et de l'appel.

"Considérant qu'il s'agit de la critique licite de la politique d'un Etat et de l'idéologie qui l'inspire, et non de provocation raciale... déboute la LICRA de toutes ses demandes et la condamne aux dépens."

Je demande seulement que soit confirmée cette décision, de la Cour de Cassation puisque nous sommes ramenés, par le développement même, de la politique israélienne, au problème précèdent.

Voici d'ailleurs, la lettre en ce sens de mon ami Yehudi Menuhin; puisqu'il n'est pas d'usage, en appel, de témoigner personnellement, il m'a prié de vous la remettre dans le texte qu'il a lui-même rédigé en français.

****

Notes bibliographiques

(N. B) J'ai pu alléger la partie historique dont j'ai été obligé de traiter dans Les mythes fondateurs de la politique israélienne et dans Le procès de la liberté, grâce d'abord:

- aux ouvrages fondamentaux de Bernard Lazare et Martin Buber jusqu'à ceux du rabbin Moshé Menuhin et d'Ilan Greilsammer, dans la dernière période.

- aux travaux des travaux des nouveaux historiens israéliens qui ont commencé à déconstruire les mythes que la propagande sioniste a substitué jusqu'ici à l'histoire réelle.

Parmi les oeuvres de ces historiens accessibles en français ou en anglais (et, parmi eux des sionistes qui, malgré leurs positions, refusent de travestir la réalité historique), l'on peut vérifier nos thèses dans les ouvrages suivants:

Voici quelques-uns des ouvrages auxquels je me suis référé pour les parties historiques de mon livre:

1)- Bernard Lazare: L'antisémitisme (1894) réédité par Michel Albin.

2)- Martin Buber: Israel and the World. Ed. Schoken Books. N.Y.1948.

3)- rabbin Emmanuel Levyne: Judaïsme contre Sionisme. Ed. Cujas. Paris 1969.

4)- Maxime Rodinson: Peuple juif ou problème juif. Ed. Maspero 1981.

5)- Israel Shahak: Le racisme de l'Etat d'Israël. Paris 1975.

6)- Lenni Brenner: Zionism in the Age of the Dictators. Ed. Laurence Hill and Cy. USA 1983.

7)- rabbin Moshé Schonfeld: The Holocaust Victims Accuse. Netura Karteï. Brooklyn 1977.

8)- Maurice Rajsfus: Des juifs dans la collaboration. Ed. Albin Michel 1978.

9.- Cheryl Rubenberg: Israel and the American National Interest. Ed. University of Illinois.

10)- Stephen Issacs: Jews and American Politics. Ed. Doubleday. 1974.

11)- rabbin Moshé Menuhin: The Decadence of Judaism. 1969.

12)- Yehuda Bauer: Juifs à vendre. Ed. Liana Levi. Paris 1996.

13)- Dominique Vidal: Le péché originel d'Israël. (Sur les travaux de Benny Morris). Ed. de l'Atelier. 1997.

14)- Finkelstein and Ruth Bettina Birn: A Nation on Trial. (Sur la débilité historique du livre de Goldhagen: Les bourreaux volontaires d'Hitler.)

15)- Ilan Greilsammer: La nouvelle histoire d'Israël. Ed. Gallimard. Paris 1998.

16)- Tom Segev: Le septième million. Ed. Liana Levi. Paris 1993.

17)- Israel Shahak: Open secrets: Israeli Nuclear and Foreign Policy. Ed. Pluto Press. London-Chicago. 1997.

+++++++++++++++++++++++++++++++++

- Note 6: Dont le compte rendu élogieux est fait dans Le Monde Diplomatique de mars 1998 par M. Yehuda Lancry, vice président de la Knesset et ancien ambassadeur d'Israël en France.
  • - Notes - Parce que la foi juive universaliste des prophètes empêchait de cautionner une politique nationaliste.



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Ce texte est extrait du livre de Roger Garaudy intitulé Le Procès du sionisme. Il reproduit le système de défense de l'auteur dans son procès en appel à la suite de sa condamnation en janvier 1998 pour la publication d'un autre ouvrage, Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, Paris, 1e éd., La Vieille Taupe, 1995, 2e éd., samizdat Roger Garaudy, 1996. Il est affiché entre la première et la deuxième séance de la 11e Chambre de la Cour d'appel de Paris. Il est édité par les éditions Vent du Large et sera prochainement en librairie (ISBN : 2-912341-20-5).

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