Sahar2 : En tant que philosophe français, quel regard portez vous sur les acquis de la Révolution islamique et sur les pressions extérieur qu´elle a subi ? Pierre Dortiguier: Nous pouvons reprendre l’opinion d’un de nos compatriotes philosophes Michel Foucauld. En 1978 déjà, il remarquait que nous avions affaire avec la Révolution islamique d’Iran « au soulèvement d’un peuple tout entier ». C’est-à-dire que cette Révolution est marquée par deux faits qui expliquent tous ses acquis matériels et spirituels. À savoir l’unité et l’enthousiasme. C’est l’unité d’un peuple autour de son gouvernement. Mais c’est aussi l’unité de deux facteurs que le Père de la Révolution a singulièrement unifiés en ce siècle, à savoir la politique et la religion. C’est parce qu’il y a une interpénétration des deux, que justement cette unité est devenue plus métaphysiquement et philosophiquement l’unité de la société, de la volonté populaire, vers une volonté première qui est la volonté divine. Mais pas une volonté divine abstraite. C’est une volonté divine qui se manifeste par la justice et qui est sensible aux peuples. Car ceux qui jugent le mieux cette révolution islamique ne sont pas tant les intellectuels à l’étranger, mais les peuples qui souffrent de l’injustice. C’est pour cela que cette Révolution atteint à des rivages très éloignés du domaine iranien, comme par exemple la République vénézuelienne, l’Amérique du Sud dans son ensemble, la Bolivie, l’Afrique de l’Est, l’Afrique de l’Ouest, ce qui est en effet un trésor actif. Je crois que l’actif de la révolution islamique est justement sa capacité d’être contagieuse. C’est-à-dire qu’elle est un exemple, un modèle à la fois pour son propre peuple et modèle universel . Je crois qu’il ne peut pas y avoir d’universalité sans l’union de l’homme avec Dieu. Et je crois que c’est ce qui fait la valeur de la Révolution islamique d´Iran, antithèse de la Révolution Française qui, elle, a pris le chemin inverse et sombre dans un marais de l’individualisme et malheureusement, comme vous le voyez, dans les derniers déchets d’aujourd’hui, en soutien du sionisme.
Sahar2 : Malgré le droit évident et légitime reconnu à toutes les nations de se développer dans différents domaines, quels sont, selon vous les vrais motifs de toutes ces campagnes contre l’Iran et sa révolution islamique ? Pierre Dortiguier: Naturellement cette légitimité qui fait appel au bon sens et qui devrait être reconnue se heurte à un obstacle qui est politique. C’est un obstacle qui n’est pas rationnel. C ‘est une campagne qui vient d’une volonté d’un groupe déterminé, qui est évidemment la tentative du groupe sioniste de posséder, de diriger, de manipuler l’opinion internationale et qui est privilégié parce qu’il abuse par le mensonge de l’opinion publique. Ce lobby fait craindre à l’opinion publique des fantômes imaginaires. Et c’est justement cette puissance du mensonge qui est la seule ressource diabolique, comme vous le savez et le seul obstacle que rencontre la République islamique d’Iran indépendamment évidemment du flux et du reflux de la vie ordinaire. Vous savez, il n’y a pas que le soleil, la lune également agit sur les marées! Donc ces difficultés que peut connaître la révolution islamique d’Iran, les succès qu’il peut connaître sont ceux de tous les peuples, mais il y a une offense à la raison, une offense au bon sens et un injure, disons, qui est faite à ce pays et à ce grand peuple, et cette injure est celle justement de ceux qui ont intérêt à extirper un pays qui offre un modèle de développement, un pays justement qui réussit, si la Révolution iranienne n’avait pas réussi, elle n’aurait pas d’adversaire.
Sahar2 : Donc d’après vous, la raison de toutes ces hostilités, c’est le succès permanent de la Révolution islamique ? Pierre Dortiguier: En effet, c’est le succès permanent, mais surtout son succès potentiel. Les deux guerres mondiales que nous avons connues au XXième siècle ont eu pour but d’écraser justement la tentative d’émancipation des peuples en Europe et en Asie. La dissolution de l’Empire ottoman, par exemple, faisait partie de cette croisade. Or aujourd’hui l’Iran par des ressources matérielles, par des ressources intellectuelles et par la troisième ressource intimement liée qui est la ressource religieuse, justement permet de montrer qu’il y a une solution à tous les problèmes que les peuples se posent, problèmes externes et internes. Vous savez « le problème de l’Islam comme force politique », avait dit Michel Foucauld, est « un problème essentiel pour notre époque ». Je le cite dans le Nouvel Observateur de Novembre 1978. Il dit ceci - je tiens à le dire en tant que philosophe -: « la première condition requise pour l’aborder avec intelligence, c’est de ne pas y mettre de la haine. » Or aujourd’hui, le mensonge vient de la haine et la haine de ceux qui savent que leurs jours sont comptés. Cette campagne déguisée en "lutte contre l’armement atomique de l’Iran", cache en fait le vrai armement atomique et haineux de l’Etat sioniste. C’est ce qu’il faut dire, il faut avoir le courage de le dire et de le répéter.
Sahar2 : Vous avez suivi les propos de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République Française, hier devant les ambassadeurs francais. Il a pris position contre l’Iran alors qu l´on sait que il y a à peine un ou deux mois que la Lybie et la France ont signé des accords sur les coopérations nucléaires. Comment peut-on justifier cela ? Pierre Dortiguier: Je crois qu´on peut opposer à cette attitude de M. Sarkozy la culture française elle-même et ce que disait un de nos grands écrivains du 17ème siècle, Bossuet, dans son traité posthume, De la Connaissance de Dieu et de soi-même (chapitre 1er,§16), que: « le plus grand dérèglement de l’esprit, c’ est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet ». M. Sarkozy sait très bien que l’équipement nucléaire d’un pays est nécessaire et il l’a reconnu à la Libye, au Pakistan, on le reconnaît à tous les pays sauf à l´Iran! Ceci parce que - contrairement à ce que disent superficiellement certains journalistes, ce n’est pas M. Sarkozy tel qu’on le caricature faussement comme « Sarko l’Américain », c’est Sarko le sioniste, c’est là la grande différence: il dirige pour son groupe sioniste, il calomnie ceux qui sont les patriotes au nom de son groupe et il finira comme son groupe, c’est-à-dire, il finira par un Jugement dernier qui sera le jugement des nations.
Sahar2 : Et quel est le sens des propos de M. Sarközy quand il a dit qu´être allié ne signifie pas être aligné? Pierre Dortiguier: M.Sarkozy, lorsqu’il parle de son "amitié" avec les Etats-Unis, il veut dire que c’est la relation non pas d’un ami à un ami, mais d’un amant à une amant. En réalité, M.Sarkozy veut mettre les Français devant le fait accompli. Il a fait la rupture avec la politique inaugurée en 1967 par le général De Gaulle. C’est une rupture avec la France profonde ! Je dirais que c’est un sacrilège, si on considère que la patrie est un dépôt sacré qui est donné par Dieu. Je crois que là-dessus M. Sarkozy aura des comptes à rendre, non seulement devant l’Histoire, mais au Jugement dernier. Entretien accordé à la radio francophone iranienne le 28 août 2007 sur les propos de M. Sarkozy envers l’Iran. IRIB: Au cours de son discours devant les ambassadeurs français le chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a affirmé le fait que l’Iran doit respecter ses obligations dans le domaine du nucléaire pour en fait échapper à une alternative que le Président français qualifie de « catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran » . Comment analysez-vous, en fait, cette prise de position du Président français à l’égard de l’Iran et de son programme nucléaire ? Pierre Dortiguier: Chaque observateur est d’accord ici pour reconnaître que ces déclarations de M.Sarkozy signifient un alignement de fait sur les positions des Etats-Unis, lesquelles consistent à donner corps à leurs menaces , à leur agression contre l’Iran qui est projetée depuis la victoire de la Révolution iranienne ; que cette menace,disons, s’accompagne bien sûr d’une représentation terrifiante de l’Iran ; je crois que M.Sarkozy a effectivement donné corps à ces menaces américaines , car ce que retient l’opinion publique ici qui n’est pas informée de la nature des choses, parce que les mass-médias sont au service justement de cette politique américano-sioniste, c’est que l’Iran est présenté comme voulant à tout prix avoir un armement atomique, mais en même temps on ne dit pas qu’il existe, non pas un projet qu’on peut toujours suspecter pour quelque pays que ce soit, mais une réalité de la menace atomique qui est celle de l’Etat sioniste et qui a été dénoncée par M. Mordechai Vanunu qui était technicien, qui travaillait à Démona dans le Néguev, dans les années 80-85. M.Sarkozy, en réalité, en politique étrangère comme en politique intérieure, joue sur des impressions ; lorsqu’il a parlé en de l’alternative que vous citez, en effet, de l’alternative catastrophique, la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran, il prépare, en fait, le paysage de l’agression américaine, c’est-à-dire il attise dans son discours, ce qu’il faut retenir, c’est que l’armement de l’Iran ou le projet d’armement de l’Iran à supposer qu’ puisse lui concéder, qu’il s’agisse d’un projet vise l ‘existence de l’Etat sioniste, l’existence d’Israël, mais il s’éloigne, et non seulement il s’éloigne mais il est à contrepied de ce que le général De Gaulle disait autrefois à savoir que l’existence de l’Etat sioniste est fondée sur une injustice ; il prend l’existence de l’Etat sioniste comme un absolu ; naturellement quand vous voyez les choses d’un point absolu, tout le reste s’éteint, y compris le droit des peuples à disposer de leur technique atomique ; disons qu’il s’agit là d’une sorte d’atmosphère que cultive M.Sarkozy, atmosphère qui fait de lui bien sûr, disons, un représentant, un avocat d’affaire américain.
IRIB: Ne pensez-vous pas que le Président Sarkozy pourrait envisager une autre alternative :aider au règlement négocié de l’affaire nucléaire iranienne ? Pierre Dortiguier: Bien sûr, c’est pour cela que son attitude n’est pas du tout raisonnable, du point de vue des intérêts français eux-mêmes.Il y a une branche de l’alternative en effet qui est celle de la négociation qui permet d’éclaircir tous les soupçons justifiés que l’on puisse avoir. Il est normal que des pays aient des suspicions réciproques, mais la négociation et la diplomatie sont précisément là pour pouvoir mettre les choses au point : la délégation conduite par le diplomate finlandais, M.Olli Heinonnen qui est allée en Iran, ainsi que les déclarations tout à fait optimistes de M.Baradeï qu’il n’y a aucun point effectivement obscur des relations entre l’Iran et l’AIEA . Donc, on peut dire, c’est une hypothèse, mais enfin qui est très malheureuse pour nous autres Français : est-ce que au moment où les les Américains seraient donc isolés devant la réalité des faits, faut-il que nous venions à leur secours ? M.Sarkozy dit qu’il aime les films américains- Qu’est-ce que c’est, ? est-ce un secours de la cavalerie sarkozyste au bénéfice de M. Bush qui se trouve ainsi isolé dans son propre pays ? On dit que les Anglais veulent se retirer, par exemple d’Irak, que les Anglais n’aiment pas la politique que suit M. Bush, en tout domaine diplomatique ; est-ce que nous allons nous substituer à l’allié traditionnel ? Ce sont des questions qui inquiètent les Français. Je crois que les Français commencent d’être inquiets ; ils ne seront réellement, disons, hostiles au programme de M. Sarkozy que lorsqu’ils auront justement tiré les conséquences,.la seule chose qui les en empêche, c’est justement le pouvoir et l’obscurité qu’entretiennent les mass medias sur la nature de la situation de l’Iran, la nature de ses négociations et ainsi de suite. |
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Sarkozy, cent jours
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