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 Pierre Dortiguier:
Sarkozy, cent jours après
Entretien du 28 août 2007 diffusé par la chaîne de la télévision iranienne Sahar2
 Sahar :  Les cent premiers jours de la présidence de M.Sarkozy s’achèvent. Quel bilan politique national et international tirez-vous de ses premiers pas, relativement à ses engagements électoraux  qui lui ont valu son succès ?

 Pierre Dortiguier :  Le nouveau Président est demeuré, tel un éternel candidat, sur un plan d’agitation vague et prometteuse ; et non d’action limitée et définie. Il s’agit, à lire les sondages, d’un bilan publicitaire positif [ celui effectué Dimanche 26 août donne 71% d’opinion favorable,dont 96% pour l’électorat conservateur et 48% pour celui de « gauche »] et tout se passe comme si la campagne électorale suivait paradoxalement son train, devant des Français charmés et parfois surpris d’une intimité de ton qu’ils sentent un peu fausse et forcée, comme un sourire crispé, et néanmoins flatteuse ; mais ce fut un vide politique.

Cette période des Cent jours est la prolongation de sa campagne électorale sur la scène internationale, jusqu’à son second mandat qu’il est ainsi en voie d’obtenir non pas par une direction réelle des affaires publiques et internationales, à savoir par un programme bien tracé, comme l’oeil du capitaine en mer fixé sur les étoiles, et une perspective claire, une stratégie convaincante, mais par une séduction constante et des tours de passe passe qui distrayent les passagers ; il est occupé de plaire et laisse par conséquent dans le flou ou dans une ambiguité constante tout ce qu’il fait .

Mais il a, ne pouvant se soustraire à la justice divine qui règle la politique, dans son bilan rencontré deux obstacles que sa population électorale n’a point encore saisis, mais qui ont révélé l’impuissance ou mieux l’ignorance politique proprement dite de l’ « hyperprésident » ; son talon d’Achille politique est surtout fragile à l’étranger, en attendant que la situation économique et l’augmentation des prix, par exemple, la faiblesse de croissance etc. n’inquiètent les Français et leur fassent comprendre combien les facilités faites aux fortunes alourdissent toutes les charges des plus pauvres d’une société en voie de paupérisation, sous les lampions menteurs de la publicité :

D’abord, son premier échec durable a été au Conseil de l’Europe, lors de la discussion de la Constitution, quand il s’est emparé, au mépris de ses partenaires, du mérite de la conclusion des débats, comme la « mouche du coche » dans la fable de La Fontaine, et ensuite en Afrique, lors de son discours du 25 juillet tenu à Dakar.

Dans le premier cas, il n’a pu duper ni Madame le Chancelier d’Allemagne Angelina Merkel, par ailleurs inclinée vers l’Atlantisme moins par conviction que par nécessité nationale de subir le poids de soixante ans d’une occupation américaine interminable et d’autres parasites, ni son ministre des Affaires Etrangères social-démocrate M. Steinmeier ni les autres ministres du Bénélux, du monde germanique continental, quand il a réclamé démagogiquement de baisser le taux de l’euro, ce qui est une ignorance de l’économie et de la nature du travail financier, un manque de sérieux ; jamais l’Espagne, le Portugal de M.Barosso ni l’Italie n’eussent proposé une telle insanité économique !

C’est au contraire la force de l’euro qui a permis, surtout à la fragile France, d’éviter plusieurs dévaluations ; et le succès économique du commerce extérieur allemand, bénéficiaire de 96,7 milliards conte un déficit de notre part de 15 milliards durant le premier semestre, est là pour dire que les causes des misères françaises sont ailleurs que dans une monnaie forte qui permet de résister aux pressions américaines, notamment après l’éclatement de la bulle immobilière et l’écroulement du château de cartes financier.

Ensuite, et ce n’est pas le moindre événement de ces Cent jours, en Afrique le divorce s’est produit définitivement entre la personnalité de M. Sarkozy enfin fondue au soleil de Dakar et l’élite de la jeunesse africaine qui n’attendait pas pareilles considérations infamantes et venimeuses sur l’Afrique accusée d’être peu encline à l’aventure et d’avoir été par nature incapable de penser à l’avenir, qui étaient autant de clins d’oeil, comme s’il parlait non pas à l’ auditoire africain devant lui, mais plongé dans le rétroviseur de son récent électorat qu’il s’agit de garder sous pression, alors que les Africains attendaient un entretien objectif sérieux sur le développement d’une Afrique ouverte désormais au monde, à toute l’Asie.

Ce qui intéresse M.Sarkozy n’est pas une politique à mener, mais son image à conserver brillante Il sait la monnayer , mais non point réfléchir à une politique et en convaincre parce qu’il n’invente pas, il occupe une place, sans plus. Telle est la différence que la philosophie opère entre un sophiste, un vendeur de sagesse et un savant qui possède cette dernière et la communique ; il n’y a pas eu dans cet épisode des Cent jours de langage politique ; rien qu’une manoeuvre ou une volonté de retenir ainsi l’attention sur scène, car l’acteur en question ne circule dans aucune autre enceinte : il n’a pas quitté le théâtre électoral où il cherche les applaudissements à la tombée de rideau.

Sahar :  On a beaucoup parlé aussi du symbole des dernières vacances de M.Sarkozy choisies dans le Maine, près de la demeure familiale des Bush et de sa tendance à se rapprocher des points de vue des Etats-Unis, pensez-vous qu’il y a là le signe d’un rapprochement franco-américain en politique extérieure qui romprait avec la politique suivie par la France depuis le général de Gaulle?

 Pierre Dortiguier :   L’on ne peut parler proprement de tendance, car toute tendance est un compromis et une certaine hésitation ou oscillation entre ce qu’on n’est pas et ce qu’on voudrait être, car il s’agit, au contraire, dans le cas de celui qui se montre « hyperprésident », du partage complet et bien assis d’une conception du monde avec celle de M. Bush et plus généralement avec la manière anglo-américaine à laquelle MM.. Sarkozy et Kouchner ont donné leur accord, par l’appui ancien et clair à l’invasion de l’Irak ou le mépris, qui a échappé à M. Sarkozy, du Hezbollah traité de « terroriste » à la veille de la conférence de Paris .

Et il ne s’agit donc pas seulement d’un goût pour le cinéma américain, mais d’une adhésion commune non pas à la démocratie, mais à la ploutocratie ou pouvoir de la richesse ; la ploutocratie qui est le modèle politique américain par excellence et de ceux qui l’inspirent et a modelé l’impérialisme britannique du siècle dernier, substitue la loi du profit financier à celle de la construction, de l’édification reposant sur une harmonie sociale; c’est pourquoi Sarkozy prèche sur le plan national et international le regroupement des riches, en se séparant des pauvres par un mur politique.

C’est une avarice, qui est le plus grave des vices en théologie morale, et chez nous le pape Léon XIII, citant saint Augustin commentant le Psaume XXXI, a condamné, à la toute fin du XIXème siècle, cette variante de l’activisme, de l’agitation effrénée, de la course de vitesse autour des seuls bénéfices, sous le nom d’ « américanisme » dans sa lettre encyclique latine au cardinal- archevêque de Boston Jacques Gibbons datée de Rome, 22 janvier 1899 : «  de grandes forces, une course très rapide, mais en dehors de la voie ».

Kouchner est dans la course, il suit ; agitateur soixante-huitard de la Faculté de Médecine de Paris déclamant, en énerguène, furieusement contre le général De Gaulle qui était alors victime, sous une démagogie de révolution de rue, de sa condamnation en 1967 de l’agression sioniste. Il déclame aujourd’hui contre les imitateurs de De Gaulle en Irak,au Liban.

Cette rupture d’avec la politique du général est bien sûr hypocrite, feutrée, mais pour employer n mot ancien, foncière. Les Français ne doivent pas s’en rendre compte brutalement.

Aussi M. Sarkozy dissipe-t-il le crédit de la France accumulé par ses prédécesseurs patriotes, comme un « fils de famille » soumet à son bon vouloir l’entreprise héritée, tandis que ses prédécesseurs pliaient leur volonté aux nécessités à la fois nationales et internationales de paix politique et sociale et de « repos de l’ordre » qui est la seule paix politique et sociale, la seule voie de justice, comme De Gaulle le remarqua contre Israël en 1967 et Chirac-Villepin le redirent, contre les néo-conservateurs et le concert des médias sionistes des deux côtés de l’Atlantique, en 2003 à l’O.N.U., dans le seul discours qui ait jamais été applaudi par l’assistance unanime.

Aussi peut-on dire que le pavillon sous lequel navigue M.Sarkozy sur son lac politique, n’est proprement ni le drapeau tricolore américain, ni le français qui fut son imitation rapportée par La Fayette - ; mais un drapeau de « derrière la tête », eût écrit Pascal , incliné sur le sillage de sa navigation, celui de la ploutocratie convertie en caricature politique et qui s’effondrera, tel un tréteau pourri, comme la Foi nous l’enseigne et les partis l’ignorent.

Cent jours dont la fin est comparable seulement à celle qui a vu, par l’effet d’une manipulation des événements, la hausse rothschildienne de la bourse de Londres en 1815, et non la chute du Corse imitateur d’Alexandre le Grand.
 


Entretien du Dimanche 26 août 2007 avec l’IRIB sur le remplacement du Premier ministre irakien demandé par le chef de la diplomatie ffrançais.

 IRIB:    le Ministre français des Affaires Etrangères, M.Bernard Kouchner a déclaré que le Premier ministre irakien Nouri al Maliki doit être remplacé. Comment en fait expliquez vous cette déclaration du ministre français des affaires étrangères ?

 Pierre Dortiguier :   Certainement par un objectif stratégique qui est discuté depuis très longtemps entre les Américains etet il faut appeler leurs alliés proches, à savoir l’effacement de l’ancienne unité de l’Irak. Je crois que ce qui est derrière les reproches de M.Kouchner, ce n’est pas un jugement personnel contre la valeur de M.Maliki.

Mais c’est une résistance et une opposition qu’ont les Américains en la personne de ce premier ministre irakien, car celui-ci  essaie au dessus des dissensions qui sont créées et alimentées entre autre par le terrorisme, de maintenir,disons, un bien commun,une perspective, une force ,disons, de l’Etat irakien qui s’est manifestée dans sa dernière visite en Iran, il a fait cette visite, il apparaît comme le chef à l’intérieur d’un Etat qui défend l’idée d’un Etat irakien.

 Je crois que la perspective des Américains est de diviser, ce qu’ils appellent la démocratie, mais en fait c’est le partage territorial de l’Irak ; ils veulent diviser en trois parties l’Irak, un Irak chiite, un Irak, sunnite et un Kurdistan ; ils veulent même étendre  la part du Kurdistan pour mordre sur la Turquie ; il s’agit d’un remodelage qui vise tous les autres pays d’Orient, ce n’est pas seulement une question irakienne, or nous voyons avec une très grande appréhension ces va-et-vient de M.Kouchner qui ne sont pas simplement pour régler telle ou telle question précise, mais justement pour pouvoir redonner un sens à cette solution qui est déjà discutée et qui évidemment est discutée à l’encontre des peuples et discutée avec le mépris complet de la démocratie.

C’est en fait une néo-colonisation , sous le paravant quelconque  humanitaire et autre; il s’agit d ‘entreprise très difficle, très dangereuse ; je crois que le masque cependant tombe, je pense que M. Kouchner fait apparaître son vrai visage à l’opinion publique, je crois malheureusement que nous autres en France nous serons les derniers à nous en rendre compte,mais la réaction du peuple français, à mon avis, sera une réaction de défaveur et de désapprobation de cette politique.

 IRIB:    En fait les déclaration de M.Bernard Kouchner interviennent à un moment où lors en fait de sa récente visite en Irak, M.Kouchner a plaidé pour une solution irakienne tout en disant qu’il n’avait pas de solution miracle pour les Irakiens ; or il a appelé les Irakiens à la patience, il a plaidé pour une solution irakienne ; mais en fait ces déclarations contredisent cette idée même de M.Kouchner, n’est-ce pas ?

 Pierre Dortiguier :   Oui, en effet, il ne faut pas se prendre au jeu de M.Kouchner ou des personnes de son apparence, lorsqu’il dit que les Irakiens doivent régler entre eux leurs affaires, il sous-entend que ce sont les étrangers à l’Irak qui sont la cause même des troubles de l’Irak et non pas l’occupation étrangère américaine ; il s’agit là d’une manière que nous connaissons ici et qui est disons, très hypocrite, venimeuse, pour le dire ; et je crois que si M. Kouchner n’aime pas beaucoup faire de déclarations, il y a ses sous-entendus ; vous savez que nous savons ici qu’il ne parle jamais, par exemple, de la guerre en Irak, il parle de violence en Irak.

Il sous-entend que ces violences viennent également des voisins de l’Irak. Cest ce flou justement qui est en oeuvre disons, dans ces manoeuvres, dans ces troubles, dans ces manipulations, je crois que M.Kouchner ici montre qu’il est entièrement dévoué sous un masque humanitaire aux objectifs américains, je rappelle d’ailleurs qu’il a toujours été favorable à la guerre américaine en Irak qu’il a présentée sous un voile humaniste ou humanitaire et ceci montre le danger même de la politique extérieure qu’il mène au nom du peuple français et à laquelle tous les peuples s’opposeront et en premier le peuple français lui-même.

 IRIB:   Que vous semblet-il de la nouvelle orientation de la politique étrangère de la France ?

 Pierre Dortiguier :   C’est le retour progressif à la politique mandataire d’entre deux guerres ; on veut bien laisser la disposition de leur corps au gens d’Orient mais à condition d’être leur tête et de leur désigner, comme à des mineurs,ce qu’ils ont à faire ! Elle connaîtra le même sort que la précédente, car l’Asie entière fera son unité contre elle !

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