-->
No hate. No violence
Races? Only one Human race
United We Stand, Divided We Fall
Know Your enemy!
-No time to waste. Act now!
Tomorrow it will be too late
You are what you know and what you do with what you know -¤- Freedom of Speech - Use it or lose it!

 

 

 

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L'ORDRE MONDIAL EXISTANT

 

 

- Comment peut-on définir la réalité mondiale ? Comment comprendre l'ordre mondial ? Comment juger son histoire, quelles sont les possibilités de se libérer de son hégémonie, des liens économiques, culturels et juridiques et de tous les rapports de domination et de tyrannie qu'il impose ?

Il nous faut en effet réévaluer cette réalité et la définir historiquement, sinon nous ne serons pas en mesure de l'affronter efficacement.

Ce système dans lequel nous évoluons, l'ordre mondial, est dominé par l'Occident. Il fit ses premiers pas avec les guerres de croisades, ses débuts effectifs avec la conquête de l'Amérique en 1492. Cette date mérite qu'on s'y attarde car elle marque aussi, pour nous Arabes, la fin d'une époque et l'avènement d'une autre. Elle marque la fin de la suprématie politique de l'Islam, la chute de Grenade en 1492 en fut le symbole, et la naissance du nouvel ordre : le capitalisme. En fait, 1492 a été l'année de la victoire du matérialisme sur une civilisation marquée, plus que toute autre, par le spiritualisme.

Comment expliquer l'ordre mondial ?
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Sa clé de voûte, nous la trouvons dans ses débuts, à travers les différents épisodes de son histoire et l'enchaînement logique qui a régi son évolution, étape par étape. Le point de départ central de ce système a été une idée scélérate.Une simple idée, sur laquelle va reposer - et jusqu'à nos jours - l'édifice titanesque du système mondial. C'est elle qui explique tout ce qui a pu se passer depuis lors. Cette idée, c'est le profit, le profit à tout prix et par n'importe quel moyen. Ce qui signifie en clair : l'exploitation, la domination, la lutte, la violence et le massacre.

Il signifie dans les faits, le génocide qui extermina les Amérindiens. Il signifie la traite, dont furent victimes plus de cent millions d'Africains. Cet esclavagisme qui de par sa nature et son ampleur était sans précédent, et n'avait rien de commun avec le "riq", l'esclavagisme de type domestique connu dans le monde islamique.

Le profit engendra d'autre part un autre rejeton monstrueux l'hydre du colonialisme, véritable fléau dont l'hégémonie n'épargna aucune partie de la planète. Cette hégémonie continue d'ailleurs d'exercer ses méfaits, de nos jours encore, même si les méthodes et les noms dont on l'affuble diffèrent de ceux d'hier.

Il engendra aussi les guerres de religion et les guerres civiles, les tribunaux d'inquisition qui firent trembler une bonne partie de l'Europe et les grandes guerres mondiales de 1914 et 1939, dont la seconde fit 60 millions de victimes.

Il a donné des hommes comme Staline, Hitler et Mussolini.

Il a causé la destruction de l'agriculture dans de nombreux pays du monde qui avec la famine en paient aujourd'hui les conséquences. Il a généralisé un mode de développement dangereux, à savoir l'industrie, dont l'un des effets pervers est de transformer ce qui aurait dû être source de bien-être pour les hommes - les diverses ressources et richesses de nos pays - en source de malheurs et de méfaits incalculables. L'exemple du pétrole chez nous en témoigne.

Il nous a conduits à un monde injuste où les trois quarts de l'humanité sont privés de l'essentiel pour survivre alors que la minorité restante n'en peut plus de digérer. Mais plus sinistres encore sont les perspectives pour les défavorisés. Leur proportion ne cesse d'augmenter, elle passera de 3/4 à 4/5e, puis à 5/6e et ainsf de suite.

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Il a conduit à la pollution de l'air, de l'eau, de la nature et à la destruction de la relation organique entre l'homme et les éléments de son environnement.

Il est à l'origine de l'idée et de la pratique de parcellisation poussée du travail.

Il a engendré l'aliénation, même si elle n'est pas toujours perçue clairement. Par exemple, en Algérie, surtout dans l'euphorie qui a suivi l'indépendance, nous n'avions pas conscience des méfaits de l'aliénation comme c'est le cas aujourd'hui. Il est vrai que le pétrole et le gaz n'y étaient pas exploités comme maintenant où nous voyons notre indépendance se réduire seulement à un drapeau et un hymne national.


- Le phénomène de la faillite de certains pays et leur incapacité d régler leurs dettes, est un fait nouveau. Il résulte peut-être de l'hégémonie de l'économie mondiale basée sur l'usure.

Les pays dits "sous-développés" échoueront dans leurs réalisations tant qu'ils resteront dans le cadre et les règles de jeu de cette hégémonie.

Aujourd'hui, sur les 123 pays du tiers ronde, 41 Etats sont en faillite et incapables de payer même les intérêts de leurs dettes. Ce sont des peuples qui sont contraints de vivre de mendicité et de subsister grâce à la charité humiliante des organisations internationales. Le cas de ces pays fait penser à la situation d'un homme en train de se noyer, dont on maintient la tête au-dessus de l'eau. Je ne noircis pas le tableau, les rapports des organisations internationales des Nations unies et de la Banque mondiale le confirment. 41 pays sont au seuil de la banqueroute. Parmi eux, le Brésil, le Mexique, les Philippines, l'Argentine, le Zaïre qui, remarquons-le, sont les géants du tiers monde, ce qui prouve aussi que le problème n'est pas celui d'une simple "erreur" de gestion économique. Cette situation va tendre à s'amplifier, touchant d'autres pays, dont l'Algérie et de nombreux autres encore, vu le volume impressionnant de la dette et l'inflation toujours galopante. La Banque mondiale prévoit même que dans peu de temps, le chiffre de 41 pays va passer à 100. Quelles perspectives amères pour le tiers monde !

Autre chapitre encore plus sinistre de cette situation : le fléau de la famine qui fauche chaque année 50 millions de victimes

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dont 15 millions d'enfants. Famine qui s'aggrave tragiquement du fait de la déprédation de l'agriculture. D'où le chantage à la faim des Etats-Unis, principal exportateur de blé, au détriment des pays du tiers monde qui ne sont pas assez "gentils" à leur égard. Ecoutons ce que disent les Kissinger, Reagan, Schultz et autres "responsables" américains leurs menaces sont claires et sans ambiguïté aucune.

Pour ce qui est de la pollution, nous avons le triste privilège de vivre une tragédie écologique sans précédent, dont les dangers se précisent spectaculairement chaque jour un peu plus. 17 millions d'hectares sont déboisés chaque année alors que les forêts constituent le premier élément d'équilibre écologique. 40 °lo de la forêt équatoriale sont détruits. L'Allemagne va voir sa célèbre Forêt Noire disparaître, au plus tard, d'ici dix ans, disent les "Verts" allemands, si des mesures énergiques ne sont pas prises. En Suisse également, des forêts sont déjà sérieusement touchées par le mal qui tue les arbres. L'Amazone, elle-même, l'imprenable forêt vierge, fabuleux réservoir d'oxygène de la planète (elle en fournit les 40 %) est sérieusement attaquée par les multinationales de l'agro-business.

A mon avis, ce sont les maillons d'une même chaîne, liés par une même logique. De la banqueroute des pays du tiers monde à la crise écologique, de l'avancée du désert (en Algérie, le désert gagne 2 km par an, et au Sénégal, de l'autre côté du Sahara, le chiffre effrayant de 70 km par an) aux mille victimes quotidiennes de la famine au Sahel... tous ces faits sont liés étroitement. Tel est un rapide survol de l'état du monde, ainsi qu'il se dégage des chiffres fournis par les organismes relevant de cet ordre mondial lui-même.

Dans les situations de crises économiques, les organismes de l'ordre mondial interviennent et exigent des gouvernements de décréter le train de mesures bien connu, sous peine de se voir refuser l'aide demandée ; ils doivent cesser de soutenir les prix des produits de base de la consommation populaire, augmenter les prix, dévaluer leur monnaie. Ces mesures, partout où elles ont reçu une application, ont provoqué des crises dramatiques et le désespoir. Des multitudes de corps torturés par la faim, fauchés sous la mitraille des dirigeants corrompus, jalonnent ainsi le passage du tristement célèbre FMI. Au Soudan, au Maroc, en

Itinéraire 85

Egypte, en Tunisie et ailleurs... l'ordre mondial, relayé par les organismes internationaux, impose sa logique de domination. Et, directement ou indirectement, impose et met en place des équipes dirigeantes assez serviles et corrompues pour se soumettre et prêter main-forte à cette logique infernale.

C'est cette logique démoniaque qui explique que Nasser soit mort de chagrin, que Sukarno ait été victime d'un complot militaire, de même que Modibo Keita, N'Krumah, Lumumba et ... Ben Bella. Il convient d'analyser cette phase historique au cours de laquelle se sont produits 24 coups d'Etats pour la seule Afrique, si l'on veut comprendre ce qui s'est réellement passé. C'était la fin d'une phase historique ascendante, avec ses luttes de libération victorieuses. Une nouvelle phase historique de normalisation et de récupération commençait. Nous nous sommes retrouvés engagés à reculons, sur un chemin glissant jalonné par Camp David, l'encerclement de Beyrouth par la horde sioniste, l'avènement des régimes félons et d'autres événements dont l'énoncé serait trop long ici.

Suharto, Moussa Traoré, Boumediène, ne sont que de pâles symboles de cette régression. Boumediène n'eût-il pas existé qu'un autre se serait présenté pour faire sa sale besogne à sa place ; un autre ou mille autres... parce qu'il fallait que fut donné un coup d'arrêt mortel à une phase ascendante qui menaçait de porter atteinte au système mondial dans ses oeuvres vives.


- Est-ce que tout dans cet ordre mondial est morbide, maladif, détestable ? Devons-nous obligatoirement l'affronter ? Et comment considérer les données scientifiques et les produits de la civilisation qui sont devenus des réalisations et des richesses pour l'humanité entière ?

Nul doute qu'il ait remporté maintes "victoires". Il a répandu la science, a envahi le monde de ses symboles et de ses grands instruments : la conquête de l'espace, le voyage de l'homme sur la lune, le Boeing, l'informatique... et d'autres choses aussi importantes... Mais à côté de tout cela se profilent des ombres inquiétantes.

Prenons l'exemple de la Suède, pays donné en exemple pour ses réalisations sociales. Eh bien, ce pays détient aussi le record mondial du nombre de suicides. Par ailleurs, phénomène général

86 A. Ben Bella

en Occident, l'alcoolisme, la drogue, les maladies mentales aux Etats-Unis, par exemple, où l'on cite un chiffre effarant: 2/3 des lits d'hôpitaux américains sont occupés par des malades mentaux! Cela aussi doit être ajouté au passif. De même que cet égoïsme qui pousse l'homme à ne pouvoir supporter ses parents, les exilant dans des hospices - antichambres de la mort - où ils finissent leurs jours dans la tristesse et la solitude. Même Mme de Gaulle n'y a pas échappé, puisqu'elle s'est éteinte dans une maison de retraite tenue par des religieuses.

Dans le même temps, l'amour filial est remplacé par l'amour des animaux. Leurs maisons se remplissent de chats, de chiens, de reptiles, de souris apprivoisées et autres spécimens qui font désormais partie du cadre de vie des sociétés occidentales qui crient leur misère affective. En France, neuf millions de chiens et huit millions de chats bien nourris, consomment dix fois ce que mange le peuple somalien!

Nous ne pouvons dissocier tous ces maux des acquis scientifiques positifs ou de toute autre réalisation, car ils sont liés organiquement au sein d'un système logique. Celui de l'évolution de la science et de la civilisation dans leur sens occidental ; c'està-dire conformément à la philosophie du profit, de l'exploitation et de la consommation et à la perversion de la rationalité. Tant et si bien que le monde occidental, aveuglé par ses seuls intérêts et buts, a transformé le monde en un vaste marché où l'on peut trouver de tout, sauf une loi ou un projet qui soit valable pour la majorité des hommes.

Il a réduit les autres pays à de pâles copies conformes de sa propre société de consommation (il est vrai qu'on y consomme moins, parfois pas du tout, mais la volonté et l'état d'esprit y sont aliénés). Ces pays dits "indépendants" n'ont, en fait, arraché à l'Occident que le droit de brandir un drapeau et un hymne national alors que toute la vie y est frappée du sceau occidental. Nous, en tant que peuple, n'avons rien créé, rien inventé, mais nous consommons à en être gavés (en plus du blé américain si nous sommes gentils) leurs idées, leurs schémas, leurs idéologies, leur musique arrosée de coca-cola... et cela, conçu, pensé, élaboré, fabriqué ailleurs par des sociétés dont le génie est totalement différent du nôtre.

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Ces sociétés ont certes dispensé des biens matériels fabuleux, mais à quel prix pour la majorité écrasante des hommes, et à quel prix aussi au plan de la nature.


- Si nous passions au niveau des réalités présentes et futures, de quelle façon peut-on affronter cet ordre mondial et briser son hégémonie, d'une manière radicale qui comprendrait, sans doute, des dizaines de fronts, dont le premier me semble-t-il doit être le front intérieur qui réclame une révolution politique et intellectuelle et aussi une définition des moyens de sa réalisation

quels seront ses aspects, ses conceptions, ses priorités et ses étapes, notamment sur le plan culturel ?

A mon avis, il y a des points sur lesquels il faut se mettre d'accord. Primo : nous ne pouvons pas survivre au sein de l'ordre mondial actuel. D'autre part, tout discours sur l'Islam, l'arabisme, l'unité ou la Nahda, sonne creux et paraît sans fondement et sans portée pratique si l'on n'envisage pas la nécessité - et la façon - de sortir de l'ordre mondial.

Comment peut-on parler d'indépendance et de développement au sein de ce système alors que tout nous montre que toute expérience y est vouée d'avance à l'échec ?

Secundo : cet ordre nous a démontré qu'aujourd'hui, seuls les grands blocs sont viables et les petits pays sont voués à la disparition, comme le furent ces petits émirats qui avaient fleuri en Andalousie juste avant la reconquista . En vérité, de nos jours encore, nous n'avons ni Etats, ni présidents de républiques, ni rois, mais seulement des chefs de clans, des chefs de districts et peut-être sont-ils moins que cela... Cela signifie l'urgence et la nécessité de l'unité. Plus que jamais, elle est devenue une question de vie ou de mort, et nous nous devons de choisir !

On nous rétorquera : Oui, mais l'unité a échoué avec la Syrie et autres discours creux. A ceux là nous répondrons : il faut ranimer l'élan unitaire, et nous devons tenter cette unité avec la Syrie et d'autres - quarante fois si nécessaire - car il nous faut la réaliser, faute de quoi nous sombrerons dans le nanisme historique et dans le déclin. Nous pouvons échouer quarante fois, mais cela ne doit pas nous décourager et nous empêcher de recommencer encore et encore. Après l'unité arabe, il nous faut parler de l'unité islamique, car, pour donner l'exemple, avant

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que l'Algérie ne s'unisse avec l'Iran, elle doit le faire d'abord avec le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Egype etc. Il est donc évident que l'unité islamique passe par l'unité arabe d'abord. L'Unité est une nécessité évidente ; mais comment la réaliser ?

Je pense que nous devons commencer par certaines réalisations à vocation unitaire. Nous devons créer

a) une unité monétaire arabe.
b) un marché arabe en dehors de l'hégémonie mondiale

c) en conséquence, nous devons récupérer nos fonds monétaires investis à l'étranger. Les fonds saoudiens, à eux seuls, et pour les seuls Etats-Unis, représentent la somme astronomique de 150 milliards de dollars

En Occident, 370 milliards de dollars sont placés par des Arabes, rapportant de sales profits usuraires à leurs propriétaires "musulmans", soi-disant "gardiens des Lieux Saints" ! Avec ces fonds, nous renforçons l'ordre mondial, nous l'aidons à enchaîner nos pieds et nos mains plus étroitement encore, nous contribuons aux visées hégémoniques de l'Occident sur le monde arabe et islamique, et sur tous les opprimés de la terre.

Tertio : Après l'unité, se pose le problème de dégager une vision globale de la civilisation. Il nous faut arriver à une compréhension de toutes les données et pas seulement se contenter d'élaborer des schémas hâtifs - comme dans cet entretien. Et ces données, il nous faut bien les assimiler, que ce soit la science et ses critères, la technologie ou la philosophie. Nos besoins appellent à d'autres sciences, d'autres technologies, car la science et la technologie sont toujours liées à une certaine vision de la civilisation. Alors, comment procéder ?

Nous avons besoin de penseurs et de pensées nouvelles.

Quatro : une nouvelle interprétation de l'Islam, visant le noyau et non la gangue, est indispensable. Une interprétation contemporaine, préoccupée par le présent, 1985 - et non pas par le passé. Nos efforts de réflexion, d'innovations créatrices ont à affronter des questions et des défis du type

a) Comment allons-nous nous unir ?

b) Comment innover, créer de nouvelles sciences, de nouvelles technologies ?

c) Comment sortir de l'étape industrielle (tous les indices montrent que le monde a déjà commencé à en sortir) tout en

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évitant de payer le tribut énorme que l'Occident, lui, a consenti à verser.
d) Comment planifier et revivifier l'agriculture car elle est notre seule chance de sortir de la dépendance alimentaire et d'assurer une autosuffissance à nos besoins.
e) Comment entrer dans le monde de l'informatique et de la cybernétique ?
f) Comment affronter l'impérialisme et le racisme ?
g) Comment définir une autre voie de développement que celle, unidimensionnelle et désastreuse, que nous connaissons ?
h) Comment éviter la prochaine famine ?
Telles sont, brièvement résumées, quelques unes des questions générales qui se posent à nous
C'est pour cela qu'il faut définir clairement des buts, faire lés recherches qui s'imposent et trouver les méthodes pédagogiques adéquates à la réalisation de nos espoirs.
Ceci exige d'abord que l'on change radicalement les méthodes d'éducation et de pédagogie en cours dans nos écoles et universités, qui visent à former à l'occidentale toute notre jeunesse, à en faire des cerveaux occidentaux ; nous utilisons les technologies occidentales qui, traduisant une autre vision du monde que la nôtre, n'expriment pas notre génie et notre culture...
Bref, nous dépensons des fortunes et nous gaspillons d'immenses efforts qui, en fait, ne servent qu'à accélérer encore plus les processus d'occidentalisation. Je suis obligé d'observer que, à ma connaissance, personne ne s'est encore penché sur ces questions capitales.

- Mais avant d'affronter l'ordre mondial, il y a d'autres obstacles qui commencent avec les régimes politiques arabes actuels et qui finissent avec Israël ?
Sans doute. Nous avons affaire à deux obstacles : Le premier l'ordre mondial. Le second est représenté par les gouvernements et régimes qui constituent les troupes locales oeuvrant pour le compte de l'ordre mondial. Comment, en effet, affronter les Etats-Unis alors que nous y avons en dépôt des milliards de dollars! Cette situation oblige par exemple les Saoudiens à défendre le système américain et sa prospérité plus ardemment
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que les Américains eux-mêmes, car la baisse ou la hausse du dollar se répercute directement sur les fonds saoudiens. C'est pourquoi nous devons en premier lieu affronter le second obstacle en déclarant la guerre au premier. Changer les gouvernements et les régimes arabes est, à coup sûr, la première nécessité, avant même Israël! Car Israël est d'abord présent dans nos coeurs, nos têtes et nos idées polluées. Quand nous nous débarrasserons de cette pollution, Israël sera un problème facile à résoudre. Voyez l'héroïque peuple du petit Liban, comment à lui seul il a malmené Israël ! Mais ce n'est pas par une bataille rangée, classique, décisive, qu'Israël pourra être vaincu. Ce genre de bataille lui sera toujours favorable. Les USA sont là pour y veiller! Non, Israël sera vaincu par une lutte sans merci, comme celle du Sud-Liban, goutte de sang contre goutte de sang. Et s'il le faut, trente gouttes de notre sang contre une seule du sien.


-Je me souviens que vous avez appelé, à travers votre expérience pratique au niveau "afro-asiatique", dès le début des années 60, à la nécesssité de changer l'ordre mondial actuel et à en chercher un nouveau.

Oui, c'est après l'Indépendance, et nous avions le sentiment qu'elle ne saurait être complète qu'avec la libération de tous les peuples opprimés et le changement des lois régissant la réalité internationale et l'ordre mondial.

C'est ce que nous avons commencé à faire dans le cadre afroasiatique. Le programme que nous avions élaboré pour le sommet qui devait avoir lieu en juin 1965 comportait comme premier point le changement de l'ordre mondial et la création d'un nouvel ordre mondial. Cette idée était le résultat de discussions et de rencontres avec les frères Nasser, Soekarno , Nyerere, Modibo Keita, Kenyatta, N'Krumah, Chou En Lai et d'autres... Auparavant, nous nous étions mis d'accord pour dire que ni la réussite de la Chine ni celle de la Corée ou celle de l'Egypte ne pouvaient constituer de véritables réussites aussi longtemps que perdureraient les lois qui régissent l'ordre mondial et entravent nos destinées.

Notre conviction commune était donc de commencer à créer un ordre mondial différent face à l'autre ordre mondial; il est

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vrai que c'était là une oeuvre ambitieuse et de longue haleine, mais nous étions d'accord pour coopérer et commencer notre tâche, afin d'expurger l'idée vénéneuse logée au coeur même du système mondial actuel; cette idée, source de tous les maux qui affligent le monde, à savoir l'exploitation et le profit, rien que le profit, le profit par n'importe quel moyen et quel qu'en soit le coût !

 

 
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