Introduction La politique, indéfectiblement liée à l'éthique, l'action constamment ancrée dans le souci de cette pensée : "ne pas faillir à la vérité, en savoir à chaque moment le prix" (la vie de cet homme en témoigne, grande parmi quelques autres dans le siècle: Nasser, N'Krumah, Guevara ...), Ben Bella, par cette fidélité indéfectible à l'éthique et au politique, présente tout au long d'un itinéraire qui atteint aujourd'hui une certaine "sagesse politique", nous introduit plus avant qu'aucune autre figure emblématique dans le combat des hommes de ce siècle pour un monde meilleur dans l'espace d'une agora des justes : lieu où l'enjeu est de parvenir à ce que la démocratie, la uhoura soit, pour tous, participation intégrale au présent et à l'avenir, au-delà de l'impasse où des choix sinistres ont installé la vie.
Mais revenons à la promesse de toute préface : dérouler comme un panoramique tout ce que le livre promet. Ici : un entretien qui dura des mois. Lorsque je suis allé voir "Si Ahmed", comme l'appellent les amis, les frères de toujours, je savais que, de lui, j'allais entendre, au sens où le sujet s'y trouve vitalement impliqué, cette véridique admonestation: le siècle chemine vers la ruine ; ce qu'il nous faut, c'est une Renaissance !
Nous retiendrons de ce parcours où, lentement mais sûrement, présentes dans chaque séquence, une pensée et une éthique profilent leur consistance tendue généreusement vers l'utopie réalisable, vers un monde à hauteur d'homme: une "archéologie" de l'impasse à laquelle le modèle occidental de civilisation a conduit le monde.
Un appel à la réouverture de la porte de l' ijtihad (effort de réflexion par lequel le fiqh - jurisprudence islamique - conjure la clôture et la sclérose de la "lettre" et permet l'interprétation du donné révélé selon les besoins concrets, actuels des hommes), véritable ressourcement qui dévoile tout à la fois l'extraordinaire
8 richesse du message islamique (par rapport à l'étude des problèmes du monde moderne) et les solutions et perspectives qu'il permet et promet et, hélas, l'étendue du malentendu dont il est victime, chez les musulmans eux-mêmes qui souvent - défensive oblige ou accumulation d'altérations datées - le figent dans un passéisme étranger à son essence et à sa promesse.
Une introduction à la dialectique arabisme-islamisme qui, rejetant l'amalgame idéologique arabisme-nationalisme (phénomène occidental lié à la naissance du capitalisme), ramène l'arabisme à son creuset et à sa condition d'existence : l'Islam, et lui restitue sa juste proportion anthropologique de culture, de civilisation et de volonté de vie en commun. Loin de l'idée de "nation" liée par la "race", le "sol", le "sang" et les "frontières" selon la triste sémantique que l'Occident majoritairement accole directement ou indirectement à ces notions.
Sans l'Islam, l'arabisme n'a pas d'avenir, nous dit Ben Bella. De même, la langue arabe étant la langue du Coran, le patrimoine culturel de l'Islam est marqué par l'apport arabe.
Plus profondément, il nous faut dénouer cet amalgame "arabisme-nationalisme", le déconstruire, dirait-on du côté de cette science linguistique dont Ben Bella fait grand cas, créé par l'Occident avec son désir impérialiste de récupérer toutes les traces, tous les signes de l'altérité, de ne reconnaître la valeur que sous son égide, dans son musée conceptionnel et sa serre sémantique. De nouveau, on en revient au premier axe : il est nécessaire de procéder à une analyse de l' "archéologie" de l'Occident.
L'équation "arabisme-nationalisme" déconstruite, la chaîne et la trame sont de nouveau sur le métier de cette volonté d'unité permanente dans le monde islamique. Délivrer l'arabisme de l'altération "nationaliste", c'est de nouveau l'inscrire dans la dynamique unitaire de l'Islam. Arabité et arabisme sont les pièces dynamiques d'une mosaïque de peuples vaillants et justes, animés par l'éthique, permanente dans son essence, et historique dans ses "possibles", de la révélation islamique. Etrangers en cela à la vanité nationaliste qui a surgi dans l'Europe du "capital" à l'aube grise de la démesure industrielle et de l'exploitation menée jusqu'au paroxysme, tirant sa rationalité de l'irrationnelle course
9 aux frontières, aux marchés et aux armes qui, après avoir mis l'Europe à feu et à sang, déferleront sur le monde tels des fléaux (sans oublier que, dans cette histoire, aux sources, on trouve déjà la destruction des Amérindiens ; des peuples décimés ; et cette tache indélébile : la traite des noirs qui a saigné l'Afrique avec plus de cent millions de victimes). Stigmates de barbarie au fronton de la dite civilisation d'Occident.
Trois lignes de force se dégagent
1. Une archéologie de l'impasse occidentale.
2. Un ressourcement du débat islamique dans l"'impératif catégorique" de la réouverture de l'ijtihad, lieu de rencontre du révélé et de l'histoire.
3. Un ressourcement du contenu de la notion d"'arabisme" à son creuset civilisationnel, par un rejet de l'équivalence avec la notion occidentale de nationalisme et un rattachement à la notion unitaire d'islamisme.De ces trois axes partent mille rameaux et se constitue le sol où, au fil de ce dialogue et selon son rythme propre, sont posés et démêlés clairement les fils enchevêtrés et embrouillés (un aspect de la crise ne réside-t-il pas, aussi, dans l'inflation des confusions?) de questions pour nous, aujourd'hui, capitales.
Mohamed Khalifa.
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