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AHMED RAMI
Ahmed Rami

  Lettre ouverte 
DE
AHMED RAMI

À
MOHAMED VI
Le texte original - en arabe - de cette lettre adressée à Mohamed VI

 

L'hebdomadaire marocain, "Le Journal " a publié -
dans son numéro du 8 janvier 2000 - l'article suivant:

AHMED RAMI ADRESSE
UN MÉMORANDUM AU ROI

Ahmed Rami, officier marocain, réfugié depuis 27 ans en Suède, a adressé le 5 janvier 2000 un mémorandum à Mohamed VI l'appelant à amorcer des réformes radicales.

«A la différence des pays occidentaux, le Maroc ne connaît que peu de hold-up de banques. C'est que les voleurs d'envergure savent qu'aujourd'hui, dans notre pays, la source d'enrichissement la plus sûre, la plus rapide, la seule à vrai dire, est le pouvoir». C'est en ces termes que Ahmed Rami, officier marocain, réfugié en Suède depuis 27 ans pour avoir participé aux coups d'État de 1971 et 1972, aborde la problématique socio politique au Maroc.

Ahmed Rami, rappelions le, est né à Tafraout en 1946. A l'âge de vingt ans, il intègre l'Académie militaire de Meknès et en 1973 il s'évade en Suède après avoir participé aux deux coups d'État perpétrés par le général Oufkir contre Hassan II.
Dans une interview avec un hebdomadaire édité à Casablanca, l'ex lieutenant explique son statut en ces termes : «Je ne suis pas un réfugié politique comme les autres. J'ai participé, directement ou indirectement, aux deux tentatives de coup d’Etat des années 70 (I 'attaque du palais royal de Skhirat le 10 juillet 1971 et l'attaque de l'avion royal le 16 août 1972) après avoir été un militant de l'UNFP (...) Mon cas, conclut-il, ne peut être traité qu'au niveau de la plus haute autorité militaire». Commentant la raison d'être de sa participation au complot, Rami avait annoncé au journal russe «Pravda» que son objectif n'était autre que l'abolition de la monarchie et l'édification d'une république islamique.

Aujourd'hui, après vingt sept ans d'exil, dans une lettre datée du 5 janvier 2000, il appelle Mohammed VI à adopter une série de mesures à même de participer à la modernisation de l'état marocaine et de répondre aux attentes du peuple marocain.

«Votre intronisation, dit il en s'adressant au roi, a suscité une vague d'optimisme au sein de votre peuple et l'espoir dans le pays quant à l'avènement de mutations qui répondent aux exigences de la conjoncture». Et d'ajouter:

«Ces espoirs se sont consolidés par vos déclarations quant à la gravité des problématiques posées et la nécessité du changement».

Pour répondre aux exigences de la conjoncture, Ahmed Rami appelle le Roi à adopter des réformes dans les quatre domaines suivants:

Premièrement en procédant à la modernisation de la légitimité. Celle ci, dit il, ne peut être absolue ou éternelle. Elle a constamment besoin d'être renouvelée ; dans le cas du Maroc, elle est fondée sur la référence islamique et les données de la réalité historique, mais tributaires, en revanche, de l'attachement aux idéaux constants de la Nation musulmane et de l'accomplissement de ses fonctions sociales. Pour cela, elle est appelée, à présent, à se moderniser et à se renouveler, conformément aux exigences de la conjoncture et à l'âme du message de l'Islam.

Deuxièmement, au vu de la gravité de la situation sociale et de la crise dans laquelle se débat notre pays en raison de la hausse du taux de chômage, de la prolifération de l'analphabétisme et de l'élargissement du hiatus qui sépare la minorité privilégiée de la masse des déshérités, il est impératif de réaliser des réformes radicales. Ces réformes sont nécessaires pour réduire les disparités de classes, combattre la corruption et rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés. Cela doit précéder toute opération électorale ou adoption de nouvelles lois réglementant les pratiques et les activités syndicales, communales, politico-patisanes et démocratiques.

Troisièmement, l'adoption d'une réforme politique.
Le système politique marocain, avance-t-il, nécessite une restructuration sur la base de nos préceptes religieux ancestraux et une mise à niveau à même de suivre l'évolution que connaît le monde dans ce domaine.

«Le défi auquel vous faites face, explique t il, consiste en la capacité de faire preuve de flexibilité, d'ouverture et d'assimilation des valeurs modernes de démocratie, de droits de l'homme, de transparence, de pluralisme politique, de rotation de pouvoir et de dynamisation de la participation des composantes de la société civile». Et d'ajouter : «Nous sommes convaincus que les principes sur lesquels se basent les États ont radicalement changé par rapport au passé, de même que les critères de classification des États selon leur degré de développement et de progrès ont changé sur la scène internationale».

Il s'agit en premier lieu d'édifier le régime de gouvernement sur la base de la légalité et non de la force.

Quatrièmement, pour jouer un rôle plus important et plus accru au niveau de la Nation arabe et musulmane, en Afrique et dans le monde, notre pays se doit, de prime abord, de surmonter ses crises et de mettre un terme aux facteurs de décadence et de faiblesse qui l'handicapent en tant qu'État, régime et société.

Enfin, Ahmed Rami attire l'attention de Mohamed VI sur les dangers qui guettent le pays et les déboires qui pourraient surgir de la déception des masses et la perte d'espoir dans le changement et la réforme radicale escomptés.

Aziz Khamliche


Voici, traduite de l'arabe, le texte de la lettre ouverte
d'Ahmed Rami adressée à Mohamed VI:

Au nom de Dieu le Miséricordieux par essence et par excellence

Dieu dit dans le Saint Coran: "La corruption est apparue sur terre et dans la mer pour ce que les gens ont acquis de leurs propres mains, afin qu'Il leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont fait, peut être reviendront ils. Dis : "Parcourez la terre et voyez comment a été la destinée de ceux qui étaient auparavant." Dieu l'Immense dit vrai.


À Mohamed VI
Rabat  Maroc.

Bissmillah,

Votre intronisation a - au début - suscité au sein de notre peuple une vague d'optimisme et ranimé des espoirs qui pouvaient permettre à notre pays de vivre les transformations nécessaires qu'exigent, d'une part, la situation nationale critique, et d'autre part, les facteurs de développement universel qui, en ce début d'un nouveau siècle, annoncent des révolutions profondes dans tous les domaines de la vie.

Ces espoirs sincère,  que nous avons partagés avec notre peuple, ont été corroborés, par vos déclarations qui témoignaient d´une conscience des problèmes de la réalité actuelle et du besoin de changement souhaité. Cela a attiré notre attention et celle de tous les militants dévoués qui, durant toutes ces années passées, ont appelé activement à un Maroc où régneraient la justice et la liberté, un Maroc en harmonie avec ses spécificités arabo-islamiques, son histoire et son patrimoine solidement enracinés, un Maroc assumant pleinement son rôle précurseur dans l'édification d'un grand Maghreb Uni, au sein de l'espace arabo-islamique bien encadré.

Vos déclarations d´alors m'ont incité à vous adjurer, par cette lettre, de ne pas laisser échapper cette occasion propice comme tant d'autres, déjà inutilement perdues et de profiter de ces conjonctures - intérieures et extérieures - favorables , pour opérer un changement radical qui dépasse les les apparences, les formalités et les façades, qui puisse toucher au cœur des situations, des structures, des institutions sociales, administratives, économiques et politiques, et permettre à notre peuple de réaliser ses ambitions légitimes, sur les plans humains et sociaux en opérant et en réalisant les changements historiques et les grands projets dont 1a plupart ont été arrêtés et freinés depuis l'aube de l'indépendance, et pour lesquels les militants d'avant garde n'ont cessé de se sacrifier sans jamais perdre espoir.

Ces projets, espoirs et souhaits qui n'ont pas échappés à l'attention du votre père  Hassan II - qui avait enfin et en retard - compris que sans eux, il était difficile d'édifier un État moderne, efficace, légitime et en harmonie avec son époque pour  lui assurer une stabilité fondée sur la justice et la démocratie. A la fin de son règne, votre père a tenté de procéder à un semblant de réforme par des décisions machiavéliques superficielles dépourvue de tout sincérité, et qui n´avaient d´autre but que celui de la survie et le camouflage d´un régime tyrannique agonissant, décadent et totalement corrompu.  Si vous voulez, sincèrement, contribuer à l´instauration d´un avenir meilleur - pour notre pays, pour notre peuple et pour vous même -  ce système archaïque en anachronique et ces sales méthodes de votre père doivent être définitivement abandonnés.

La grandeur des chefs État et des leaders, surtout à notre époque, ne se mesure pas, comme vous le savez, à la grandeur de leurs palais ni au nombre de leurs esclaves, ni même à la superficie de leurs pays, mais à l'importance de leurs réalisations et à leur capacité à opérer les grandes transformations et à créer les initiatives pertinentes, pour répondre aux espérances de leurs peuples, suivant ainsi le rythme du changement éternelle, loi naturelle de Dieu et conformément aux valeurs de leur époque, et sui, ce principe, Nelson Mandela a pu acquérir sa renommée en se sacrifiant pour la liberté de son peuple et en réussissant à instaurer un régime démocratique en Afrique du Sud, puis en quittant le pouvoir après seulement un mandat. Sur ce même principe, le roi Juan Carlos a pu gagner le respect en en mettant fin à la monarchie absolue abandonnant ainsi le pouvoir gouvernemental aux gouvernements élus par le peuple en Espagne. Dans le même registre, on retient le nom du président chinois Ding Tsiao Ping qui a réformé l'ancien régime communiste, et celui du leader soviétique Gorbatchev, désormais entré dans l'Histoire.

En conséquence, je pense que la nécessité de réforme dont le destin vous incombe et que tous les Marocains attendent de vous, en cet instant de notre l'Histoire, se résumerait en quatre points.


Premièrement:

La modernisation de la légitimité du pouvoir. Nulle part la légitimité du pouvoir n'est absolue ou éternelle; elle exige un renouvellement constant, allant de pair avec le développement et les besoins. Aujourd'hui, au Maroc, cette légitimité se fond la loi de la jungle et de la force sur le fait accompli. Mais la légitimité est, du point de vue islamique, conditionnée par la fidélité de l'engagement aux constantes religieuses de la nation et à leurs fonctions sociales y compris l'existence de la délibération et du consentement entre le chef de l'état et le peuple et liée au principe de l'approbation populaire, c'est à dire à son consentement, et cela, à travers des élections libres et directes.

Et dans le cadre des règles régissant la légitimité des états et des gouvernements à notre époque, nous ne pouvons ignorer la représentativité et le consentement du peuple. Alors que vous essayez de fonder votre légitimité sur des principes aujourd'hui dépassés contraire à notre religion, à la démocratie et au droit de notre peuple à librement choisir et contrôler son régime politique, ses dirigeants et son gouvernement. Vous êtes, ainsi que votre régime monarchique imposée par la force, appelés, de par les exigences historiques, à vous moderniser en laissant l'essentiel du pouvoir aux gouvernements élus par le peuple, pour aller de pair et avec l'air du temps et avec l'esprit de l'Islam.

Deuxièmement:


Comme vous le savez, la situation sociale du Maroc est une des plus mauvaises de la région, du monde arabe et peut être même du reste du monde. C'est en tout cas la pire qu'ait jamais connu notre pays, eu égard au tain de: chômage démesuré, à la propagation de l'analphabétisme et à l'écart qui ne cesse de se creuser entre une minorité de plus en plus riche et une majorité de plus en plus pauvre.

Et, comme si les calamités et les malheurs de la pauvreté ne suffisaient pas, un autre fléau, celui de la corruption administrative et politique, vient s'y ajouter, entraînant toutes sortes de vices, au point de devenir un cancer gangrenant notre société et mettant ainsi en danger ses piliers et ceux de État, du sommet à la base, si une volonté de changement, rapide et déterminée, n'intervient pas pour y remédier.

En réalité, les crises sociales sont le mal à soigner en priorité, car avec elles, on ne peut rien attendre de toutes prises de décisions démocratiques, de toutes tentatives d'élargir la participation populaire ou de faire agir la société civile. Par conséquent, i1 est impératif de commencer d'abord par expurger ces maux, et d'une façon radicale et révolutionnaire afin de refondre la géographie sociale, de rectifier ses contours et ses aspects, de réduire l'écart qui sépare les citoyens riches des citoyens pauvres, de combattre la corruption, de refonder les attaches entre le citoyen et sa patrie, le gouvernant et le gouverné, l'administration et les administrés, et entre toutes les catégories sociales... Mais cela doit se faire avant toutes sortes d'élections ou de promulgation de nouvelles lois régissant les activités syndicales, municipales, locales, partisanes, démocratiques, etc.

A cause des calamités passées et présentes, une bonne partie du peuple marocain s'est transformée en troupeaux d'immigrants et d'exilés à la recherche de n'importe quel pays d'accueil, s'arrachant ainsi à leurs racines, abandonnant leur identité. Il est inconcevable que l'image de la jeunesse marocaine qui constitue les trois quarts de la population de notre pays puisse être réduite à cela.

Troisièmement: la réforme politique


Le système politique marocain a urgemment besoin d'être restructuré et reconstruit sur la base des principes établis de notre religion afin qu'il aille de concert avec les évolutions mondiales modernes. Le défi auquel vous êtes confronté consiste en la capacité de faire preuve de souplesse et d'ouverture, d'appliquer les valeurs modernes les plus méritoires telles que la démocratie, les droits de l'homme et la transparence, d'instaurer la pluralité politique, l'alternance des pouvoirs, l'activation de la participation populaire, de consolider les constituants et les éléments de la société civile.

Je suis persuadés que les concepts sur lesquels s’édifient les États, aujourd'hui, sont radicalement différents de ceux du passé, et il en va de même pour les critères qui définissent la prospérité des États, leur prestige et leur rôle sur la scène politique internationale.

Et, en tête des concepts et des critères modernes sur lesquels se fondent les États moderne, actifs et respectables, il convient de mentionner le système de gouvernement basé sur la légitimité et non sur la force.

La stabilité des États modernes s'établit sur la force de la loi et non sur la loi de 1a force et de la répression; leurs constitutions doivent être fondée sur les valeurs spirituelles bien ancrées de la nation et des hautes valeurs de leur époque; leur dignité doit être fondée sur celle de ses citoyens et non sur ces vieilles marques d'esclavage qui consistent à baiser les mains, à se prosterner devant un être humain et exercer l'hypocrisie à outrance.

Le rayonnement, le prestige et la force des États légitimes modernes sont se fondent sur leur essor spirituel et matériel, sur leur créativité et leur constructive contribution à la société des nations.

Je suis sûr et certains que notre peuple marocain est capable non seulement d'accueillir ces réformes, mais aussi qu'il sont de sont droit naturel et qu'il les mérite; comme je suis certains qu'il est à même de réagir favorablement à ces réformes ainsi qu'à ce qu'il en découlera.


Quatrièmement:

Je crois sincèrement que notre cher pays a un rôle précurseur et constructif à jouer aux niveaux arabe, islamique, africain et mondial, qu'il a une lourde responsabilité de par ses capacités et ses aptitudes, son pouvoir et son histoire rayonnante dans ces sphères.

Cependant, en dépit de son aspect brillant et réussi, ce rôle nous semble loin d'atteindre la perfection, eu égard à toutes les crises, aux facteurs de dégradation et de défaillance qui sévissent au Maroc, au niveau de État comme à celui de la société. Mais si l'on y remédie, si l'on réalise les réformes nécessaires et si l'on déploie les conditions de la modernisation, le Maroc pourra accéder à un haut rang mondial, qui lui permettra de jouer un rôle constructif plus important et plus crédible qu'aujourd'hui. Nous tous, nous ne pouvons nous contenter de rester spectateurs ou même acteurs secondaires face aux défis et aux défis historiques cruciales qu'affrontent actuellement notre nation arabo-musulmane, et à la tête de tous ces défis, la question palestinienne. Nous devons jouer un rôle actif, efficient et efficace et direct pour la défense des droits sacrés de notre nation arabo-musulmane, prendre partie fait et cause pour les principes de la justice et de la raison, nous ranger aux côtés de nos frères d'une façon claire et lucide, réaliser l'unification de notre nation islamique, sa dignité et sa renaissance.

Je prie Dieu le Tout Puissant de vous inspirer la bonne voie, la clairvoyance, la sagesse et le courage de prendre les décisions adéquates ainsi que la ferme volonté d'assumer les lourdes responsabilités historiques dont le destin vous incombe. Ne pas le faire comme il se doit, pourrait mener à des dangers multiples, car les échecs et les déceptions conduiraient inéluctablement la population à perdre tout espoir de changement et de réforme pour une vie plus digne et un avenir meilleur. Ces déceptions pourraient provoquer la colère et jeter le pays dans le tourbillon de la violence. Nous en avons eu quelques exemples dans plusieurs pays proches ou lointains. Je prie Dieu de vous protéger d'un entourage délétère, des flagorneurs et des hypocrites en tout genre qui tournent autour des gouvernants et les empêchent de voir la lumière en plein jour.

Quant à moi, signataires de cette lettre, je ne recherche ni prestige ni un quelconque profit. Je n'aspire qu'à la grâce de Dieu, appliquant Ses commandements, dans l'intérêt de notre pays bien aimé. Le Saint Coran dit: "Dis: Agissez et Dieu verra votre action, de même que Son Messager et les croyants."

Vendredi 5 janvier 2000

Ahmed Rami
(Texte original en langue arabe)


 

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