Dossier Patrick Drahi - juif, propagandiste et agent
du sionisme
- Qui est Patrick Drahi ?
- Citizen Drahi, Israélien
de cœur et de nationalité : un empire médiatique
tentaculaire
- L'acquéreur de
SFR, Patrick Drahi, est un militant « sioniste » ayant
renoncé à la nationalité française
Qui est Patrick Drahi ?
Pour E&R par la revuee
Faits & Documentss
Égalité et Réconciliation,
10
décembre 2014
Le point commun entre
Libération,
i24News et SFR ? Un homme : Patrick Drahi. Pour la seule année
2014, cet inconnu aura racheté l’opérateur de télécommunication
à Vivendi, acquis 42 % du quotidien soixante-huitard et lancé « une
chaîne multilingue internationale avec un regard israélien ».
Né au Maroc, Patrick Drahi apparaît un jour à Paris pour les
affaires, le lendemain à Tel-Aviv, où il possède un appartement
dans la tour Rothschild, et le surlendemain en Suisse, pays dont
il est résident fiscal. Ce « nabab des
télécoms », chez lui à la fois partout et
nulle part, virtuose de l’ingénierie financière, a bâti un
véritable empire sur un système d’endettement colossal. Avec un
actif net évalué à 9,6 milliards de dollars, il est passé en un
an de la 215e à la 132e pace du classement des fortunes
mondiales établi par le magazine Forbes.
Soit la 12e fortune de France. Un classement où il refuse
d’apparaître, ayant assuré avoir rendu son passeport français…
avant de se raviser.
« Je préfère avancer et grandir dans l’ombre. »
Patrick Drahi, M, Le Monde, 8 mars 2014
« L’homme d’affaires […] a déduit un axiome, les
télécoms suivent des cycles septennaux, comme dans la Torah. »
Challenges, 17 mars 2014
« David a gagné contre Goliath. »
Communiqué de Numéricable après la défaite de Bouygues le 14
mars
« L’appétit d’ogre de Patrick Drahi, champion des fusions
à répétition. »
Le Figaro, 14 mars 2014
« Un autre regard sur Israël et l’actualité internationale
en mettant en avant ce qui rassemble et non ce qui divise. »
Patrick Drahi à propos de sa chaîne de télé-vision
israélienne i24News, Oumma, 17 juin 2013
« Offrir au monde une autre vision d’Israël. »
Actualité juive, 27 mars 2014
« Ce surdoué milliardaire est inconnu. Et pourtant, il va
devenir le n°2 du téléphone en France ! »
Le Point, 27 mars 2014
« Les quatre enfants qu’il a eus […] étudient dans
les meilleurs écoles à Bristol, Genève et Tel Aviv, et semblent
programmés pour reprendre un jour les commandes. Tous les
vendredi soir [NDA : le soir du shabbat], Patrick Drahi
saute dans un jet de location pour les retrouver, rassemblés
dans l’une ou l’autre de ses propriétés. »
Capital, mai 2014
« Discret en France, M. Drahi l’est tout autant en Israël
[…] Le magnat du câble s’est quand même construit une solide
notoriété en développant les métiers d’un groupe dont plus d’un
Israélien sur deux est aujourd’hui client. »
Le Monde, 22 mars 2014 (en réalité, les deux tiers des
Israéliens sont ses clients)
« Israël est l’un de ses engagements les plus forts. »
Libération, 6 avril 2014
Faire fortune en câblant les HLM avec les
chaînes en arabe
En mai 2013, Patrick Drahi faisait savoir,
par une sommation juridique de son avocat Alexandre
Marque du cabinet Franklin, qu’il ne souhaitait pas
figurer dans le classement Challenges des 500 premières
fortunes françaises.
« M. Drahi a pris la nationalité israélienne et renoncé à
la nationalité française. La perte de la nationalité lui est
définitivement acquise. Il ne s’agit pas d’une double
nationalité franco-israélienne. » (Challenges 14 mars 2014)
Mais du fait de la polémique née au moment du rachat de SFR,
Patrick Drahi assure depuis être toujours français et agir,
évidemment, au nom des intérêts français.
C’est au Maroc que tout a commencé le 20 août 1963. Issu
d’une famille de la communauté juive de Casablanca, ce
petit-fils de tailleur a grandi dans une famille d’enseignants,
ses parents étant professeurs de mathématiques (comme cinq
autres personnes dans la famille). En 1978, les Drahi quittent
le Maroc et s’installent à Montpellier. Élève brillant, Patrick
intègre l’École polytechnique (promotion 1983), pourtant à
contrecœur : « Pas question de faire l’armée », selon
Challenges (17 mars 2014). Dans sa promotion, il se liera
plus particulièrement avec Éric Denoyer,
aujourd’hui PDG de SFR-Numéricable, Olivier Huart,
PDG de Télé Diffusion de France (TDF), qui a longtemps œuvré au
groupe Cegetel-SFR, ou encore Jacques Veyrat,
ancien président de Neuf Cegetel (racheté par SFR en 2008),
ancien président du Groupe Louis-Dreyfus et membre du Siècle.
Le Point (9 janvier 2014) indique qu’il a épousé une
Syrienne orthodoxe, lorsque cette dernière était étudiante en
médecine. Le couple s’est installé dans un pavillon à Thiais
(Val-de-Marne) et a quatre enfants (dont des jumeaux), deux
filles et deux garçons qui, élevés dans la plus pure tradition
cosmopolite, font leurs études à Lausanne, Bristol et Tel-Aviv.
Dispersée aux quatre coins du monde, la famille Drahi se réunit
une fois par semaine, pour le dîner du shabbat. Résident fiscal
en Suisse depuis 1999, Patrick Drahi est domicilié
officiellement à Zermatt, puisque les forfaits fiscaux y sont de
5 à 20 % inférieurs à ceux du canton de Genève, où son épouse
possède pourtant sa maison. Comme le résumait Le Canard
enchaîné (26 mars 2014), dans des allusions finalement assez
lourdes :
« Aucune résidence secondaire dans un fief familial. Pas
d’attaches bretonnes ou girondines, la terre natale à la
semelle des souliers. Drahi, c’est le Maroc, Israël, la
Suisse. Pas très catholique tout ça, petit. »
Drahi achèvera ses brillantes études à SupTélécom avant de
débuter chez Philips, à Eindhoven (Pays-Bas). Après s’être fait
la main au sein du groupe néerlandais d’électroménager, il fonde
en 1993 un cabinet de conseil aux entreprises pour le multimédia
et les télécoms, CMA, et va rapidement tout miser sur la
technologie du câble. Comme l’indique BFMTV (25 septembre
2013) :
« Il racontait qu’il avait regardé le classement des
fortunes de Forbes et avait jeté son dévolu sur le secteur
où il y avait le plus de millionnaires. »
Ainsi crée-t-il un câblo-opérateur à Cavaillon (Vaucluse),
Sud Câble Services, et réussit à convaincre la société
américaine Rifkin d’y investir avant que le câblo-opérateur ne
soit finalement racheté par InterComm (où il sera plus tard
consultant, de 1998 à 1999) :
« J’ai commencé à Cavaillon, dit-il. J’ai enchaîné les
réunions municipales devant les habitants – parfois devant
seulement trois mamies. J’ai convaincu le maire en lui
expliquant que, grâce au câble, on pourrait inventer une
sorte de Bourse du melon. […] Je vendais mon abonnement 79
francs pour 40 chaînes. Mais, surtout, j’avais câblé les HLM
et j’ai été le premier à mettre les chaînes arabes sur le
câble en France. Jusque-là, il n’y avait que des chaînes
comme CNN, la RAI Uno ou ZDF ! » (Le Point, 9 janvier 2014)
En 1995, il crée son second câblo-opérateur, Media réseaux,
et raccorde Marne-la- Vallée au câble avec l’aide des
investissements de l’américain UPC, entreprise dont il prend, au
printemps 1999, la direction des activités pour l’Europe
occidentale et méridionale. C’est à cette époque que Patrick
Drahi rachète pour 330 millions d’euros une série de
câblo-opérateurs français qui fonctionnaient très mal (en
général liés à des marchés locaux de HLM) : RCF, Time Warner
Cable, Rhône Vision Câble, Videopole et InterComm France. En
2000, trop heureux de se sortir de ce guêpier, l’État lui cède
des fréquences et Drahi fonde, avec NRJ et Wendel, un nouvel
opérateur, Fortel, dont il prend la présidence du directoire.
Quand la bulle Internet explose, UPC, qui a racheté les parts de
Drahi en 1999, met la clé sous la porte, mais le « roi des
synergies » (Le Canard enchaîné, 26 mars 2014) se
retrouve, lui, à la tête d’une petite fortune, ayant vendu ses
parts à temps. Après quelques nouvelles et juteuses affaires
dans l’immobilier, Drahi crée son propre fonds d’investissement,
Altice.
Altice, un fonds de droit luxembourgeois
domicilié à Amsterdam
Ayant commencé par racheter la compagnie alsacienne Est
Vidéocommunication (2002), il s’emparera, en moins de quatre
ans, de 99 % du câble français. Ainsi, via Altice, il rachète
entre autres Numericable, Noos, France Télécom Câble, TDF Câble,
UPC France, etc., ce pour deux milliards d’euros au total grâce
au soutien du fonds d’investissement britannique Cinven et du
bastion du complexe militaro-industriel américain – plus
qu’étroitement lié à la CIA – Carlyle. Tout se fait rapidement
et au détriment du client, comme lors de la fusion
Noos-Numéricable de 2006, un désastre retentissant. Patrick
Drahi signe avec différentes collectivités locales et
entreprises la délégation de service public de la boucle
régionale de très haut débit, comme en Alsace (2004). Plus tard,
il acquiert les câblo-opérateurs des DOM-TOM. En 2007, il
acquiert Completel, qui loue le réseau en fibre optique aux
entreprises, un investissement qui s’avérera stratégique pour la
suite.
On remarquera que la construction du réseau câblé français,
véritable désastre financier, a été en totalité financée par des
fonds publics (en clair, vos impôts). Mais, en raison de son
coût peu avantageux par rapport au satellite ou à l’ADSL, le
câble (pourtant un prodige technique) n’a longtemps fonctionné
que grâce aux clients captifs que sont les locataires d’HLM. On
peut donc considérer que c’est avec une certaine complicité des
collectivités territoriales qui équipent les logements sociaux
qu’Al-tice va s’enrichir. Or, comme l’expliquait Libération
du 14 mars 2014 :
« Son fonds Altice est de droit luxembourgeois, mais coté
à Amsterdam. Il y a logé tous ses actifs de télécoms : ses
40 % dans Numericable, le belge Coditel et le portugais
Cabovisao, l’israélien Hot, Outremer Telecom ou encore la
filiale d’Orange en République dominicaine qu’il vient
d’avaler pour 1,1 milliard d’euros. Et son holding
personnel, Next LP, abrité dans le fonds Altice qu’il
détient à 75 %, est immatriculé à Guernesey. »
Altice, qui s’est enrichi grâce aux collectivités locales via
les HLM, ne paie donc pratiquement pas d’impôts en France.
Patrick Drahi a investi également dans le câble et les
télécoms à l’international : au Portugal, au Benelux, en Afrique
de l’Est et en Israël. Ne parlant pas hébreu, il a commencé à
s’intéresser à Israël vraisemblablement quand il a racheté les
parts du premier câblo-opé-rateur du pays, Hot, à la banque
Leumi, en mai 2009. Il en prend le contrôle petit à petit
jusqu’à retirer la société, en 2012, de la bourse de Tel Aviv.
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Patrick Drahi reçu au ministère israélien des
Communications le 12 avril 2011
« Attila » (Le Point, 9 janvier 2014) divise
alors par deux les effectifs à coup d’externalisation et de
sous-traitance et s’attire les foudres des salariés locaux, ce
qui entraînera grèves et manifestations : « C’est avant tout
un as de la finance, et c’est vrai que la dimension humaine est
secondaire, seul compte le cash », confiait un proche de
Drahi au Canard enchaîné (26 mars 2014). Entre temps, il a
racheté l’opérateur téléphonique Mirs à Motorola pour 170
millions de dollars. Il compte regrouper ses activités
israéliennes dans un grand groupe de télécoms : Mirs sera
rebaptisé Hot Mobile en mai 2012. Ironie de l’histoire, en 2011,
il se retrouve en concurrence sur ce marché avec Michaël
Boukobza, qui détient 50 % de Golan Télécom. Michaël
Boukobza, ancien DG d’Iliad-Free, est une vieille connaissance
(qui a vendu une partie de ses actions en 2007 pour 27 millions
d’euros) puisque Drahi l’avait démarché lors du rachat de Hot.
Né en 1978, diplômé de l’ESCP, passé par les banques Rothschild
et Morgan Stanley, Michaël Boukobza, rebaptisé Michaël
Golan depuis son aliyah, est revenu dans le giron de
Xavier Niel en lui servant de « nettoyeur » (cost
killer) lors de la reprise du Monde, sans jamais
faire mystère de ses convictions ultrasio-nistes (par exemple,
lors de la renégociation du contrat liant le quotidien à l’AFP,
il osera rebaptiser l’agence d’informations « Agence France
Palestine »). Depuis, les deux hommes sont associés dans leur
concurrence à Drahi, aussi bien en France qu’en Israël puisque
Xavier Niel est entré au capital de Golan Télécom à hauteur de
30 % (ce qui explique les sorties de Niel, qui ne parle plus à
Drahi, en soutien à Martin Bouygues).
La constitution de cet empire du câble s’est réalisée par une
technique spéculative particulière qui consiste, par un effet de
levier appelée LBO, à s’endetter fortement pour racheter une
entreprise cible, avant de la restructurer pour en maximiser les
profits financiers, et rembourser les emprunts contractés par
ponction sur leur propre trésorerie. Drahi est épaulé par deux
hommes : le normalien Nicolas Paulmier et
l’Écossais Hugh Langmuir, patron du bureau
parisien d’Altice et directeur général du fonds depuis 2009,
avec qui il se réunit dans le lobby de l’hôtel Scribe, à Paris,
où Patrick Drahi, en bon « nomade atta-lien », loue une chambre.
Rencontré en 2005 à l’occasion du rachat de Noos, son banquier
conseil, Bernard Mourad, né à Beyrouth en 1975,
fils d’un cardiologue libanais, passé par HEC et Sciences-Po
Paris, est managing director chez Morgan Stanley. On
citera également Dexter Goei, directeur général
d’Altice, qui a rejoint Drahi en 2009 après quinze ans passés
dans la banque d’investissement Morgan Stanley, ainsi que
Patrick Giami, qui représente Altice dans
plusieurs pays, dont Israël.
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Le lobby de l’Hôtel Scribe, le QG parisien de
Patrick Drahi
« Sa martingale ? “Tant que je gagne, je
joue.” »
En novembre 2013, Numericable fait son entrée à la bourse de
Paris avant que la maison mère ne fasse de même le mois
suivante, à la bourse d’Amsterdam. C’est l’une des introductions
les plus importantes de ces dernières années, avec une levée de
fonds de 700 millions d’euros. En parallèle, alors qu’Altice ne
détenait jusque-là que 20,6 % des parts de Numericable, Patrick
Drahi lance le rachat du câblo-opérateur et obtient 40 % des
parts en janvier 2014. Dans la foulée, Altice se porte repreneur
lorsque Vivendi annonce la mise en vente de SFR. Le gouvernement
français annonce sa préférence pour l’autre candidat à la
reprise, Bouygues. Quelques heures avant la publication de la
décision de Vivendi, le ministre du Redressement productif,
Arnaud Montebourg, prévient Patrick Drahi sur
sa situation fiscale et déclare au micro d’Europe 1 :
« Numericable a une holding au Luxembourg, son entreprise
est cotée à la Bourse d’Amsterdam, sa participation
personnelle est à Guernesey dans un paradis fiscal de Sa
Majesté la reine d’Angleterre, et lui-même est résident
suisse ! Il va falloir que M. Drahi rapatrie l’ensemble de
ses possessions, biens, à Paris, en France. Nous avons des
questions fiscales à lui poser ! »
Et Najat Vallaud-Belkacem d’exprimer, avec une fausse naïveté
certaine, sa crainte de voir SFR « devenir une entreprise
suisse ». Le 14 mars, Vivendi annonce être rentré en
négociations exclusives avec Numericable. Ce jour-là, l’action
de Numericable gagne 15,49 %, pendant que Bouygues dévisse de
6,78 %.
Cette acquisition se fera, une fois de plus, grâce à un
endettement massif, Numericable étant huit fois plus petit que
SFR. Si la grenouille a avalé le bœuf, c’est que l’affaire a été
rondement menée. Il faut dire que dans cette affaire, Drahi
avait les faveurs de deux des « juges de paix » du CAC 40, le
milliardaire Vincent Bolloré et le président du
conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou.
Afin de limiter les critiques, Drahi s’est habilement entouré de
Raymond Soubie, ex-conseiller social à
l’Élysée, pour répondre de l’impact social (en liaison avec
Fleur Pellerin) de son projet mais surtout
d’Havas Worldwide pour préparer la communication, avec notamment
l’inévitable Stéphane Fouks et Arthur
Dreyfus (en liaison avec Bercy et Matignon).
Finalement Numericable rafle la mise le 5 avril et il y a
deux semaines, le 28 novembre, SFR a été officiellement avalé
lors de l’assemblée générale de Numericable, pour 13,36
milliards d’euros (soit une détention de 60 % du capital), dont
une grosse partie financée sous forme de dette. À la tête du
nouveau Numericable-SFR, dont il dirige le conseil
d’administration, Patrick Drahi a placé son fidèle bras droit,
connu à l’X, Éric Denoyer. Sur les neuf membres
du conseil d’administration six viennent de Numericable. On
remarquera qu’un des seuls rescapés de SFR, le DRH François Rubichon, est entré au Siècle en 2014.
Désormais, avec 28,2 millions de clients fixe et mobile, Patrick
Drahi fait jeu égal avec Orange, avec pour ambition (ce qui
arrivera certainement rapidement) d’être le leader du très haut
débit fibre et mobile. Insatiable, le jour de l’officialisation
du rachat de SFR, Patrick Drahi voyait l’Autorité de la
concurrence valider le rachat de Virgin Mobile, alors qu’à peine
une semaine auparavant, il finalisait le rachat de Portugal
Telecom (7,4 milliards d’euros au brésilien Oi). Altice accumule
à ce jour 25 milliards d’euros de dette (soit 4 à 4,5 fois son
Ebitda, c’est-à-dire son résultat brut). « Les marchés y
croient et Drahi les enivre », résument Les Échos (5
décembre 2014), et l’ogre Altice lorgne déjà sur Bouygues
Telecom. Comme l’indiquait Libération (14 mars 2014) : « Sa
martingale ? “Tant que je gagne, je joue.” »
Les investissements dans la presse française de
l’homme d’affaires israélien
Au plus fort des tractations pour le rachat de SFR, un fait
est passé totalement inaperçu : le 12 mars dernier, celui qui
allait devenir quelques jours plus tard le nouveau propriétaire
de SFR organisait la soirée d’inauguration d’i24News, « une
chaîne multilingue internationale avec un regard israélien ».
À cette soirée, on comptait parmi les invités Michel
Drucker, Daniela Lumbroso, Alexandre Arcady,
Francis Huster,
Ruth Elkrief ou encore Julien Dray
(qui défendra Patrick Drahi face à Arnaud Montebourg
sur Radio Communauté Juive le 16 mars). Discret en France,
l’homme s’est rendu célèbre en Israël, où il a été reçu
plusieurs fois par Shimon Peres. Outre le
financement de l’école de musique classique « Keshet Eilon »,
Patrick Drahi y possède un appartement dans la tour Rothschild à
Tel Aviv, la ville où il se sent chez lui. Il s’y déplace à
bicyclette (Bloomberg TV, 6 février 2014) et la fréquentation de
ses plages lui procure un « teint hâlé » (Le Point,
9 janvier 2014).
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La luxueuse tour Rothschild, où Patrick Drahi
possède un appartement, surplombe Tel-Aviv
En Terre promise, le « nabab des télécoms » a racheté
feu Guysen TV pour en faire un outil de diplomatie publique « ni
de gauche, ni de droite, mais pour Israël » (Jerusalem
Post, 25 décembre 2012), dixit Frank Melloul,
le directeur de la chaîne et organisateur de la soirée.
Né le 2 juillet 1973 à Fribourg (Suisse), Frank Melloul a
notamment été chargé de communication du ministre aux Affaires
européennes Noëlle Lenoir, porte-parole adjoint
aux affaires stratégiques, terro-risme, Proche-Orient en pleine
crise ira-kienne (2003-2004) au Quai d’Orsay, puis le conseiller
« presse et communication » de Dominique de Villepin
au ministère de l’Intérieur et à Matignon. En 2007, Melloul a
été bombardé directeur de la stratégie et du développement
international de France 24 avant d’occuper la fonction de
directeur de la stratégie, du développement et des affaires
publiques de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF). Il
restera à l’AEF jusqu’en 2012, avec un passage comme directeur
de cabinet du secrétaire d’État chargé des Affaires européennes,
Pierre Lellouche. Précédemment, ce spé-cialiste
du « soft power » avait été le conseiller de Lellouche, lorsque
ce dernier était le représentant spécial de la France pour
l’Afghanistan et le Pakistan. Fort de cette expérience, Frank
Melloul a recruté pour la branche francophone d’i24News (la
chaîne émet également en anglais et en arabe) des familiers de
ce public, comme Stéphane Calvo, un « vrai
patriote » (L’Opinion, 17 juillet 2014), transfuge
d’Europe 1, comme directeur d’antenne, et Jean-Charles
Banoun, journaliste vedette en provenance lui aussi
d’Europe 1, au « grand direct ».
« Doter Israël d’un outil d’influence qui contribue à son
rayonnement culturel et politique, c’est là un défi qui
mérite d’être relevé […] C’est le moment opportun pour
mettre en place un outil d’influence comme celui-là […] Je
consi-dère qu’aujourd’hui la plus sérieuse menace pour
Israël, ce n’est pas le nucléaire iranien, mais la campagne
de délégitima-tion qui est menée contre lui […] Le rôle de
notre chaîne sera justement d’être la Kipat Barzel, le dôme
d’acier de la -communication israélienne. »
Comme le résu-mait le quotidien économique israélien Globes (3 mai 2009), si Drahi « investit en Israël
[c’est] parce qu’il est sioniste ». Ce qui est
certainement très exact, puisque c’est le Premier ministre
israélien Benyamin Netanyahou qui souhaitait,
depuis 2010, la création d’une telle chaîne d’informations en
continu. Pour l’opération « Bordure protectrice » de l’été 2014,
i24News délocalisera spécialement son 20h sur les hauteurs
d’Ashkelon, avec une vue imprenable sur Gaza : « Depuis le
début des événements, on bat tous nos résultats d’audience » (L’Opinion,
17 juillet 2014).
Parallèlement, sollicité par le principal actionnaire de Libération,
Bruno Ledoux, Patrick Drahi a
largement contribué à la recapitalisation du quotidien
ex-gauchiste en investissant 4 millions d’euros en avril
dernier, puis 10 millions d’euros le 31 juillet suivant,
devenant ainsi actionnaire à 42,5 % de Libération, où ses
intérêts sont représentés par Marc Laufer.
Alors qu’il a déjà acquis les chaînes Vivolta (créée par Philipe Gildas), Shorts TV et Kombat Sport ainsi que le
groupe Ma Chaîne Sport, Patrick Drahi ne compte pas s’arrêter en
si bon chemin, étant actuellement en lice pour le rachat de L’Express-L’Expansion où encore de Radio Nova.
Cet article a été écrit en exclusivité pour
Égalité & Réconciliation par la revue Faits & Documents
d’Emmanuel Ratier.
Visiter le site de la revue :
faitsetdocuments.com.
Citizen Drahi, Israélien de cœur et de
nationalité : un empire médiatique tentaculaire
Le Libre Penseur, 2016
Dans les locaux de i24News, propriété
de Patrick Drahi, à Jaffa.
Voici comment les services
secrets construisent un empire médiatique sur un financement
complètement bidon basé sur la dette et ce pour un objectif
simple : propagande, propagande et encore propagande. Ils ont
bien lu et compris L’Art de la guerre de Sun Tzu et ils
comptent appliquer ses stratégies à la lettre. Il est totalement
inconcevable matériellement de s’enrichir aussi vite et tant que
ça ! Comme le disait parfaitement Balzac il y a bien longtemps
déjà, derrière chaque grande fortune se cache un crime.
Ce qui est encore plus grave, ce
sont nos services spéciaux et gouvernants qui font semblant de
ne rien voir, rien comprendre. Ils acceptent même des ITW sur
ces médias !
Ce qui est encore plus grave, ce
sont nos services spéciaux et gouvernants qui font semblant de
ne rien voir, rien comprendre. Ils acceptent même des ITW sur
ces médias !
Sa holding israélienne s’appelle Cool Limited.
Son attachement à Israël, où le milliardaire à la double
nationalité franco-israélienne réside par intermittence, se
veut « sentimental ». Au cœur
de la recomposition du paysage des télécoms et des médias en
Israël, Patrick Drahi est muet à Tel-Aviv. Ce qui ne veut
pas dire qu’il est inactif. Et il a créé un empire
médiatique comprenant BFMTV, L’Express, Libération, RMC,
Stratégies, i24News…
Motus et bouche cousue : le milliardaire
franco-israélien des télécommunications et des médias est un
homme muet, du moins pour la presse. Du genre à éviter les
journalistes, à grommeler rien qu’en les croisant, à la
manière du patron de presse imaginé par Franck Capra dans La
blonde platine (1931), qui méprise tellement les
journalistes qu’il croit pouvoir les acheter pour
50 dollars. Changement d’époque : Patrick Drahi ne corrompt
pas, il achète des rédactions entières, à Paris comme à
Tel-Aviv. Le nouveau tycoon mondial du téléphone, du câble
et des médias est désormais le patron d’un groupe qui compte
près de 55 000 salariés dont plusieurs centaines de
journalistes.
Patrick Drahi est sur répondeur. Il ne
donne pas suite aux questions d’Orient XXI sur ses affaires
en Israël, malgré nos relances auprès de son porte-parole,
Arthur Dreyfuss, ancien du Quai d’Orsay et de l’agence de
publicité Havas WorldWide, deux bonnes écoles de langue de
bois. Affaire de tempérament ou savant calcul, Drahi préfère
l’ombre à la lumière. Discret en France, il a cependant
présenté en détail sa stratégie sur l’avenir de SFR, le
second opérateur de téléphonie qu’il contrôle depuis le
printemps 2014,devant la commission des affaires économiques
de l’Assemblée nationale le 27 mai. Et la presse française
lui consacre de nombreux articles où revient en boucle cette
idée qu’Israël a été pour Drahi le « laboratoire » de ses
visions industrielles.
Rien de tel en Israël,
où il est pour le public un illustre inconnu, bien qu’il
soit devenu cette année l’homme le plus riche du pays. Riche
et pas célèbre ? Curieux paradoxe. Âgé de 52 ans, Drahi
cite Albert Einstein en adaptant « sa plus belle équation
de la relativité : Soit A un succès dans la vie, alors A = x
+ y + z, avec x = travailler, y = s’amuser, z = se taire. »1.
En Israël, son pays d’adoption, il se tait donc. « Il
pourrait presque faire penser à un agent du
Mossad, plaisante à moitié un ami israélien. Tellement
transparent que cela en devient suspect ». « En Israël,
tout petit pays, c’est très facile de se faire un nom, ne
pas le vouloir est beaucoup plus difficile », ironise un
journaliste. Pas une couverture de magazine, pas une
interview dans la presse de Tel-Aviv, pas un débat télévisé,
pas non plus de première à l’opéra. Cette discrétion
médiatique sonne presque faux dans ce pays qui raffole
du people et des success stories, adore aussi les nouveaux
arrivants étalant de bon cœur leur foi sioniste. Drahi,
installé depuis six ans en Israël — où il ne réside
cependant que par intermittence — devrait être un bon
« client » pour les médias israéliens.
Une
seule fois, en recevant en mars 2015 le prix du mont Scopus
récompensant son action philanthropique en faveur de
l’université hébraïque de Jérusalem, Patrick Drahi a évoqué
ses premiers jours en Israël : « En 2008-2009, c’était la
crise, et je voulais investir aux États-Unis. C’était le bon
moment . Je vais à New York. Mais je me dis, c’est trop
grand pour moi. Et on m’appelle pour me dire qu’il y a un
truc à faire en Israël. J’arrive et je vais à la tour
Millenium à Tel-Aviv, puis je vois des tours partout. Ça
ressemble à New York. Je descends dans la rue et c’est le
bazar. C’est le souk, cela me rappelle Casablanca. Bref, je
me retrouve dans un mélange de New York et de Casa. Je suis
comme à la maison. »2.
Son représentant en Israël, Patrice Giami, confiait en 2014
au journal Le Monde que pour son patron« s’implanter ici
était initialement une décision très rationnelle en rapport
avec une opportunité industrielle. Puis est venu un intérêt,
un attachement beaucoup plus sentimental pour ce pays, son
état d’esprit et le projet qu’il incarne… »3.
Clin d’œil sentimental en France, Drahi a donné le nom de
Zive au tout nouveau service de vidéo à la demande de SFR.
Zive, prénom hébreu se traduisant par « splendeur » ou
« luminosité »…
Drahi est israélien de
cœur mais aussi de nationalité depuis 2013. Pour le peu
qu’il s’affiche ici, le milliardaire semble « un gars
plutôt sympa et cash, qui sort tranquillement dans les
restaurants de Tel-Aviv », assure l’un des rares
journalistes l’ayant rencontré. « On a mangé en famille à
la marocaine dans un restaurant de Neve Tzedek », charmant
quartier du sud de la ville, raconte Johan Hufnagel,
directeur des éditions deLibération, convié en février à
Tel-Aviv par Drahi avec ses collègues de la direction du
journal, Laurent Joffrin, Alexandra Schwartzbrod et le
directeur général Pierre Fraidenraich. Pour « faire
connaissance ». Rien de formel. Outre le dîner, l’équipe
deLibération aura droit à une visite des locaux de i24News,
une rencontre avec Shimon Pérès, une visite de Jérusalem.
Pas un mot sur le contenu du journal, ni sur sa couverture
de l’actualité Israël-Palestine, « sur laquelle il n’est
jamais intervenu », assure Hufnagel. Juste faire découvrir
ce pays qu’il aime. Et sur lequel Alexandra Schwartzbrod,
qui a été correspondante à Jérusalem, écrit des papiers
sévères, fort peu sionistes au sens où l’entend la droite
israélienne. Peu importe pour Drahi qui ne cache certes pas
son empathie sioniste mais ne la proclame pas, se contente
de « vouloir montrer au monde le vrai visage d’Israël »4.
Sa vision « sentimentale » lui permet de ne jamais
s’engager sur les sujets qui fâchent. De l’occupation de la
Palestine au racisme
de la société, du poids des religieux au modèle de
croissance, ils brossent un « visage » du pays peu
flatteur.
Mais si Drahi est silencieux, sa chaîne
d’infos en continu i24News qui émet en arabe, anglais et
français parle pour lui. Son objectif, directement inspiré
du modèle qatari d’Al-Jazira : proposer « un regard depuis
le cœur de la société israélienne » sur le monde et le
Proche-Orient, explique son directeur, Frank Melloul. Sur
i24News, on défend Israël de manière sobre mais déterminée.
Derrière le soft d’une chaîne à l’habillage soigné et les
trois plateaux qui diffusent simultanément en trois langues,
il y a lehard : une ligne éditoriale tout à fait
pro-israélienne, outil politique dans un paysage des médias
en recomposition.
Au delà, sa discrétion
s’explique aussi par des affaires sur place qui ne sont pas
forcément florissantes. Sa compagnie Hot, qui propose
le quadruple play, c’est-à-dire une offre commerciale
rassemblant téléphone fixe et mobile, télévision et
internet, affiche certes des résultats flatteurs mais son
image auprès du public est très mauvaise, en raison
d’innombrables bugs. Et elle vient de se faire souffler le
rachat de son concurrent Golan par son rival Pelephone. Sa
chaîne télé est officiellement promise à devenir « le bras
international du groupe Altice », poursuit Melloul. Dans
les faits elle lui coûte « un bras » : 50 millions d’euros
par an, sans que l’audience soit au rendez-vous. Pas grand
chose à l’échelle de la fortune de Drahi, mais énervant pour
un homme qui, commente Johan Hufnagel, « a une vision
bussiness qui consiste d’abord à mettre les boîtes à
zéro ». Les lourdes pertes de i24News — même si Frank
Melloul promet « l’équilibre dans les deux prochaines
années » — ne peuvent donc que chatouiller
son « pragmatisme » en matière de gestion, selon le mot
d’un collaborateur du groupe Altice. « Il déteste
perdre »,résume-t-il. « Son savoir-faire en matière de
réduction des coûts et de gestion est unanimement
reconnu », résume aussi Les Échos5.
L’HOMME LE PLUS RICHE D’ISRAËL
Ce « pragmatisme » lui a permis de
devenir en 2015 l’homme le plus riche d’Israël, au nez et à
la barbe des vieilles dynasties du pays comme des nouveaux
riches de la privatisation et de la high-tech. Mais pas le
plus connu. « Drahi, ah oui, le type des télécoms, il ne se
fait pas remarquer », dit un député de gauche.« Il paraît
qu’il passe de temps à temps à Tel-Aviv, ajoute un
journaliste, mais c’est toujours incognito ». « Ton Drahi,
il n’intéresse personne ici, explique un collègue de
l’AFP. Il ne s’est pas lié à des clans politiques, reste à
l’écart du débat public ».
Sa double nationalité
française et israélienne est systématiquement signalée par
les médias israéliens, mais c’est un statut assez banal dans
ce pays où plus de 700 000 personnes, soit en gros 10 % de
la population, disposent d’une double nationalité6.
L’un de ses anciens avocats, Me Alexandre Marque, qui a fini
par intégrer son état-major de Genève il y a quelques
semaines, précisait même en 2013 à Challenges que Drahi
avait choisi la nationalité israélienne et renoncé à la
française. L’avocat était ensuite revenu sur la révélation
de ce qui était sans doute une bévue « sentimentale » de
son patron. Car en Israël la fiscalité des grandes fortunes,
sans être abominable, est plus lourde qu’en Suisse — et
spécialement à Zermatt, où Drahi est officiellement
domicilié. Il y a obtenu le statut envié, précise un
collègue suisse, de « résident fiscal », et possède un
appartement dans cette morne station du Valais aux taux
d’imposition particulièrement doux.
Drahi est un homme de
nulle part qui a débuté en France, réussi en Israël et passe
à présent à la conquête du monde. Ses holdings personnelles
se trouvent au Panama et à Guernesey (paradis fiscaux)7,
le groupe Altice qu’il contrôle à près de 60 % est coté à la
bourse d’Amsterdam depuis janvier 2014, et le tout est
dirigé depuis Genève. Il y a installé son état-major d’une
quinzaine de personnes, et habite une belle maison à
Cologny, la plus chic des banlieues. À Tel-Aviv, il a acheté
un vaste appartement dans la tour One Rothschild, coûteuse
adresse en bas de la plus célèbre avenue de la ville. Mais
pas la plus bling-bling dans une ville où le prix de
l’immobilier de luxe dépasse 20 000 euros le m2. Le plus
souvent, il est dans son jet privé et sillonne le monde,
700 heures par an selon les calculs des Échos. Ses filiales
israéliennes, qui représentaient il y a deux ans plus du
quart du chiffre d’affaires de son groupe, sont devenues
modestes dans son nouvel empire. Le chiffre d’affaire annuel
de Hot est d’environ 900 millions d’euros, celui de i24News
anecdotique à l’échelle d’Altice, dont le chiffre d’affaires
grossit avec les achats des derniers mois dans le câble aux
États-Unis (Cablevision puis Suddenlink). Il devrait
s’établir à 31 milliards d’euros pour 2015, avec des dettes
de 40 à 45 milliards d’euros.
Cet endettement majeur et les opérations
financières acrobatiques pour s’offrir Numericable-SFR,
Virgin Mobile, Portugal Telecom,Libération, L’Express puis
les câblo-opérateurs américains, inquiètent même les banques
d’affaires. Goldman Sachs note que Drahi a dû emprunter à
des taux grimpant jusqu’à 10 % pour acquérir Cablevision
(pour 17,7 milliards d’euros). Pour réduire son endettement,
la banque recommande au groupe de poursuivre sa politique de
réduction des coûts. Et ce métier decost-killer piloté par
les banquiers d’affaires, l’entrepreneur l’a exercé chez
Hot. De 5 000 en 2012, les salariés sont moins de 2 500
aujourd’hui. Drahi a fait sa marge sur une purge sociale.
DANS LES MÉANDRES DES HOLDINGS
Avec une ironie amère pour les anciens
salariés de Hot, Drahi a baptisé la holding de tête de ses
affaires israéliennes « Cool Holding Limited » (elle-même
filiale d’une sous-holding luxembourgeoise filiale d’une
autre holding luxembourgeoise, etc. jusqu’à la holding
panaméenne). Cela n’est pas anecdotique dans un pays qui
dépense des millions d’euros chaque année en marketing et en
publicité pour améliorer une image déplorable sur la scène
internationale. L’un des vecteurs de propagande de
l’ambassade israélienne à Paris s’appelle d’ailleurs coolisrael.fr.
Il est dédié à la « cool attitude » vantée par les
magazines du monde entier (« Tel-Aviv, la ville qui ne dort
jamais », « la start-up nation ») et qui séduit tant
Drahi, mais n’est que le cache-sexe de l’occupation, de la
régression sociale et de la dureté d’une société de plus en
plus raciste et intolérante.
Tout pourrait laisser croire que 2015
aura été une année « cool » pour Drahi, au moins en
France. Il vient de parachever la prise de contrôle de SFR —
fusionnée avec Numericable —, celle deLibération. Il mène
une purge d’ampleur dans le groupe Express,s’est offert le
magazine Stratégies consacré à la publicité, et surtout
s’est associé avec Alain Weil, qui lui apporte à terme le
contrôle de deux médias d’influence, BFM TV, la première des
chaînes d’information en continu et RMC , une radio à
l’audience moyenne de 8 %.
Pourtant en Israël, la
constitution en moins d’un an de cet important groupe de
médias en France est passée inaperçue. Quelques lignes
dans Haaretz et Globes, l’équivalent local desÉchos, rien
dans le Jerusalem Post. Dans ce pays où 90 milliardaires
contrôlent plus de 75 % des richesses du pays, c’est a
priori paradoxal. Selon le classement Forbes 2015, il serait
à la tête de 16,5 milliards de dollars, ce qui fait de lui
la 57e fortune mondiale, la 5e fortune française et la
première fortune israélienne. Pour sa part Challenges évalue
en juillet 2015 sa fortune à 16,7 milliards d’euros, tout en
considérant que « son patrimoine est inestimable, au sens
propre »8.
Inestimable car planqué dans les méandres des holdings, mais
aussi parce que son groupe, en France comme en Israël, est
basé sur un pari, celui de la convergence des médias,
c’est-à-dire de l’association des « tuyaux » et des
« contenus ». Même si l’échec de Vivendi Universal et de
Jean-Marie Messier, qui avait basé sa stratégie industrielle
sur la « convergence » au tournant du siècle, a refroidi
les esprits, force est de constater que plusieurs
milliardaires y croient à nouveau dur comme fer, à commencer
par Patrick Drahi. La bagarre est ouverte à Paris, comme à
Tel-Aviv, et c’est sur ce pari que l’homme joue sa fortune.
L’OPÉRATEUR DE TÉLÉPHONIE HOT
Car cette convergence qu’il prépare en
France, Drahi la met également en œuvre en Israël. Dès 2009,
il rachète trois câblo-opérateurs et les fusionne à la
hache. Drahi lance ensuite Hot Mobile en 2012, tout en
investissant dans la fibre optique. Rapidement, Hot devient
le troisième opérateur de téléphonie du pays et contrôle
60 % du marché de la télévision payante, grâce à des
offres quadruple play. Or, un peu comme les télévisions
privées en France ont des obligations de production
cinématographique, les câblo-opérateurs israéliens doivent
investir dans la production télévisée. Avec des séries
comme Connected, Astur, et surtout La famille Zagouri, qui
met en scène deux familles, l’une juive d’origine marocaine
et l’autre de Palestiniens de l’intérieur, Hot va imposer
des succès auprès du public populaire. La compagnie investit
en 2014 près de 200 millions d’euros dans la production
audiovisuelle, soit 21 % de son chiffre d’affaires. De plus,
grâce à des coûts de production serrés — 250 000 dollars
l’épisode, contre près de 3 millions aux États-Unis — et à
des tournages en anglais, les séries Hot s’exportent
massivement.
Outre cette belle rentabilité, Hot a
contribué ces dernières années à renforcer le dynamisme de
l’industrie de l’entertainment en Israël, très connecté à
Hollywood, mais aussi aux centres de production européens.
C’est aussi une arme redoutable contre le boycott culturel,
la hantise du gouvernement israélien. Comment faire
boycotter des séries diffusées dans 70 pays, qui montrent
des réalités sociales, politiques fort différentes de la
propagande officielle ? Misère, dépression, angoisse d’un
avenir incertain, racisme : une partie de ces séries
racontent un pays déchiré par la haine.
Mais cette position dans une industrie
stratégique en Israël lui est très utile car les choses vont
moins bien côté téléphone. L’affrontement sur les tarifs
avec son plus féroce concurrent, Golan, dont Xavier Niel, le
patron de Free en France est un important actionnaire,
continue de faire des dégâts. Golan est dirigé par Michaël
Golan, resté dans l’histoire de la presse française comme
le cost-killer du Monde, sous son nom d’alors de Michaël
Boukobza, alias « Bazooka ». Il s’est ensuite installé en
Israël, a changé de nom et s’est d’abord allié avec Patrick
Drahi, avant de le trahir et de lancer une compagnie
concurrente, Golan Telecom. L’inimitié entre eux remonte à
cette époque. Mini-vengeance, Drahi s’est rapproché en
Israël de Jérémie Berribi, un as de la finance qui a
longtemps conseillé Xavier Niel, patron de Free, pour ses
investissements, avant de s’éloigner de lui.
Affaibli par la guerre des prix, n’ayant
pas réussi à atteindre une taille critique, Golan Telecom a
été mis en vente. Hot était sur les rangs, mais Golan et
Niel lui ont préféré Pelephone, le leader de la téléphonie
mobile en Israël. L’opérateur a racheté Golan le
1er novembre pour environ 240 millions d’euros. Pelephone
est désormais à la tête de plus de 3,5 millions d’abonnés au
mobile, contre 1,2 pour Hot. Une longueur d’avance
déterminante sur un marché aussi volatile, d’autant que Hot
doit améliorer son image déplorable. Son réseau est
unanimement détesté par le modeste mais significatif
échantillon interrogé à Tel-Aviv. Hot a certes cassé les
prix et fait découvrir aux consommateurs le quadruple play.
Mais Drahi a négligé le service clients — la hotline qui
peut rendre fou. Mais quelques centaines de clients
mécontents s’exprimant en hébreu sur les forums d’Internet
ne suffisent pas à vous pourrir une réputation, surtout dans
un pays où les gens haussent le ton pour un oui ou pour un
non. Toutefois, conscient du problème, le président de Hot,
Ilan Tzahi, vient d’annoncer des investissements
« substantiels » dans le service clients.
LA CHAÎNE PRO-GOUVERNEMENTALE
I24NEWS EN DIFFICULTÉ
Si Hot ne va pas très fort, i24News va
très mal. Son principal titre de gloire est d’être installé
dans un hangar rénové du port de Jaffa loué à la
municipalité, ce dont la chaîne a fait un argument
publicitaire. Au cœur de la ville arabe, le port et ses
vastes cafés incarnent cette cool attitude typique d’une
Tel-Aviv réputée hédoniste. Cette localisation permet à
i24News de mettre en avant la coexistence entre juifs et
Arabes dans la rédaction ; c’est faire fi des tensions
propres à la gentrification de Jaffa. « Nous employons ici
250 personnes de 35 nationalités, explique son directeur
Frank Melloul. Juifs, chrétiens et musulmans, travaillent
ensemble dans la même rédaction, pour favoriser la synergie,
avec des régies spécifiques, des présentateurs et des chefs
d’édition par langue ».
i24News dépense 50 millions d’euros par an, à la charge du
groupe Altice, chiffre que Melloul refuse de confirmer mais
qu’il ne dément pas non plus. Il promet que la chaîne sera à
l’équilibre dans deux ans, mais au vu des audiences cela
semble tenir du pari perdu d’avance. Le directeur revendique
plus de 2,6 millions de visites par mois en France, où sa
chaîne serait « devant LCI sur les CSP +9 pendant
le prime time de 19-21h ». Cependant, selon les chiffres de
Médiamat’ Thématik, qui mesure l’audience des chaînes sur le
câble, le satellite et l’ADSL10,
son audience en France est inférieure à 0,1 %, soit quelques
dizaines de milliers de personnes.
Alors i24News est-elle pour Drahi une
impasse financière dont il va se retirer rapidement,
maintenant qu’il a pratiquement mis la main sur l’autrement
puissante BFMTV très regardée à l’international, notamment
au Maroc, en Algérie et… en Israël ? C’est ce que pensent
de nombreux observateurs à Tel-Aviv. « Je n’ai pas de
statistiques, évidemment, m’explique un retraité francophone
de Tel-Aviv, mais je vous assure que ceux qui parlent
français ici regardent pratiquement tous BFM ». i24 News a
le double défaut d’être trop mollement pro-israélienne aux
yeux des inconditionnels, tout en l’étant beaucoup trop pour
les autres. Nulle neutralité donc à l’écran, au delà de ce
morne ronron télévisuel et consensuel aussi ennuyeux que la
mondialisation que la chaîne incarne du point de vue
israélien. On y parle « implantations » et non pas
« colonies », et ce marqueur linguistique résume le plus
souvent le point de vue en Israël. Les jolis présentateurs
et présentatrices débitant de la dépêche sur des images
d’agences, les plateaux maigrichons limités à la présence de
francophones de Tel-Aviv et de personnalités de passage,
comme récemment le ministre de l’économie Emmanuel Macron,
ne suffisent pas à construire une audience digne d’un
investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros.
UNE AMBITION POLITIQUE
Mais il n’est pas sûr que la conquête
d’une audience mondiale soit le véritable objectif de Drahi,
qui pourrait préférer faire de i24News un levier politique
en Israël même. Cela implique de mettre « les mains dans le
cambouis médiatique local », selon le mot d’un confrère.
Pour l’instant la chaîne est aussi muette en Israël que
Drahi, pour des raisons de législation sur l’audiovisuel et
la télédiffusion — hormis sur la Toile. Cependant le ton
lisse mais très pro-israélien de la chaîne sert Drahi. En
effet, le gouvernement Nétanyahou, coalition
de droite extrême et d’extrême droite est plus qu’agacé
par les chaînes 2 et 10, leaders en matière d’information.
Elles sont quasiment considérées comme gauchistes et
pro-palestiniennes, dirigées par ceux que la ministre de la
culture Miri Regev qualifie de « self hated Jews ». Or
Benyamin Nétanyahou pourrait modifier la loi sur la
télédiffusion et permettre à i24News d’émettre en Israël si
en échange Patrick Drahi lui donnait un petit coup de main
éditorial.
En attendant, Drahi a expédié un commando
sur le port de Jaffa, avec un cost-killer, Patrick Cohen, et
un rédacteur en chef pour l’antenne française, Paul Amar.
Cette gloire de l’information télévisée « à la papa »,
plus connue pour sa déférence que son impertinence,
sera-t-elle l’artisan du ralliement à Bibi ? Un diplomate
résume la situation : « i24News ne sert à rien, sauf aux
projets de Drahi. Personne ne croit à ses niaiseries de
dialogue entre les peuples et les langues. Or Drahi ne
semble pas être le genre d’homme à perdre « pour des
prunes » des millions d’euros. Alors oui, il va entrer dans
la danse de Bibi ». Pour complaire au premier ministre,
Drahi pourrait s’allier à Arnon Moses, l’une de ses rares
relations connues. Le propriétaire du principal
quotidien, Yediot Aharonot et du site Ynet (Ynetnews.com ou
Ynet.co.il en hébreu) est lui aussi un partisan convaincu de
la « convergence » des médias. Un journal, une télé, un
site web : voilà qui a une certaine logique, et offre une
issue à i24News, qui se lancerait alors en hébreu. Certes,
Moses n’est pour le moment pas en cour auprès de Nétanyahou,
qui lui préférait un autre magnat des médias, Sheldon
Adelson, le « roi des casinos » de Las Vegas et Macao. Âgé
de 82 ans, ce sioniste acharné possède le quotidien
gratuit Israël Yahom lancé en 2007 et qui avait comme
constante de toujours défendre le premier ministre, souvent
pour le pire. Mais depuis la dernière campagne électorale,
les deux amis se sont brouillés, et Nétanyahou se cherche
des alliés dans les médias. Pourquoi pas Moses et Drahi ?
Une partie à trois bandes est en train de se jouer. Drahi
pourrait aussi faire un geste pour le Maariv, un quotidien
de centre droit dont la santé n’est pas flambante. Ces
petits services à un premier ministre en délicatesse avec
les médias obligeraient Drahi à sortir du bois en Israël,
mais c’est sans doute le prix de la survie pour i24News.
En attendant de clarifier sa position sur
la scène médiatique en Israël, Drahi y poursuit ses
emplettes. Il a acheté en juillet 2014 pour une trentaine de
millions d’euros Rav Kook, au sud de Tel-Aviv, un ensemble
de bâtisses en décrépitude qui compte la plus ancienne
synagogue de la ville, construite en 1904 et fermée depuis
plus de vingt ans. Un projet immobilier de luxe y était
prévu, et Drahi avait souhaité y acheter un appartement,
avant finalement de racheter le site. En fera-t-il une
résidence et un hôtel de luxe, un centre culturel, des
studios pour i24News ? Rénover la synagogue lui permettra
d’adresser une politesse aux religieux, ce qui est toujours
utile en Israël. À deux pas des quartiers branchés,
jouissant d’une vue sur la mer, Rav Kook offre une grande
visibilité à Patrick Drahi. Comme une chaîne de télé, et
pour beaucoup moins d’ennuis.
Jean Stern
Source :
https://orientxxi.info/magazine/citizen-drahi-israelien-de-coeur-et-de-nationalite,1112
1
« Patrick
Drahi, Prix Scopus 2015, de l’ombre à la lumière »,
Tribune juive,29 mars 2015.
2
Ibid.
3
Marie de Vergès,
« Le « labo »
israélien de Patrick Drahi »,
21 mars 2014.
4
Pascal Lacorie,
« Bientôt une chaîne d’info
israélienne en français sur le modèle d’Al-Jazira »,
La Tribune, 5 juillet 2012.
5
Fabienne Schmitt,
« Dans la tête de Patrick Drahi,
2 octobre 2015.
6
De nombreux Israéliens ont récupéré la
nationalité allemande où polonaise de leurs familles. Il y a
de nombreux Israélo-américains — dont le premier ministre —
et de plus en plus d’Israélo-français.
7
L’économiste Benoît Boussemart a établi
l’organigramme financier du groupe Altice, contrôlé à
environ 60 % par Patrick Drahi.
Publié par Capital en juillet 2015, il compte des
dizaines de sociétés, de holdings, sous-holdings qui
permettent, comme l’écrit le magazine, peu suspect
d’anticapitalisme, de « brouiller
les pistes ».
8 Eric Tréguier,
Challenges, juillet 2015.
9
NDLR. Catégories
socioprofessionnelles supérieures.
10
Audience pour la période du 29 décembre 2014 au
14 juin 2015.
L'acquéreur de SFR, Patrick
Drahi, est un militant « sioniste » ayant renoncé à la
nationalité française
17 Mars 2014
UN MILITANT «
SIONISTE » AYANT RENONCÉ À ÊTRE FRANÇAIS,
BIENTÔT À LA TÊTE DU 2ÈME OPÉRATEUR DES
TÉLÉCOMS EN FRANCE.
« David a gagné contre tous les Goliaths »:
c'est en ces termes que Numericable s'est
félicité, vendredi 14 mars, du feu vert de
Vivendi pour lui céder SFR {http://panamza.com/zm
}.
Patron-fondateur du groupe
Altice-Numericable, Patrick Drahi est un
milliardaire israélien et résident
fiscal en Suisse qui a renoncé -en 2013- à
la nationalité française {http://panamza.com/zy
}. Cet élément d'information, dévoilé
vendredi par le magazine Challenges, n'a pas
été rapporté par France 2 {http://panamza.com/zo}
et BFM TV {http://panamza.com/zp
}.
En 2009, Patrick Drahi, originaire du Maroc,
affirmait vouloir investir en Israël en
raison de ses convictions « sionistes » {http://panamza.com/zq}
et déclarait, deux ans plus tard, son
intention de s'installer « immédiatement »
dans le pays {http://panamza.com/zr
}.
Le 5 février 2014, il accordait -fait rare-
une interview à la chaîne américaine
Bloomberg TV au cours de laquelle, à propos
de sa vie privée, il soulignait se déplacer
sans chauffeur et rouler en bicyclette à Tel
Aviv {http://panamza.com/zv
}.
Le 14 mars, l'homme qui détient Numericable
avec le groupe Carlyle (bastion du complexe
militaro-industriel US) participait à la
soirée parisienne de présentation de sa
chaine d'info internationale i24news
(destinée à « améliorer l'image d'Israël »)
en compagnie, entre autres, de Claude
Goasguen, NKM, Hassen Chalghoumi, Nagui,
Michel Drucker, Karl Zéro, Ariel Wizman,
Yves Thréard et Marek Halter {http://panamza.com/zs}.
L'élu socialiste Julien Dray, également
convié, a défendu aujourd'hui, sur l'antenne
de RCJ, la réputation de Patrick Drahi à la
suite des soupçons formulés par le ministre
Arnaud Montebourg au sujet de son
patriotisme économique {http://panamza.com/zu}.
*** SOUTENEZ L'INFO-PANAMZA {http://panamza.com/5334
} ***