La
Commission
Indépendante
d'Experts
l'est-elle vraiment ?
La
Commission Indépendante d'Experts, mieux connue
sous le nom de Commission Bergier, du nom de son
président, vient de publier en date du 22 mars
dernier son rapport final : 15 volumes au prix " discount
" de 22 millions de francs suisses. A qui profite la
Commission Bergier ? Est-il nécessaire de rappeler
que cette Commission fut instituée par le Conseil
fédéral dans le but de faire la
lumière sur le bien-fondé des
revendications du Congrès juif mondial dans le
cadre de l'affaire des fonds juifs en
déshérence ? V&J a estimé faire
uvre utile en publiant deux brochures sur la
question : le 11 mars 2000 V&J présentait,
dans le cadre d'une conférence publique à
Sion, Le Contre-Rapport Bergier, en français et en
allemand. Suivait, en février 2001, une nouvelle
brochure, La Suisse et les fonds juifs en
déshérence, une chronologie de ces
événements. Précisons que, quand
bien même le Conseil fédéral incitait
les citoyens à se consacrer à ce " travail
de mémoire ", et quand bien même la
Constitution fédérale garantit formellement
la liberté d'expression, le Comité de
V&J se trouve en prise à une répression
pénale pour s'être exprimé
publiquement à ce sujet. Dans ces deux brochures,
V&J a rappelé certains faits susceptibles
d'attirer l'attention du public : ces faits n'ont,
à ce jour, jamais été
réfutés autrement que par des procès
d'intention. Pour ne prendre qu'un seul exemple, mais
d'importance, le quotidien Le Temps soulève, dans
son édition du 30 mars 2002, une grave
contradiction entre le nombre de réfugiés
refoulés, estimé à 5 000 par des
historiens genevois, le même chiffre que celui
retenu par Jürgen Graf dans Le Contre-Rapport
Bergier ! (page 18), au lieu des 20 000 avancés
par la Commission Bergier. Seule une
interprétation malveillante de nos propos et de
nos intentions est retenue pour tenter de nous museler.
La liberté d'expression n'a de sens que si elle
permet la critique de l'idéologie dominante. Mais,
entre-temps, la situation a évolué
très rapidement : alors qu'il y a deux ans, les
médias entonnaient d'un seul chur le grand
air de l'autoflagellation collective, le vent tourne
déjà et une certaine critique s'esquisse
à travers quelques personnalités lucides :
le professeur Jean-Christian Lambelet, de
l'Université de Lausanne, révise à
la baisse les chiffres des réfugiés
refoulés ; l'ancien secrétaire d'Etat Franz
Blankart dénonce la faiblesse, voire la
lâcheté du gouvernement suisse ; Angelo
Codevilla, professeur en relations internationales
à l'Université de Boston, publie La Suisse,
la guerre, les fonds en déshérence et la
politique américaine (Ed. Slatkine, 2002,
Genève) où il parle de " coup monté
", de " bluff ", " d'outrance verbale " pour qualifier
les attaques " du lobby qui n'existe pas " ; l'historien
français Jean-Pierre Richardot se fend d'un
plaidoyer émouvant avec Une autre Suisse 1940-1944
(Ed. Labor et Fides, 2002, Genève) en faveur de la
Suisse humanitaire des années de guerre :
l'écrivain français Marc-André
Charguéraud fait de même dans son livre La
Suisse présumée coupable (Ed. L'Age
d'Homme, 2001, Lausanne). Même Claude Torracinta,
l'ancien président de la Licra, admet le chiffre
de 5 000 réfugiés refoulés. De
telles critiques sont, certes, pertinentes, mais aucune
n'ose franchir la zone interdite, celle qui concerne le
sort des réfugiés refoulés. C'est
pourquoi V&J estime nécessaire, n'en
déplaise à certains, d'apporter quelques
précisions, de celles dont aucun des livres
cités n'osent parler
Qui
dirige la Commission Bergier ?
La
Commission Indépendante d'Experts est
dirigée par l'historien Saul Friedl?nder. Ce
spécialiste de la Deuxième guerre mondiale
est né à Prague en 1932. Il quitta ce pays
en 1939 pour venir en France, où il passera la
guerre, dès 1941, dans un monastère
à Montluçon sous la protection de l'Eglise
catholique. En 1948, Friedl?nder acquit la
nationalité israélienne. Il devint ensuite
professeur à l'Institut universitaire des Hautes
Etudes internationales de Genève et à
l'Université hébraïque de
Jérusalem. Auparavant, Saul Friedl?nder sera
secrétaire de Nahum Goldmann, président du
Congrès juif mondial, et responsable de la
propagande de cette officine de chantage et d'extorsion
de fonds. Dans l'introduction à son étude
Hitler et les Etats-Unis, publiée en 1963 chez
Droz, à Genève, Saul Friedl?nder remercie,
page 13, la Fondation Rockefeller pour son " aide
financière extrêmement
généreuse ". Cette fondation,
subventionnée entre autres sponsors par le groupe
pétrolier Exxon, a soutenu et soutient toujours
les campagnes démographiques de " planning
familial " des Nations Unies, qui peuvent
déjà revendiquer une moyenne annuelle de 65
millions de victimes depuis les années septante.
Mieux encore, la Fondation Rockefeller fait partie de
Lucis Trust, une secte luciférienne devenue
organisation non gouvernementale à statut
consultatif auprès du Conseil économique et
social des Nations Unies, avec sièges à New
York, Londres et Genève.
Relevons
que le siège genevois de Lucis Trust se trouve au
1, rue Varembé, à la même adresse que
le Congrès juif mondial
(source : Epiphanius
: Maçonnerie et sectes secrètes, page
450-458, Le Courrier de Rome, Versailles,
1999).
En 1964,
Saul Friedl?nder publia aux éditions du Seuil Pie
XII et le Troisième Reich. Cette étude
prétend dénoncer le " silence " du pape
face à l'" Holocauste ". L'auteur cite, page 213,
une intervention du Grand Rabbin Herzog, lequel voulait,
en septembre 1944, que le pape déclare urbi et
orbi, que " toute personne qui gênerait la
déportation [des Juifs] recevrait la
bénédiction de l'Eglise, tandis que toute
personne qui apporterait son aide aux Allemands serait
maudite. "
Et c'est
parce que le Pape ne s'est pas fait le porte-parole
docile des exigences insensées d'un Grand Rabbin
que s'est échafaudée l'histoire scandaleuse
du " silence " de Pie XII !
Comme "
preuve " de la " solution finale ", Saul Friedl?nder se
fonde sur le Rapport Gerstein, pourtant non retenu par
l'accusation au Procès de Nuremberg. Il
n'hésite pas à dire (page 123 de Pie XII et
le Troisième Reich) : " Quant à la
véracité des dires de Gerstein, aucun
historien ne les met sérieusement en doute. " Et
de citer (page 125) le passage où Gerstein
mentionne la présence de 700 à 800
personnes sur 25 m2, dans 45 m3. Saul Friedl?nder n'a
apparemment pas relevé que 700 à 800
personnes entassées sur 25 m2, cela fait 28
à 32 personnes par m2 dans un local de 1m 80 de
hauteur de plafond !
Autre
preuve retenue par Saul Friedl?nder que la " solution
finale " était connue du Vatican : la
déclaration de Hans Gmelin, dont voici le texte
original, publié par Carlo Mattogno dans Come si
falsifica la storia : Saul Friedl?nder e il " rapporto "
Gerstein, page 20, Parme, Edizioni La Sfinge, 1988) :
" On a
parlé de cette affaire de façon très
approfondie à l'ambassade sur la base de deux
notes du Vatican à Tuka, premier ministre de
l'époque. L'ambassadeur a rendu compte de ces
notes au cours d'une conférence de rapporteurs et
a fait savoir que les notes disaient qu'il n'était
pas exact que les Juifs étaient envoyés
dans le Gouvernement général pour
être employés au travail, mais qu'ils y
étaient exterminés. "
Et voici
comment Saul Friedl?nder reproduit le même passage,
page 103, dans Pie XII et le Troisième Reich
:
" Un
membre de la légation allemande à
Bratislava, Hans Gmelin, a déclaré sous
serment, en juin 1948, que, dans deux notes remises
à Mgr Tuka, président du conseil slovaque,
le nonce apostolique en Slovaquie écrivait en
février 1942 qu'il était inexact de croire
que les juifs étaient envoyés en Pologne
pour y travailler ; en réalité, ils y
étaient exterminés. " (source : affidavit
du 15 juin 1948, NG-5291)
Carlo
Mattogno en tire les déductions suivantes dans une
étude parue sous le titre La soluzione finale.
Problemi e polemiche, Edizioni di Ar, Padova, 1991
(traduction française de Jean Plantin, revue
AKRIBEIA No 1, octobre 1997, 45/3 route de Vourles, 69230
Saint Genis Laval (France), page 147)
" Par
conséquent, non seulement Friedl?nder ne
précise pas que la nouvelle est de
troisième main, mais il invente également
la date et modifie l'expéditeur des deux notes
présumées, lesquelles doivent en tout
état de cause être considérées
comme ayant été inventées par Hans
Gmelin, car il n'en existe pas la moindre trace dans les
Actes et Documents du Saint-Siège relatifs
à la Seconde guerre mondiale. " (source : Libreria
Editrice Vaticana, 1967-1980)
En 1974,
l'historien suisse Daniel Bourgeois publia Le
Troisième Reich et la Suisse (Ed. La
Baconnière, Neuchâtel), un ouvrage
fraîchement accueilli à sa sortie, car un
peu trop iconoclaste au goût d'une époque
encore respectueuse des sacrifices consentis par le
peuple suisse au temps de la Mob : avec le recul, on peut
y trouver une préfiguration des thèses
développées par la Commission Bergier. Or,
à la page XVI du livre de Daniel Bourgeois,
celui-ci exprime sa " très profonde gratitude "
à Saul Friedl?nder pour lui avoir inspiré
le sujet de son livre
et Daniel Bourgeois de se
retrouver, vingt-cinq ans plus tard, dans l'équipe
d'historiens de la Commission Bergier !
Le 3
octobre 1980, Saul Friedl?nder a tenu les propos suivants
dans l'Australian Jewish News : " L'école des
historiens révisionnistes, ceux qui disent que
l'Holocauste n'a jamais existé, que c'est une
invention juive, est plus inquiétante que les
positions politiques des Etats. " (source, Robert
Faurisson : Ecrits révisionnistes, Vol. II, page
545). Saul Friedl?nder montre ainsi qu'il avait
parfaitement compris que le mythe de l'" Holocauste " est
l'arme numéro un de l'arsenal israélien.
L'actualité la plus brûlante nous montre
à quel point les atrocités commises par
Tsahal au détriment du peuple palestinien sont
toujours justifiées, en dernier ressort, par l'"
Holocauste ", sous-entendu " par ce qui arriverait de
nouveau " si les Juifs ne réagissaient pas. Alors
qu'une répression sanglante fait rage en Palestine
occupée, la presse ne parle, le 9 avril dernier,
que de la journée de l'" Holocauste ",
instituée à la mémoire des " six
millions " de victimes juives, et relève que
Berlin s'oppose à toute sanction contre
Israël pour des raisons " historiques " (source : Le
Temps du 9 avril 2002). C'est pourquoi Saul Friedl?nder,
pour combattre " l'inquiétude " que lui inspire
les révélations des historiens
révisionnistes, ne peut pas faire uvre
d'historien impartial, au risque de détruire le
principal mythe fondateur de l'Etat israélien. Se
pose alors la question : quels furent les critères
de choix des membres de la Commission Bergier ?
Dans son
édition des 23-24 mars 2002, la Tribune de
Genève publie les " confessions " du professeur
Jean-François Bergier à l'occasion de la
publication de la synthèse finale du rapport de la
Commission Indépendante d'Experts.
Voici
comment Jean-François Bergier décrit sa
nomination :
" Je
m'étais couché tôt ce soir là
[18 décembre 1996]. Je ne me sentais pas
très bien. Il devait être 10 ou 11 heures
quand le téléphone a sonné.
C'était Berne. Ils m'ont laissé à
peine un quart d'heure pour me décider de
présider la Commission. " (
) " Ce fut une
césure. Tout a changé, y compris ma vie
privée. A aucun moment je ne pouvais
échapper à cela. C'était une prison
mentale. " (
) " J'avais bonne réputation
jusqu'à ma nomination. Mais les critiques et les
pressions des autorités, du Parlement, des partis,
des lobbies étaient énormes. Comme
l'étaient ma responsabilité. " (
) "
Mes angoisses étaient telles que j'ai
été plusieurs fois près
d'abandonner. "
Après
de tels aveux, l'opinion publique est en droit de se
poser la question suivante : qui a désigné
Jean-François Bergier à la tête de la
Commission Indépendante d'Experts ? Le Conseil
fédéral ou le Congrès juif mondial
?
Comment
peut-on alors qualifier " d'indépendante " une
Commission dont le président déclare
qu'elle faisait l'objet d'intenses pressions, et dont le
directeur était à la fois juge et partie,
vu ses liens avec le Congrès juif mondial
?
Nouvelles
révélations sur l'affaire
Gerstein
Selon un
article paru sous la plume d'Yves Lassueur dans le
quotidien Le Matin du 10 mars 2002, la Suisse
était sensée savoir, dès 1942, ce
qu'il en était de la " solution finale "
appliquée aux Juifs. En date du 9 juillet 1955,
dans le cadre du rapport concernant la politique suisse
à l'égard des réfugiés
pendant la Deuxième guerre mondiale, le professeur
Carl Ludwig s'adressait au consul Hochstrasser pour lui
demander des précisions sur ses entretiens avec
Gerstein, ce dernier étant considéré
comme une des sources les plus fiables de la " solution
finale ". A la question capitale de savoir quand avait eu
lieu ces entretiens, Hochstrasser répond dans une
lettre datée du 25 juillet 1955 : " La discussion
avec le SS Gerstein a eu lieu début juin 1944.
Cette date est une certitude, étant donné
que je revenais de Suisse après une longue maladie
durant la deuxième moitié de mai. " Cette
mise au point est importante, car Yves Lassueur se
réfère à l'historiographie
officielle pour dire " qu'en 1944, le camp de Treblinka
était déjà fermé et, à
cette date, le Zyklon B avait remplacé les moteurs
diesel. ". L'argumentation de Lassueur, selon laquelle
les autorités suisses devaient tout savoir de la "
solution finale ", et ceci dès 1942, est ainsi
réduite à néant. Nous reproduisons
ci-dessous les passages les plus significatifs du rapport
Hochstrasser du 25 juillet 1955 concernant la visite de
Kurt Gerstein :
"
Même au procès des criminels de guerre
à Nuremberg, on ne prêta guère de
crédit aux dires de l'Obersturmbannführer SS
Kurt Gerstein concernant l'élimination quotidienne
de 8 000 Juifs et individus de type oriental dans le
Gouvernement général [Pologne].
C'est en juin 1944 (et donc pas en 1942), à
Berlin, que l'Obersturmbannführer SS Kurt Gerstein
m'entretint au sujet de l'extermination planifiée
des Juifs et des populations de l'Est ; nous avions pu
nous rencontrer grâce à une de mes
connaissances, répondant aux sollicitations
pressantes de Gerstein. Celui-ci était
fonctionnaire aux mines, gagna le corps de la SS et eut
à traiter des questions de désinfection.
Tout membre de la SS qu'il fût, les derniers
événements lui parurent trop insoutenables
et révoltants pour garder le silence. Il en fit
rapport à l'attaché de presse
suédois et à moi-même. Gerstein est
allé plusieurs fois dans les camps de
concentration, pour vérifier les mesures de
désinfection. Peu avant l'entretien de juin 1944,
il était allé dans le camp de Berblenka
(Gouvernement général), et lors d'une
réunion à trois, d'une durée de 3
heures (Gerstein, l'homme de liaison et moi), il
était visible qu'il était encore sous le
coup de ces événements. [pour
Berblenka, lire Treblinka]
Son
rapport : installations du camp cachées dans de
beaux massifs boisés ; voies ferrées
spéciales permettant aux trains d'aboutir
directement au camp ; tout le monde dehors ! Formez les
rangs ! Mettez en tas distincts habits, linges,
chaussures, cheveux longs et tresses, bijoux et dentiers
avec dents en or, etc. Puis on allait soi-disant aux
douches, et l'on se préparait à un examen
médical. Ils étaient poussés dans
une salle où, pressés les uns contre les
autres, personne n'aurait pu tomber. La salle
était fermée à clef. Puis on faisait
pénétrer les gaz d'échappement d'un
moteur Diesel ; le processus d'exécution durait 1h
30, car le flux des gaz était irrégulier.
Les scènes d'angoisse et d'effroi, à ce
moment, étaient à peine descriptibles.
Gerstein put, en compagnies de responsables du camp,
etc., assister à ces scènes à
travers un judas. Sa remarque portant sur la raison des
tortures des victimes d'une durée d'une heure
trente aurait pu lui coûté la
tête.(
) Un gros problème consistait en
l'élimination des cadavres : fosses communes,
élimination chimique ou incinération. On
eut recours à ces trois solutions ; à cause
du nombre élevé de corps, on adopta
finalement surtout la façon de faire suivante :
les corps (dont certains, pas encore tout à fait
morts, avaient dû se déplacer quelque peu)
étaient empilés par centaines dans de
grandes fosses (
), arrosés d'essence ou de
carburant et brûlés aussi bien qu'une
combustion pouvait le permettre en de telles
circonstances, afin de gagner de la place pour le lot
suivant. On chargea entre autres un professeur d'une
université allemande d'étudier un
procédé radical d'élimination ; mais
aucune technique assez efficace ne fut trouvée.
(
) De 1946 à 1948, je fus consul à
Francfort-sur-le Main. Ce devait être, je pense, en
automne 1946 que je fus interrogé
téléphoniquement par le Tribunal de guerre
des Alliés à Nuremberg ; il voulait savoir
si j'étais en mesure de me souvenir d'un homme de
la SS, nommé Gerstein, celui-ci ayant
affirmé qu'il m'avait fait part, à
l'époque, de tout son dégoût devant
les mesures d'extermination, afin que j'en
prévinsse les pays étrangers. Donc, en
quelques phrases, je pus confirmer cette demande.
"
Ce
rapport, que le professeur Ludwig mentionne mais sans le
citer, fut écrit plus de dix ans après les
faits. A la question de savoir si Hochstrasser avait, sur
le moment, transmis le témoignage de Gerstein
à Berne, voici ce qu'il écrivit le 3
août 1955 au ministre Zehnder, secrétaire
général du Département politique
fédéral : " Pour autant qu'il s'agît
de communications sérieuses, j'ai mis au courant
l'ambassadeur Fr?licher [son supérieur
à Berlin], lequel pouvait comparer mes
informations avec d'autres. (
) Etant donné
qu'il prit de telles nouvelles avec la plus grande
prudence, je ne sais pas s'il les a transmises à
Berne. "
On sait
que Gerstein était préposé à
l'hygiène des camps et que le Zyklon B
était utilisé pour tuer les poux, vecteurs
du typhus. Des factures d'achats de Zyklon B
établies au nom de Gerstein furent même
produites au procès de Nuremberg. Pourtant,
Gerstein ne parle jamais, ni dans les " Confessions ", ni
à Hochstrasser, de gazage homicide au Zyklon B,
alors que ce procédé, en 1944, était
sensé être utilisé intensivement dans
les camps d'extermination. Dans notre
précédent bulletin, Jürgen Graf a
expliqué pourquoi les gaz d'échappement du
moteur Diesel ne sont pas vraiment appropriés pour
un usage homicide.
Il n'est
pas bien difficile de comprendre que, en 1944, Gerstein
avait été pris pour un affabulateur, voire
un provocateur.
Dans sa
thèse annulée Les " Confessions " de Kurt
Gerstein, Ed. Polémiques, 1986, page 10 (voir
notre précédent bulletin), Henri Roques
relève que Gerstein dit n'avoir jamais
écrit de rapport pendant la guerre, ce qui peut se
comprendre, car il aurait alors pris un risque
considérable. Néanmoins, selon Saul
Friedl?nder (Pie XII et le Troisième Reich, page
123) : " En août 1942, Gerstein, qui venait
d'assister à des opérations d'extermination
par les gaz, essaie de se faire recevoir par le Nonce
Orsenigo ; il est éconduit. C'est alors qu'il
communique un rapport au conseiller juridique de Mgr
Preysing, archevêque de Berlin, en demandant qu'il
soit transmis au Saint-Siège. " Saul Friedl?nder
transforme une hypothèse en affirmation, sachant
très bien que personne ne peut prouver qu'il n'a
pas reçu un document qui n'existe
pas
Henri
Roques : lettre à Henri
Amouroux
Monsieur,
J'ai lu
avec intérêt votre article intitulé "
Le cinéma trahit-il l'histoire ? " (Figaro
Magazine du 23 février 2002)
Vous
posez la question, mais je ne doute pas que votre
réponse soit affirmative. D'ailleurs, on lit, plus
loin, sous votre plume : " L'histoire ne s'écrit
pas avec un film ". Cette dernière phrase est
valable pour bien d'autres réalisation
cinématographiques, notamment " Holocauste ", pur
feuilleton à la mode d'Hollywood et " Shoah " de
Claude Lanzmann pour rester dans le même sujet
traité. J'ai apprécié votre
défense du pape Pie XII et de l'Eglise catholique
tout entière. Je voudrais toutefois appeler votre
attention sur le personnage de Kurt Gerstein.
Vous avez
été, à juste titre,
scandalisé par la transformation de l'affreux
Joanovici en quasi héros de la Résistance
dans un téléfilm récent. Vous avez
eu bien raison de rappeler qu'il fut un affairiste
protégé par la Gestapo qui tenta de se
dédouaner en 1944, grâce à son
immense fortune malhonnêtement acquise. Certes, je
ne compare pas Gerstein à l'étrange
Monsieur Joseph. Gerstein n'était pas vénal
car il jouissait d'une bonne aisance familiale. Son but
était de se rendre intéressant
auprès de ses proches, d'acquérir leur
sympathie et leur complicité par des cadeaux, de
les éblouir par son entregent ; bref, il
était dévoré par l'ambition de jouer
un rôle quel qu'il soit et la défaite de son
pays lui a fourni l'occasion de tenir le rôle que
vous savez. La transformation de ce psychopathe
avéré en " espion de Dieu " qui remplit sa
mission en dénonçant au monde les gazages
au camp de Belzec en août 1942 s'apparente à
un sinistre canular.
Avant de
dire quoi que ce soit sur Gerstein, il me paraît
évident qu'il faut commencer par lire ce qu'il a
écrit dans son " rapport devenu fameux ", selon
vos propres termes. C'est pour cette raison que j'ai
soutenu une thèse de doctorat devant
l'Université de Nantes le 15 juin 1985 ; cette
thèse souleva un tollé
politico-médiatique. Je suis allé
personnellement vous voir, en 1984 ou 1985, pour vous
remettre un exemplaire de ma thèse. J'ignore si
vous l'avez lue. Dans mes conclusions, j'ai relevé
l'appréciation d'un docteur en médecine,
collègue de Gerstein à l'Institut
d'hygiène de la Waffen SS. Ce médecin parle
des " absences d'esprit " et des " réactions
étranges " de ce curieux officier SS, inapte au
service armé, gravement atteint physiquement et
mentalement (sujet à des états
pré-comateux provoqué par le
diabète). Léon Poliakov lui-même, qui
révéla en 1951 dans son Bréviaire de
la haine le témoignage de Gerstein, a écrit
en 1967 : " Les psychiatres auraient bien des choses
à nous dire sur le cas Gerstein ". Je ne ferais
pas état des invraisemblances ahurissantes que
j'ai mises en évidence dans mon étude. Si
vous retrouvez ma thèse, vous pourrez en prendre
connaissance. Je souhaite seulement vous dire que vous
avez vous-même été abusé en
écrivant qu'il a eu " pour tâche d'aller
assister à Belzec (et non Belzen) et à
Treblinka, deux camps de concentration aux essais sur les
déportés de gaz Zyklon B. " Dans aucune des
six versions de ses " Confessions ", Gerstein ne parle de
Zyklon B. C'est un produit qu'il connaissait bien
puisqu'il était chargé d'en approvisionner
les camps aux fins de désinfection. Il nous
raconte une histoire extravagante d'acide cyanhydrique
contenu dans 45 bouteilles d'acier. Ce produit liquide ou
gazeux ne pouvait donc être du Zyklon B, produit
solide en boîtes métalliques. Gerstein
prétend avoir dissimulé ces bouteilles
avant d'arriver au camp de Belzec, avec l'aide du
chauffeur qu'il ne connaissait pas, mais qu'il
soupçonnait d'appartenir au service secret de la
SS (sic).
Gerstein
nous relate ensuite un soi-disant gazage par
échappement d'un moteur Diesel. Nous sommes
très loin, comme vous le voyez, d'essais de gaz
Zyklon B. Rien de ce que raconte Gerstein ne tient debout
; il parle indifféremment d'acide cyanhydrique et
de cyanure de potassium comme s'il s'agissait du
même produit. Or, il y a autant de
différence entre l'un et l'autre qu'entre l'acide
chlorhydrique et le chlorure de sodium (sel de
cuisine).
Quant au
comportement de Gerstein, il est très trouble.
J'ai rencontré sa veuve en 1983. Elle-même,
pourtant très attentive à défendre
son mari, m'a dit qu'il disposait d'un budget pour faire
des achats nécessaires à la
désinfection et qu'il l'utilisait pour acheter des
denrées rares pendant la guerre. Pierre Joffroy,
grand hagiographe de Gerstein, fait une remarque analogue
dans son livre (L'espion de Dieu, Ed. Seghers, 1992, page
186). On lit que, selon sa femme, la vraie raison de la
détresse, de la panique de son mari en 1942
à Berlin, pouvait bien être la
vérification des comptes de l'Institut
d'hygiène en fin d'année.
Je me
suis entretenu avec un Alsacien qui a eu Gerstein pour
chef à l'Institut de Berlin. Ce garçon,
alors âgé de 17-18 ans, fut envoyé
deux fois en mission très spéciale à
Paris : il fut chargé de faire des achats d'huile
de table ( !) dans un quartier juif de Paris. Enfin, j'ai
découvert sur le site Internet de l'Encyclop?dia
Universalis une bien curieuse information. Comment un
tableau de Matisse est-il parvenu au domicile de Gerstein
? Pudiquement, on se contente de parler de "
circonstances inconnues ".
L'image
idéalisée de Gerstein " Espion de Dieu " en
mission " dans les coulisses du foyer du mal " s'en
trouve sérieusement ternie et même remise
complètement en cause. Donner une dimension
historique à ce déséquilibré
de haut vol, c'est abuser de la naïveté
humaine. Le rôle de l'historien est de limiter les
dégâts, de s'attaquer aux idées
fausses et de s'approcher le plus possible de la
vérité.
Pie XII
n'a jamais reçu de rapport Gerstein. D'ailleurs,
s'il l'avait eu entre les mains un texte aussi
invraisemblable, sorti d'une cervelle malade, il n'en
aurait pas tenu compte. Dénoncer le
caractère aberrant du témoignage de
Gerstein, c'est le meilleur moyen de défendre Pie
XII et l'Eglise catholique, attaqués l'un et
l'autre par un film scandaleux.
J'ai de
l'estime pour votre honnêteté intellectuelle
d'historien.
C'est
pourquoi j'apprécierais une réponse de
votre part, et vous prie de croire, Monsieur à
toute ma considération.
le 18 mars 2002
Signé
:
Henri Roques,
Annexe
: La clé du mystère Gerstein se trouve
peut-être sur le site Internet
http://www.universalis.fr consacré aux spoliations
d'uvres d'art par les nazis (page 7) : " Henri
Matisse - Paysage, le mur rose. On perd la trace de ce "
Mur rose de l'hôpital de Calvi ", peint par Matisse
en 1897. (
) Il est retrouvé, en juillet
1947, à Tübingen, dans la cache d'un officier
SS, Kurt Gerstein (
) ".
V&J
vue de Hongrie
Les
tribulations politico-judiciaires de V&J ont
suscité les commentaires suivants à l'un de
nos correspondants :
Messieurs,
Je vous
écris de Szeged, ville de la Hongrie
millénaire, pour vous dire ma stupeur quand j'ai
appris la décision du tribunal civil de la Veveyse
de dissoudre votre Association. Stupéfaction qui
s'est transformée en courroux quand j'ai
découvert le motif invoqué par les juges
qui accusent V&J d'être révisionniste !
Sachez qu'en Hongrie le vote d'une loi
antirévisionniste est rejeté depuis des
années par les députés, ainsi que
par la ministre de la Justice Violette David. Et pour
cause, pareille loi correspondrait pour les citoyens
hongrois à un suicide collectif, au moment
où le premier ministre roumain accuse le pays de
révisionnisme, et où les autorités
de l'ancienne Tchécoslovaquie menacent d'appliquer
un décret discriminatoire du franc-maçon
Benès visant des centaines de milliers de Magyars
de Slovaquie ! Ajoutez à cela que le nom de votre
Association est intraduisible en magyar, car igazs?g
signifie à la fois vérité et justice
! Mais il est vrai qu'en Suisse, comme en France,
vérité et justice sont des notions
distinctes, la justice pouvant être rendue au
détriment de la vérité. Chose
incompréhensible pour le peuple magyar, qui a peut
être tort de croire qu'il n'y a pas de justice sans
vérité, et vice-versa. J'espère
toutefois que vous relèverez l'affront qui vous
est fait, ne serait-ce que par voie
procédurière. Enfin, peut-être que ce
coup du sort vous aurait été
évité si la substance d'Attila roi des
Huns, tragédie que Corneille acheva
d'écrire en novembre 1666, avait été
mieux entendue en temps et heure.
Je vous
salue avec tout le respect que peut porter à votre
action un observateur extérieur.
Signé
:
Attila Mag?g
Nouveau
!
Vérité
et Justice est sur Internet :
http://abbc.net/suisse