Nous avons parlé à de très nombreuses reprises de
l'association "Liberté pour l'histoire" qui a eu pour
origine une pétition d'"historiens" publiée dans le
"Libération" du 13 décembre 2005 et visant à "l'abrogation
des articles de loi contraignant la recherche et
l'enseignement" de l'histoire;
on y lisait notamment:
"C'est en violation de ces principes
que des articles de lois successives
notamment lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001,
du 21 mai 2001, du
23 février 2005 ont restreint la liberté de
l'historien, lui ont dit, sous
peine de sanctions, ce qu'il doit chercher et ce qu'il
doit trouver, lui ont
prescrit des méthodes et posé des limites. Nous
demandons l'abrogation de
ces dispositions législatives indignes d'un régime
démocratique. "
Cependant, d'année en année ces historiens se montraient
de moins en moins résolus à réclamer l'abrogation de la
loi Fabius-Gayssot. Aujourd'hui, ils "jettent le masque",
nous apprend le professeur Faurisson dans le communiqué
qui suit:
L'association "Liberté pour
l'histoire"
Jette le
masque
Créée par feu René
Rémond et présidée par Pierre Nora et
Françoise Chandernagor, l'association "Liberté
pour l'histoire" (23-25, rue Jean-Jacques
Rousseau, 75001 Paris), qui affirme lutter
contre la prolifération des lois mémorielles,
a tenu une réunion, le samedi 31 mai 2008,
dans l'amphithéâtre Turgot de la Sorbonne.
Pressée par une intervenante de s'exprimer
enfin clairement sur le compte de la
première loi mémorielle, c'est-à-dire la "loi
Gayssot" ou "loi Fabius-Gayssot" prise, le
13 juillet 1990, contre les révisionnistes,
l'association a, enfin, jeté le masque. Elle
reconnaît qu'elle est en faveur du maintien
et de l'application de cette loi.
Le cas de Vincent Reynouard a été évoqué par
l'intervenante; l'association ne voit aucun
inconvénient à ce que ce père de sept
enfants soit, pour cause de révisionnisme,
jeté en prison pour une durée d'un an et
accablé de peines financières. P. Nora a
sentencieusement déclaré: "La loi n'a jamais
servi à condamner des historiens mais des
prétendus historiens".
Nous reviendrons prochainement sur les
détails de cette affaire où Jean-Pierre
Azéma et Henry Rousso se sont distingués par
leur intransigeance cependant que d'autres,
tout en prônant le recours à la "loi Gayssot",
ont parfois essayé de sauver la face mais
non sans beaucoup de confusion.
Robert Faurisson
(L'intégralité des propos
tenus publiquement durant la réunion a été
enregistrée.) |
Rappelons que dans "Le Monde" du 17/12/05, dans un
article intitulé "L'Enfer des bonnes intentions", Mme
Chandernagor écrivait:
"Plutôt que de déroger, pour un si piètre
résultat, aux grands principes de notre droit
républicain, n'aurait-il pas mieux valu LAISSER LES
HISTORIENS REPONDRE AUX NEGATIONNISTES [souligné par
nous], puisqu'aucun historien sérieux ne remet en cause
les faits établis par le tribunal de Nuremberg?"; lors
de l'Assemblée générale de l'association du 30/09/06 (voy.
n/message du 11/10/06 intitulé "L'association 'Liberté
pour l'histoire' part battue") elle avait clairement
fait savoir que la loi Gayssot lui paraissait "la plus
liberticide"...
Voici la liste, non exhaustive, des personnalités qui
se sont prononcées contre la loi Gayssot:
Maurice Allais, Henri Amouroux , Alain Besançon, Raoul
Béteille, Guy Carcassonne, Jacques Caritey, Hélène
Carrère d'Encausse, André Decoq, Chantal Delsol, Olivier
Duhamel, Emmanuelle Duverger, Dominique Jamet, Jacques
Julliard, Jean-François Kahn, Annie Kriegel, Anne-Marie
Le Pourhiet, François Lefort, Alain Marsaud, Robert
Ménard, Philippe Muray, Jacques Myard, Philippe Nemo,
Louis Pauwels, Michel Rachline, Madeleine Rebérioux,
Marcel Renoulet, Paul Ricoeur, Alain Robbe-Grillet,
Jacques Robichez, Alain Rollat, Albert du Roy, Jacques
Soustelle, François Terré, Delfeil de Ton, Michel
Tournier, Simone Veil, Vladimir Volkoff, Jacques
Willequet
Compte rendu de la réunion de
L’association Liberté
pour l’Histoire
du 31 mai
2008
(d’après
l’enregistrement de la séance)
Voici,
ci-dessous, le compte rendu de la réunion qu’a tenue "Liberté
pour l'histoire" le samedi 31 mai 2008 à l'amphithéâtre
Turgot de la Sorbonne.
On y verra la confirmation de ce que - pour Pierre Nora,
Françoise Chandernagor, Jean-Pierre Azéma, Henry Rousso
et d'autres - il convient de conserver la loi Fabius
Gayssot, quitte pour Azéma à “toiletter” celle-ci.
Ces bons apôtres sont en faveur de la répression
judiciaire du révisionnisme.
Nous leur suggérerons de méditer la pensée suivante :
“Si l’on a la preuve, on n’a pas besoin du bâton ; si
l’on use du bâton, c’est qu’on n’a pas la preuve .”
Recourir contre les révisionnistes au bâton judiciaire,
c’est avouer son impuissance à répondre à leurs
arguments par des arguments. |
Compte rendu
de la réunion de l’Association
Liberté pour l’Histoire,
du 31 mai 2008
(d’après
l’enregistrement de la séance)
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La réunion de
Liberté pour l’Histoire (LPH) se tient dans l’amphithéâtre Turgot
de la Sorbonne. Le public commence à entrer vers
10h05. Sur l’estrade prennent place le président Pierre Nora,
la vice-présidente Françoise Chandernagor et Christian
Delporte, le trésorier de l’association. Il y a environ 25
personnes. Nora demande à l’assistance clairsemée de se
regrouper vers l’estrade.
Nora prend la parole
« après le quart d’heure académique ». Il dit que la réunion aura
pour but de « faire l’état des choses sur le plan des lois dites
mémorielles à l’Assemblée » et de parler de la « décision-cadre de
Bruxelles d’avril 2007 », qui conduit l’association à des actions
sur une plus vaste échelle.
Nora déclare avoir
été reçu par Bernard Accoyer, président de l’Assemblée
nationale. Ce dernier, « convaincu de la justesse de notre cause et
de son intérêt », a nommé, au sujet des lois mémorielles, une « petite
mission d’information » de 25 députés de toutes tendances politiques,
chargée de rédiger un rapport que le président de l’Assemblée
nationale remettra lui-même au président de la République en
septembre prochain. Dans ce cadre, un certain nombre de
personnalités ont été et seront auditionnées, comme Marc Ferro,
Alain Finkielkraut ou Denis Tillinac.
Nora note que
certains « députés n’y comprennent rien, visiblement ». Il a évoqué
devant eux les effets négatifs de la loi Gayssot qui a entraîné les
autres lois mémorielles. Un député lui a répondu que ces lois
n’interdisaient rien. Un autre lui a dit que Pétré-Grenouilleau
avait finalement bénéficié de ces lois, en terme de réputation.
Selon lui, on s’orientait à l’Assemblée nationale vers le vote de
résolutions « pour remplacer ces lois mémorielles », mais il
apparaît que cela a été écarté, car c’est « inscrit dans les projets
constitutionnels ».
Nora dit que LPH
(l’association
Liberté pour l’Histoire)
est allée rencontrer
« pas mal de politiques », auprès de la présidence de la République,
du cabinet de Rachida Dati, etc., pour faire du « lobbying ».
Cela a eu « un effet », mais la « décision-cadre » (NDA :
Nora ne précise pas de quoi il s’agit exactement) a été votée
(« elle est maintenant sur le site de LPH ») et a « alarmé »
les « partenaires », des historiens américains et européens. Des
contacts ont été pris avec des historiens de Rome, d’Angleterre (un
professeur de Cambridge), d’Allemagne, d’Égypte, notamment.
Nora propose qu’à l’occasion
des « Rendez-vous de Blois », Jean-Noël Jeanneney, qui en est
l’organisateur (il est au conseil d’administration de LPH), a eu
l’initiative de ménager à LPH une matinée le 11 octobre prochain. Il
s’agira d’une « table ronde internationale », en présence
d’historiens français et étrangers, qui aura pour objectif de lancer
un « appel international » (qui pourrait s’intituler « appel de
Blois »).
Nora se demande
comment coordonner une action européenne (faut-il une association
unique ou non ?). Il ajoute qu’il faudra faire de la publicité pour
cette réunion de Blois « auprès des journalistes en particulier ».
Il existe une possibilité de faire une déclaration dans un livre, où
« nous reprendrions certains des textes que nous avons publiés »,
quitte à en récrire certains.
Nora passe la parole
à Delporte, qui fait un compte rendu financier « en deux minutes ».
Le compte bancaire de l’association est à la BRED, sur un compte qui
affiche un solde positif de 7634, 58 euros. Il n’y a pas de quitus à
voter ce jour puisqu’il ne s’agit pas d’une véritable assemblée
générale.
Françoise
Chandernagor prend la parole. Elle commence par parler de
Pétré-Grenouilleau, « notre ami », se réjouissant que l’association
qui l’a poursuivi vienne d’être condamnée par le Tribunal d’instance
de Paris pour plainte abusive. Elle espère que cela va faire
réfléchir.
Elle poursuit en
parlant du « problème de la réforme constitutionnelle ». Si le
Parlement vote des lois mémorielles en France, c’est parce qu’il ne
peut pas voter de simples textes déclaratifs, dit-elle. « Avant-hier
soir », il y a eu le rejet « d’un amendement » par l’Assemblée
nationale (NDA : elle ne précise pas lequel ; d’ailleurs,
tout ce qu’elle dira sera confus). Elle dit que le problème des
lois mémorielles a été expressément posé, mais elle trouve que
l’argument des adversaires de LPH est « assez fondé » : à partir du
moment où il y a des lois défendant la mémoire de certaines
communautés, on s’engage en effet dans la voie de la législation
pour les autres. La question des lois mémorielles a finalement été
évacuée du projet de réforme.
Elle évoque (NDA :
passage embrouillé ; elle parle comme si elle avait un train à
prendre) la « décision-cadre européenne », qui pénalise aussi la
« banalisation, terme flou », et rendrait automatiques les sanctions
pénales dès lors qu’un « Parlement quelconque » aurait décrété
l’existence de tel ou tel crime contre l’humanité. Malgré des
tentatives, il n’a pas été possible d’y apporter des amendements.
Mais elle a trouvé dans cette décision-cadre, un passage (« paragraphe
2 de l’article 1 ») qui prévoit aussi que les États-membres peuvent,
par une déclaration, limiter ce texte (NDA :
à nouveau, le discours est peu clair pour les non juristes),
mais cela jouerait seulement pour les historiens « de l’avenir »,
une bonne chose d’après elle. Selon elle, c’est un « garde-fou » qui
« limite la casse ». Elle espère qu’ils ne changeront pas d’avis.
Elle dit que pour l’instant la déclaration française est faite, et
en attente. L’intérêt serait dans le futur de ne pas être incité par
l’Europe à légiférer sur les crimes contre l’humanité. Il faudrait
aller en discuter à Bruxelles, mais c’est « trop lourd » pour
l’association.
Pour étendre l’action
de LPH, elle ajoute qu’il faudrait faire adhérer des historiens
étrangers, mais cela n’aurait pas l’allure d’une association
internationale. Chandernagor dit qu’il faut étendre « nos activités
au niveau européen ». Les historiens belges se sentent très
concernés, précise-t-elle.
En se prévalant de
l’autorité de Saint-Simon, elle dit qu’il s’agit pour l’association
de « cheminer par souterrains ». En effet, « nous ne pesons rien
face aux Arméniens ». L’inconvénient de cette méthode, c’est que LPH
reste « dans l’ombre » en agissant ainsi. Elle dit : « Je ne
souhaite pas publier sur le net, car c’est à double tranchant et
je crains que nous ne fassions pas le poids ». Elle donne pour
exemple le « lobby arménien », qui a « quasiment assiégé le Sénat ».
Elle dit qu’elle ne peut pas assumer les « menaces de mort ». Elle
reconnaît qu’elle a ses « réseaux au Conseil d’État » et qu’elle
peut agir de cette façon.
Nora reprend la
parole. Il dit que certains historiens qui avaient hésité à adhérer
à l’association « à cause de la loi Gayssot » ont finalement accepté
de venir. Il cite Henry Rousso, présent dans l’assistance, « qui
nous a rejoint et j’en suis heureux », ouvrant ainsi la partie
questions-réponses de la réunion. Nora demande à Rousso s’il sent
une « évolution » de l’association sur la loi Gayssot.
Rousso prend la
parole et dit « qu’il y a des priorités ». Sa réserve tenait dans
l’opportunité de supprimer ces lois. La suppression de la loi
Gayssot aurait des conséquences politiques « et de toute façon,
c’est impossible politiquement ». Il désire que l’association ne
soit plus simplement un organe « de défense » mais devienne une
association promouvant « la réflexion », par exemple sur le
négationnisme.
Vers 11h, une jeune
femme, qui se présente - ainsi que le lui demande Nora -, comme « attachée
de presse et non historienne », demande la parole et lit une
question portant sur la loi Gayssot (NDA :
retranscription intégrale d’après l’enregistrement) :
« Puis-je, s’il vous plaît, vous lire ma question écrite ?
Je
me suis inscrite à l’Association Liberté pour l’Histoire au mois
d’octobre 2007.
Il
me semblait que cette association s’élevait contre toutes les lois
mémorielles, à commencer par la première d’entre elles, c’est-à-dire
la loi dite Gayssot du 13 juillet 1990.
Cette loi est en effet la matrice et le modèle de toutes les lois
mémorielles qui ont suivi.
Elle permet, comme vous le savez, de condamner à un an de prison et
à 45 000 euros d’amende toute personne qui conteste ce que notamment
le Tribunal militaire de Nuremberg a conclu en 1946 sur les “crimes
contre l’humanité”.
Or
beaucoup de gens se sont émus qu’en 1990 des hommes politiques aient
décrété non critiquable ce qu’un tel tribunal militaire a décidé, il
y a aujourd’hui plus de soixante ans, sur un point d’histoire.
Aujourd’hui, certains trouvent même choquant qu’on puisse toujours
et encore entraver et réprimer l'expression non seulement de nos
magistrats actuels, astreints à faire application de cette loi, mais
aussi des experts, des historiens et du public.
Quand je me suis inscrite, tout me donnait à penser que le président
et la vice-présidente de notre association étaient pour l’abrogation
de la loi Gayssot, comme ils le sont pour toutes les autres lois
mémorielles.
Or, en lisant le compte rendu de l’assemblée du 6 octobre 2007, j’ai
eu la surprise de constater que tous deux, loin de condamner cette
loi, en prenaient la défense !
En
effet, voici ce que je lis dans le compte rendu de M. Grégoire
Kauffmann :
Monsieur Pierre Nora, président : L’opinion a évolué ; elle a
compris qu’il était impossible de revenir sur la loi Gayssot. Sur
cette question, gardons-nous d’adopter une attitude défensive ; nous
devons être offensifs sur le plan intellectuel. Liberté pour
l’histoire doit devenir un laboratoire de réflexion. Il importe de
convaincre individuellement les historiens gênés par la loi Gayssot.
Madame Françoise Chandernagor, vice-présidente : Elle revient
sur la question de la loi Gayssot, impossible à abroger car elle
s’inscrit aujourd’hui pleinement dans la législation européenne,
d’où la nécessité de sortir le débat sur les lois mémorielles du
cadre franco-français.
Depuis le 6 octobre 2007, une série de personnes ont été condamnées
ou bien sont en cours de jugement sur le fondement de la loi
Gayssot. Par exemple le tribunal correctionnel de Saverne vient
récemment de requérir une peine d’un an de prison ferme contre un
dénommé Vincent Reynouard. Or notre association n’a pas élevé la
moindre protestation contre cette condamnation.
Puis-je donc savoir quelle est exactement aujourd’hui la position de
notre Association sur la loi Gayssot ?
En
clair : ÊTES-VOUS POUR OU CONTRE SON ABROGATION ?»
Chandernagor lui
répond que la loi Gayssot est « différente des autres lois
mémorielles ». Elle s’est appuyée « au moins » sur un « jugement
international », « même si vous, vous pouvez juger qu’il est mal
fait », ce qui est mieux que sur une décision d’un Parlement
national. D’autre part, le jugement de ce tribunal était
« contemporain des faits », donc sans les anachronismes propres aux
autres lois mémorielles actuelles. C’est, selon elle, « très
différent de l’action d’un Parlement, soumis à un moment donné à des
considérations électoralistes ». « Il est vrai que nous avons poussé
à mettre en cause la loi Gayssot », dit-elle, « même Élisabeth
Badinter », car cette loi a ouvert la porte aux autres lois et aux
« revendications communautaristes », dit-elle, ajoutant : « Il
aurait mieux valu que cette loi ne soit pas votée. (…) Contre
l’antisémitisme, il y a d’autres lois. On pouvait en faire
l’économie. Mais maintenant qu’on l’a, on peut vivre avec, car elle
est d’une nature complètement différente de ce qui se passe
depuis ».
Nora prolonge la
réponse de Chandernagor. « Notre attitude (…) n’était pas le contenu
de cette loi, mais le principe même. » Il fallait l’inclure sinon
l’association aurait été critiquée, car « nous aurions fait une
exception ». Il précise que « la loi n’a jamais servi à condamner
des historiens », mais seulement de « prétendus historiens ». « Il y
a un effet pervers, inévitable ». Il convient que c’est « ambigu ».
Il dit : « Nous sommes parfaitement conscients que le Parlement ne
la remettra pas en cause (…). Nous voulons juste qu’il limite les
futures autres lois » de ce type. « Nous avons poussé un cri
d’alarme », dit-il. Il insiste : « Aucune de ces lois ne sera
abrogée. » Il dit que l’un des « soucis que nous avons à LPH, c’est
que ce ne soit pas l’instrument dans lequel les lepeniens de toute
nature s’engouffrent ».
Chandernagor ajoute
que la loi Gayssot a été « beaucoup mieux préparée juridiquement »
que les autres et présente beaucoup moins de risques pour les
historiens (NDA : Chandernagor n’est pas elle-même
historienne). D’ailleurs, pour la loi Taubira, la catégorie des
descendants d’esclaves est reproductible à l’infini, alors que les
résistants sont connus et ont leur « carte ». La loi Gayssot est
« mieux faite » que les autres lois, « sans commune mesure ». Mais
maintenant les Vendéens veulent aussi leur loi et certains groupes
veulent faire des lois qui condamnent les Croisades.
Jean-Jacques Becker
dit que l’association a été lancée « essentiellement » pour soutenir
Pétré-Grenouilleau. « Maintenant cette affaire est réglée ». À
partir de son cas, on s’en est pris aux autres lois mémorielles.
« L’objectif n’était pas le détail de ces lois, mais le principe ».
Mais « nous ne nous sommes jamais fait d’illusion sur le fait que
nous puissions obtenir l’abrogation de ces lois (…) Nous voulions
juste dire : ça suffit ! ». L’association doit maintenant permettre
« aux historiens de travailler dans leur métier ». LPH doit donc
devenir « un organisme de réflexion ». Il évoque la question des
archives (NDA : il ne donne pas de détail sur ce point),
sur laquelle embraye Nora, qui évoque aussi le problème des heures
d’histoire à l’école.
Jean-Pierre Azéma dit
que l’association a « des moyens » si elle s’en donne la peine (AFP,
presse, etc.). Il dit : « Nous n’avons jamais demandé l’abrogation
des lois mémorielles (NDA : il a pourtant signé la
pétition des 19 historiens qui demandent l’abrogation de ces lois, y
compris la loi Gayssot), mais seulement une « relecture ».
« Mais nos adversaires ont utilisé une phrase malencontreuse de René
Rémond », l’ancien président, qui a « écrit un jour » que « nous
demandions l’abrogation », ce qui est « faux ». « Nous ne sommes pas
des abrogationnistes ! Nous sommes des toiletteurs ! »,
insiste-t-il.
Jean-Pierre Le Goff,
sociologue, déclare qu’il « serait pour son abrogation » (de la loi
Gayssot) mais regrette que « nous ayons affaire à un
rouleau-compresseur de la bien-pensance, notamment en histoire. » Il
est d’accord pour « aller à l’essentiel » (NDA : qu’il ne
précise pas) par la méthode de Chandernagor : le souterrain. Il
s’inquiète des idées qui s’imprègnent dans la société, en
particulier les « nouvelles générations », notamment par le biais
des films et de la bande dessinée. « Les querelles sur la loi
Gayssot sont importantes (…) mais il faut aller à l’essentiel : les
lois mémorielles. » Il dit aussi qu’il faut répliquer par voie de
presse, car il y de nombreux « journalistes militants ».
Nora précise que « le
combat que mène LPH se détache d’un contexte général, qui le porte
et le contrecarre à la fois ». Il s’agit surtout de maintenir
« l’esprit critique et la distance historienne », mais le « climat
général met fatalement les historiens en pointe dans un combat qui
les dépasse de beaucoup ». Il revient sur la question des archives,
qu’on ne peut réduire au patrimoine.
Venstein (NDA :
Gilles Venstein ?) évoque longuement l’internationalisation
de l’action de l’association, et les problèmes que cela peut poser :
ne pas dissoudre le débat proprement national.
Dominique Barthélémy
se déclare solidaire des propos entendus. « Notre mode d’action très
pragmatique est le bon ». Il dit avoir bien compris que « nous ne
demandons pas l’abrogation de la loi Gayssot ». Il demande des
précisions sur les groupes qui veulent légiférer sur les Croisades.
Nora lui répond qu’il va se renseigner (il dit que ces groupes
« joueraient bien » car nous sommes là au cœur du « péché originel »
de la France) et ajoute sur la loi Gayssot : « Nous demandons son
abrogation sans y croire ! Sans la souhaiter ! » (NDA :
ceci a été noté, mais on ne l’entend pas clairement sur la bande).
Une dame, professeur
dans le secondaire, évoque la question de la Turquie en demandant si
un vote du Parlement européen pourrait obliger la France à propos de
la question arménienne, à quoi Chandernagor répond que non, car
ledit parlement n’a pas de pouvoir législatif et ne peut prendre que
des résolutions.
Une dame, retraitée
et faisant du soutien scolaire en banlieue « où il y a quand même
beaucoup d’immigrés », pense qu’il n’y a pas « suffisamment
d’interventions sur le plan public » de l’association. Elle est
choquée que certains prétendent qu’on ne parle pas de la traite
négrière. Elle est scandalisée par un livre intitulé La Traite
voilée (Gallimard), sur la traite arabe, qu’elle a acheté à
l’Institut du monde arabe. Est alors évoqué le « vrai problème » de
la collection « Continent noir » chez Gallimard. Nora se sent
concerné par cette question, puisqu’il est chez Gallimard. Il dit
que M. Gallimard lui-même est « conscient » de ce problème. Nora dit
que réserver une collection aux auteurs noirs revient à faire de la
discrimination et à les ghettoïser.
Une professeur
d’histoire en lycée demande des précisions sur la décision-cadre,
sur laquelle on ne sait pas grand-chose, et demande ce que veut dire
« banalisation ». Chandernagor lui répond qu’elle ne sait pas et
semble critiquer l’emploi de ce terme.
Nora parle d’un
récent article de protestation paru dans Le Monde, qui s’en
prend avec véhémence à la réduction des heures d’histoire dans le
primaire. Il se demande s’il doit agir en son nom ou au nom de
l’association pour se solidariser avec l’auteur de cet article.
Chandernagor lui dit qu’il peut très bien prendre ce genre de
position. On apprend à cette occasion que « 700 personnes ont signé
» pour LPH.
Henry Rousso dit
qu’il sent, au sein de LPH, une « hésitation entre une action
précise » au niveau du Parlement et la réflexion. La « question du
négationnisme » lui paraît « essentielle » et il faut « prendre
position » dessus. Il dit que « l’opinion est versatile » et trouve
que LPH a su trouver un public, ce qui est « assez étonnant ». Il
évoque un « besoin de vérité et de non bien-pensance dans
l’opinion ». Il déclare à ce propos : « Il y a un dedans et un
dehors dans notre métier » sur ce sujet, sans préciser ce qu’il veut
dire. S’ensuit une discussion confuse sur l’objectif de
l’association : faut-il parler des heures d’histoire en classe ?
Nora clôt la réunion
à midi passé. |